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— Bon ! pensa-t-il soudain, si les choses se passent ainsi, je sais bien ce que je ferai, ce qu’il faudra absolument que je fasse… trouver un moyen, entre Le Havre et le Nez d’Antifer, de faire disparaître ce débouchoir, qui d’ailleurs ne doit en rien ressembler à mon dessin… Quel que soit l’intérêt de mon enquête, je ne peux pas évidemment risquer de livrer à l’e

— Et maintenant, j’imagine, caporal, que vous êtes parfaitement renseigné et que vous comprenez l’inconvénient qu’il y aurait pour vous, plus encore que pour moi, puisque vous êtes militaire, puisque vous êtes en tenue, à ce que l’on ouvrît ce paquet…

— La situation se complique bizarrement, se dit Fandor. Ce maudit curé me tient dans ses filets, sans que je ne puisse rien pour me défendre… bon gré, mal gré, il faut en effet que je le suive… En civil, j’aurais le droit d’aller au premier bureau militaire a

Il lui semblait bizarre, de plus en plus, que ce fût à lui, lui, caporal Vinson de Verdun – il en revenait toujours à cette idée – que l’on s’adressât pour une semblable mission. Assurément, les espions possédaient mille autres agents susceptibles de se tirer avec ho

Jérôme Fandor sentit un frisson de terreur lui courir au long de l’échine.

— Nom de Dieu, songea-t-il, si jamais cet individu-là me bernait ?… si hier, aujourd’hui, n’importe quand, je m’étais trahi ? si ces gens s’étaient aperçu de ma véritable identité ? si, sachant que je ne suis pas Vinson et… et… que je suis Fandor ils avaient inventé cette ruse abominable… me faire mettre en tenue, jeter dans une voiture un mécanisme d’artillerie dont la présence soit compromettante et s’en aller me livrer à Rouen, ou ailleurs, à l’autorité militaire ?…

— Monsieur l’abbé, demanda-t-il, comme la voiture traversait un village et que le prêtre ouvrait les yeux, je suis mort de froid, verriez-vous un inconvénient à ce que nous nous arrêtions une minute pour prendre un verre de rhum ? cela nous réchaufferait…

L’abbé s’était renfoncé sur la banquette de la voiture ;

il sommeillait à nouveau.

Fandor regarda son compagnon de route à la dérobée…

À bien la considérer, soudainement, la figure du prêtre lui paraissait étrange… les sourcils étaient trop réguliers, peints, sans doute ?… et puis, comme il avait la peau fine !… pas la moindre trace de barbe !…

Fandor continuait son examen…

Du dessous de la soutane sortait la chaussure du prêtre, chaussure classique pour un abbé, soulier à boucle d’argent… mais comme la cheville paraissait fine !…

Qu’allait-il imaginer encore ? Vraiment, il devenait trop craintif, il s’effarait des moindres détails…

Silencieusement, le prêtre faisait signe au mécanicien d’arrêter à la porte d’un cabaret de petite importance.

— Portez un cognac au mécanicien, commandait à la patro

— Une anisette, songeait Fandor en remontant dans l’automobile, c’est de la liqueur pour prêtre, pour adolescent… pour femme !… Ah ! zut de zut, je ne me sens pas du tout tranquille… je voudrais bien m’en aller…

Le prêtre interrompit les réflexions de Fandor :

— Dans une heure, disait-il, nous serons à Rouen ; nous traverserons la ville, mais nous nous arrêterons quelques kilomètres plus loin, à Barentin. J’y co

Fandor ne répondait point, mais il pensait :

— Va pour Barentin !… Mais si j’ai le moindre indice que ce bonhomme-là veut me lâcher, veut me quitter une seconde, s’il a l’air de songer à prévenir l’autorité, je co

20 – HOMME OU FEMME ?

Les kilomètres succédaient aux kilomètres.

Le prêtre s’était enfoncé dans les coussins de la banquette et fermait à demi les yeux. Fandor, à son tour, se sentait pris d’une étrange somnolence…

— Ce qu’il y a d’e





On approchait cependant.

Après une descente rapide, la route s’était infléchie sur la droite ; elle serpentait maintenant à flanc de coteau, bordée sur un côté par la Seine, sur l’autre par des falaises taillées à pic que dominait au lointain le sanctuaire roue

— C’est Rouen ? interrogeait Fandor.

— Nous y serons dans six kilomètres, répondait le prêtre…

— Nous n’arrêterons pas ? questio

— Si, je suppose que nous allons avoir besoin de nous ravitailler et, de plus, j’ai une commission à faire au patron de l’un des garages de la ville.

— Attention ! se dit Fandor, les commissions que peut faire cet abbé sont sûrement intéressantes. Gare à la manœuvre…

Le jeune homme co

— Si nous ne dévions pas de notre chemin, se disait Fandor, si nous faisons halte à l’un des garages qui se trouvent le long des quais, tout ira bien… en cas d’alerte, j’imagine qu’au bout de cent mètres de course, je rencontrerai certainement un de ces tramways électriques qui pullulent à Rouen… je sauterai à bord… c’est bien le diable s’il ose me courir après et me rattraper…

Or, tandis que le jeune homme méditait la façon dont, le cas échéant, il échapperait à son mystérieux compagnon de route, la voiture atteignait le pont qui prolonge, au travers de la Seine, la rue Jea

— Monsieur me permet-il d’arrêter ? interrogeait-il en regardant le prêtre. Il faut que je fasse mon plein…

L’abbé, du doigt, indiqua un garage :

— Stoppez là…

L’automobile s’était à peine rangée au long du trottoir que le prêtre, sautant sur le sol, s’avançait dans l’intérieur du garage.

— Ah ! ça fait du bien de se dégourdir les jambes ! déclara Fandor, qui, sans autre excuse, emboîta franchement le pas à l’abbé…

L’ecclésiastique n’en semblait nullement inquiet. Il marchait vers le patron de la boutique :

— Dites-moi, mon ami, vous n’auriez pas reçu par hasard une dépêche au nom de l’abbé Gendron ?

— Si fait, monsieur l’abbé, serait-ce vous ?

— C’est moi… j’avais prié que l’on m’adressât ici des nouvelles au cas où ce serait nécessaire…

Tandis que le prêtre déchirait le pointillé du télégramme qu’on venait de lui remettre, Fandor, qui grillait une cigarette de l’air le plus flegmatique qu’il put, s’évertuait à trouver un moyen pour lire la dépêche que son compagnon de route examinait, le visage soudain contracté, les sourcils froncés, l’œil mauvais…

Mais le jeune homme eut beau loucher dans les glaces, changer de place pour tâcher d’apercevoir en transparence le télégramme, passer derrière l’abbé en faisant semblant d’examiner les affiches qui garnissaient les murs du garage, en réalité pour lire par-dessus son épaule, il en fut pour ses frais. Impossible d’apercevoir le texte.

— Vous ne recevez pas de fâcheuses instructions ? demanda Fandor, tandis qu’à nouveau l’auto démarrait.

— Non point…

— Un télégramme c’est toujours inquiétant.

— Celui-ci ne m’apprend rien que je ne savais déjà… dont je me doutais au moins… Seulement, au lieu d’aller au Havre demain, nous irons à Dieppe…