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— Laquelle, Fandor ?

— Une conclusion, Juve, qui ne met aucunement en cause Fantômas.

— Quelle conclusion, Fandor ?

— Juve, cet officier appartenait au Deuxième Bureau de l’État-Major…

— Oui, après ?

— Juve, quand un officier du Deuxième Bureau disparaît dans des conditions aussi tragiques, savez-vous ce qu’il faut oser comprendre ?

— Non…

— Juve, je vous affirme que si le capitaine Brocq est mort, c’est qu’il y a un espion à la solde d’une puissance étrangère qui, surveillé, peut-être sur le point d’être arrêté, a voulu la mort de ce capitaine pour se sauver lui-même…

— Fandor, tu oublies qu’un document a été volé ?…

— Eh non ! Juve, je ne l’oublie pas ! et c’est précisément ce qui fait que je ne puis croire à une intervention de Fantômas… Vous le dites vous-même, le vol d’un document, motif du crime, peut-être, permet d’écarter l’intervention de Fantômas puisqu’il permet de conclure qu’il s’agit d’espio

— Non, dit-il, je ne te crois pas… D’abord, Fantômas est capable de tout, du vol d’un document qu’une puissance étrangère lui paierait peut-être fort cher, comme du vol de n’importe quoi… Et puis enfin, petit, un espion, un traître, l’employé d’une puissance n’oserait pas tenter le crime qui nous préoccupe. Pour risquer cela, il ne peut y avoir que Fantômas !…

— C’est votre marotte qui vous inspire toujours… Certes, Juve, je suis bien le premier à croire à l’audace de Fantômas… et si je ne savais tous les secrets de terreur qui peuvent se cacher dans ce mot « espio

Fandor s’interrompit. Juve, soudain, venait de se renverser en arrière sur son fauteuil ; le policier riait à petits éclats, d’un rire ironique, continuel, sans fin, le rire qu’il avait à l’égard des interlocuteurs qui lui semblaient conter des stupidités…

— Mon petit Fandor, dit-il, tu es un excellent garçon et, tu n’en doutes pas, j’ai pour toi la plus vive admiration en même temps que la plus sincère amitié. Ce n’est pas d’aujourd’hui que nous nous co

— Allez donc, Juve ! vous savez bien que non…

— Eh bien, je vais te dire ce que tu m’as dit, j’ai une marotte quand je parle de Fantômas, soit, eh bien, toi, Fandor, tu vois dans l’assassinat du capitaine Brocq une affaire d’espio

Et comme Fandor souriait, Juve poursuivit :

— Voyons, réponds-moi avec sincérité, est-il vrai qu’il y a six mois… tiens, juste après l’assassinat de Dollon tu as publié dans La Capitaletoute une série de papiers relatifs aux affaires de trahison ?…

— En effet, mais…

— Laisse-moi achever !… Est-il vrai que ces articles ont été jugés très remarquables et qu’ils ont fait quelque bruit ?…

— Oui, mais…

— Laisse donc ! Est-il exact que tu as appris à ce moment ce que c’était au juste que le Deuxième Bureau, le monde des espions, et que tu en as été infiniment frappé, infiniment surpris ?

— C’est exact ! Mais encore une fois, Juve, c’est précisément parce que j’ai eu ces renseignements, parce que j’ai pu me rendre compte des secrets terribles qui existent dans ces milieux, que je crois pouvoir, aujourd’hui, rattacher l’affaire Brocq à un crime d’espio

— Marotte ! Fandor, dis-toi bien une chose : l’assassinat du capitaine s’est passé dans de si tragiques circonstances qu’il ne peut être imputé qu’à Fantômas. Inutile de se fermer les yeux pour ne point voir. Inutile de se boucher les oreilles pour ne pas entendre. Inutile d’avoir peur… Il faut que nous soyons braves, au contraire… Il faut que nous regardions la vérité en face… Nous allons être à nouveau aux prises avec Fantômas. Voilà une certitude…

De moins en moins convaincu, Fandor eut à l’intention de Juve le même petit ricanement que le policier avait eu pour lui quelques instants auparavant.

— Marotte, Juve, dit-il à son tour… Il n’y a pas de Fantômas là-dedans. Votre affirmation m’avait troublé tout à l’heure, elle me laisse sceptique à présent… Vos raisons ne sont pas des raisons, vos déductions ne sont que des hypothèses… Non, voyez-vous, nous sommes bien en face d’une affaire grave, je suis d’accord en cela avec vous, mais s’est tout uniquement une affaire d’espio





Et se levant, le journaliste ajouta :

— Tenez, Juve, voilà même ce que je m’en vais faire… après tout je suis en vacances et j’ai bien le droit de prendre quelques jours de congé… Ce soir même, je publierai dans La Capitaleun grand papier où, sans nommer le capitaine Brocq, évidemment, je ferai quelques rapprochements avec lui, où surtout j’expliquerai ce que sont exactement les espions, leur véritable rôle, que l’on a tort de les considérer toujours comme des lâches, qu’ils doivent, au contraire, pour les besoins de leur profession sinistre, faire preuve et très souvent, d’une exceptio

Juve haussait les épaules, et interrompant son ami, un peu vexé, quoi qu’il en eût, de ne point avoir pu le convaincre :

— Où tu diras des bêtises, petit, et voilà… enfin tu es libre !…

Fandor se levait :

— C’est vrai, disait-il, je suis libre, Juve, libre d’aller passer quinze jours au pays du soleil, où je serai d’ici quelques heures !… parce qu’après tout… zut !… lisez toujours mon article dans La Capitale, je vous a

6 – LE CAPORAL VINSON

Un genou appuyé sur sa valise, Jérôme Fandor, de toute la force de ses bras vigoureux, tirait sur les courroies qu’il ne parvenait pas à boucler.

C’était le dimanche treize novembre, à cinq heures du soir ; l’appartement du journaliste était brillamment illuminé : le gaz brûlait dans toutes les pièces où régnait le plus grand désordre.

Fandor partait en vacances et pour être sûr de ne pas manquer son train, le jeune homme se disposait à aller dîner à la gare de Lyon.

— Ouf ! s’écria-t-il lorsqu’il eut enfin réussi à comprimer l’amoncellement de ses vêtements et à fermer sa valise.

Fandor poussa un soupir de satisfaction. Cette fois il ne pouvait plus douter de son départ, la chose était certaine. Fandor jetait un dernier coup d’oeil dans son logis lorsqu’il s’arrêta net au milieu du couloir.

Le timbre de la so

— Ils ne vont pas me refaire le coup ? dit le jeune journaliste.

Et il ouvrit la porte de l’appartement. Sur le palier, un militaire.

— Monsieur Fandor ? demanda ce dernier d’une voix douce, un peu enrouée.

— C’est ici, c’est moi, que désirez-vous ?

Le militaire avança un pas, puis, comme faisant un effort sur lui-même, il articula péniblement :

— Voulez-vous me permettre d’entrer ? je serais désireux de vous dire quelque chose.

Fandor, silencieusement, invita d’un geste de la main l’importun à pénétrer dans l’appartement.

C’était un tout jeune garçon qui portait l’uniforme de l’infanterie de ligne. Sur la manche de sa capote les galons de caporal.

Ses cheveux étaient bruns et ses yeux assez clairs contrastaient étrangement avec le reste de son visage aux tonalités foncées. Une légère moustache noire ombrait sa lèvre.

— À qui ai-je l’ho

— Je suis le caporal Vinson. Je n’ai pas l’ho