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Dès lors, Fantômas avait éprouvé une effroyable inquiétude. Les événements se liguaient contre lui et plus il allait, plus il prolongeait son séjour à Saint-Calais, plus il paraissait enfermé dans un dédale qui se compliquait au fur et à mesure. Ah que ne pouvait-il fuir, disparaître en emportant les fortunes que le hasard combiné avec son adresse lui avait permis de réunir autour de lui. Mais qu’il ne pouvait pas encore effectivement tenir entre ses mains.

Certes, Fantômas avait devant lui, sous les yeux, la petite boîte cachetée de cire dans laquelle se trouvaient les bijoux dérobés par Ribonard au bijoutier Chambérieux. Certes, ces bijoux représentaient une fortune. Elle ne suffisait pas à la cupidité de Fantômas et s’il partait incessamment, comme il l’avait décidé, il prétendait au préalable avoir fait main basse sur l’argent du marquis de Tergall et sur la fortune que sa veuve semblait si disposée à lui abando

Un instant Fantômas blêmit. La question se posait nette à son esprit :

— Si je suis à l’heure actuelle démasqué, découvert, dois-je me considérer comme pris ?

Le formidable bandit jetait un regard circulaire autour du cabinet paisible et tranquille dans lequel, depuis quelques semaines, il avait vécu une si extraordinaire existence. Les murs en étaient robustes et épais, l’unique fenêtre do

— Il y a deux étages, remarqua-t-il, avant d’arriver au sol, et ce sol c’est celui d’une cour, d’une cour fermée de tous côtés. Quant aux toits, ils sont inaccessibles.

Impossible de songer à s’enfuir par là le cas échéant, au surplus, d’ailleurs…

Fantômas n’achevait pas de formuler sa pensée, mais elle se devinait, car le bandit avait remarqué qu’à l’intérieur de la cour se trouvaient des hommes, des ouvriers qui, assurément, ne manqueraient pas de signaler si quelque chose d’anormal se produisait dans leur voisinage. Mais Fantômas reprenait courage.

— Non, se dit-il, il n’y a rien à craindre, j’ai encore devant moi une bo

Un coup discret fut frappé à la porte du cabinet.

— Entrez, fit Fantômas.

C’était la marquise de Tergall, vêtue de noir, dont le visage fatigué par les émotions et la pâleur accroissaient encore la distinction. Ses traits étaient presque entièrement dissimulés par un long voile de crêpe.

Fantômas courut à elle, les deux mains tendues :

— Ma chère sœur, entrez je vous en prie, asseyez-vous.

Mais la marquise ne répondait point à l’étreinte cordiale que spontanément lui offrait celui qu’elle prenait pour son frère.

— Vous refusez ma main ? interrogea Fantômas, surpris.

La marquise hésitait encore un instant, puis, prenant une résolution, elle abando

— Qu’avez-vous donc ? interrogea celui-ci, vous paraissez m’en vouloir ?

Antoinette de Tergall, après ce premier mouvement d’irrésolution, s’était ressaisie. La jeune femme releva son voile et fixant ses grands yeux sur ceux du bandit, elle répliqua :

— Eh bien oui, franchement, je vous en voulais…



— Pourquoi donc, Antoinette ?

— Charles, je m’en vais vous le dire.

« Oh, murmura la marquise d’une voix entrecoupée de sanglots contenus, vous m’en voudrez peut-être mais il faut que je vous exprime ma pensée, toute ma pensée. Charles, vous m’avez trompée et je me suis méprise sur votre compte.

La marquise, cependant, précisa :

— Lorsque mon pauvre mari est mort, dit-elle, vous m’avez certes mon cher frère, prêté votre appui, votre concours dans les douloureuses circonstances au milieu desquelles je me trouvais, mais vous m’avez également irrémédiablement blessée dans mon amour-propre et dans mon ho

Fantômas essaya de protester :

— Antoinette, vous n’y pensez pas. Songez au scandale, songez…

— Non, fit-elle, n’insistez pas. Ma décision est irrévocable.

— Eh bien, dit Fantômas, il sera fait selon votre volonté.

La marquise, cependant, avait ouvert son sac à main, en avait tiré un gros portefeuille tout bourré de titres et de billets de banque dont la seule vue alluma un éclair de convoitise dans les yeux de Fantômas.

— Que signifie cela, ma chère Antoinette ? Quel est cet argent ?

— Le vôtre, déclara la marquise. Avant de faire co

— Antoinette, murmura Fantômas qui mourait d’envie de prendre immédiatement le portefeuille, mais qui n’osait cependant le faire trop rapidement.

La jeune femme ne lui répondit pas.

La porte du cabinet s’ouvrit brusquement, cependant que d’un geste instinctif, Fantômas faisait glisser le portefeuille dans un tiroir ouvert qu’il referma aussitôt : le procureur général avait pénétré dans la pièce.

C’est à peine s’il s’aperçut de la présence de la marquise !

— Pradier, s’écria-t-il d’une voix vibrante d’émotion.

— Quoi ? fit Fantômas, interdit, troublé par l’irruption du ministère public.

Le procureur général s’était rapproché du faux juge d’instruction et lui ayant mis les mains sur les épaules, le poussa dans un angle de la pièce.

— Pradier, poursuivit-il, encore du nouveau, un crime vient d’être découvert, un crime abominable, extraordinaire aussi, on a trouvé un squelette humain dans le réservoir d’eau des locomotives à la gare de Bessé-sur-Braye.

À ces mots, Fantômas crut qu’il allait défaillir. Une sueur froide inonda soudain son front, perla à ses tempes, ruisselant sur ses joues. Ses jambes vacillaient car le monstre en effet comprenait à merveille les explications que lui do