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Tout en nourrissant ainsi de funestes projets, le faux magistrat arrivait au Palais de Justice, avait pénétré dans son cabinet.

— Monsieur le juge, déclara en se levant, le brave commis-greffier Croupan, ils sont arrivés, ils sont là.

— Ils sont là ? qui donc, expliquez-vous, que diable !

— Mais, je croyais que vous le saviez, monsieur Pradier, ce sont les bandits de l’autre jour que l’on a rattrapés, vous savez bien, ceux qui, la nuit dernière, ont fait évader Fantômas, mais qu’on a fort heureusement pu arrêter.

— Bon, nous allons procéder immédiatement à leur interrogatoire.

Quelques instants plus tard, dans le cabinet du juge instructeur, au milieu duquel Fantômas, s’étant composé un visage impassible, siégeait avec la dignité convenable, deux gendarmes introduisaient ceux qu’ils avaient arrêtés la nuit précédente.

Fantômas leva les yeux sur les représentants de l’autorité, leur désignait de la main deux sièges, pour y faire asseoir leurs priso

Il parcourut des yeux le procès-verbal rédigé par l’un des deux gendarmes et, ayant achevé sa lecture, il commença son interrogatoire…

— Je résume les faits, commença-t-il :

« Les gendarmes ici présents, qui avaient pour mission d’amener à Saint-Calais un détenu confié par la police belge aux autorités françaises, ont été victimes d’un guet-apens, d’une attaque au cours de laquelle ils ont laissé échapper l’individu confié à leur garde, lequel s’est sauvé et n’a pu être repris, individu que l’on désigne, d’ailleurs, sous le nom de Fantômas.

« … Par contre, les deux gendarmes ici présents, s’ils n’ont pas pu rattraper leur priso

Ayant achevé, Fantômas leva les yeux sur les deux gendarmes et les considéra ; c’était qu’en effet le sinistre bandit avait soudain le pressentiment très net que les visages de ces hommes ne lui étaient pas inco

Cependant, grâce à la disposition de son bureau, le faux magistrat se trouvait placé à contre-jour, tandis qu’au contraire les gendarmes étaient éclairés en plein visage. Fantômas, d’ailleurs, ne redoutait pas d’être reco

Soudain, Fantômas fit un faux mouvement et renversa son encrier.

Le commis-greffier se précipitait, réparant en hâte le désordre que l’épanchement de l’encre avait déterminé sur le bureau. Fantômas, une seconde, avait failli manquer de sang-froid. Il avait enfin reco

Fantômas se demandait avec anxiété pourquoi ces inspecteurs étaient déguisés en gendarmes, comment il se faisait que des hommes aussi habiles qu’eux avaient pu se laisser arracher leur priso

Très sérieusement, à ce moment, Fantômas, qui sentait que la situation se compliquait de plus en plus, songea à s’enfuir brusquement. Il avait presque peur, il avait l’impression de se trouver au centre d’un énorme filet invisible dont les mailles, peu à peu, se resserraient autour de lui. Partir, sans doute rien n’était plus facile, mais que devenir ? Comment vivre ?



Une heure auparavant, le bandit, harcelé par les menaces de Bec-de-Gaz et de la Toulouche, leur avait remis les quelques centaines de francs qu’il avait sur lui, il était sans argent. Certes, au greffe, les deux cent cinquante mille francs repris à Rosa étaient à sa disposition en tant que juge, mais quel prétexte invoquer pour se les faire délivrer à l’instant même ? Et, d’autre part, il y avait encore pour lui cinq cent mille francs à toucher le lendemain, les cinq cent mille francs de la marquise de Tergall. Avec les bijoux rendus par le cadavre de Ribonard, et qu’il pourrait également retirer du greffe s’il en avait le temps, Fantômas aurait un million à sa disposition ; dès lors, il pourrait fuir, mais il fallait gagner quelques heures, attendre le lendemain. Coûte que coûte, il fallait arriver au lendemain. En l’espace d’une seconde, Fantômas avait envisagé la situation. Certes, elle était compliquée, presque inextricable, mais désespérée, non. Après tout, il avait l’avantage.

Certes, il ne savait pas à quelle fin Léon et Michel s’étaient déguisés en gendarmes, mais il les avait reco

— Vos nom, prénoms, qualité, domicile ? demanda-t-il, jetant un regard sévère sur Bébé.

Le jeune apache n’était aucunement ému de se trouver en présence de ce juge dont il ne redoutait rien (car Bébé avait une confiance aveugle dans le sinistre bandit qui incarnait pour lui la divinité du crime). Et Bébé, fier de montrer à Fantômas qu’il savait, à l’occasion, se conduire en homme intelligent, répondit, avec un profond respect, comme s’il se fût agi d’un véritable magistrat :

— Monsieur le juge m’excusera, mais j’ai jamais eu de parents, et on ne me co

Fantômas, poursuivant la comédie, s’adressa aux gendarmes :

— Vous n’avez pas d’autres renseignements sur l’identité de cet individu ?

Michel répondit :

— Ma foi, non, monsieur le juge d’instruction, il doit dissimuler son nom, et nous ne le co

L’interrogatoire se poursuivit, très précis en apparence, mais en fait, très vague. Fantômas menait adroitement son enquête, ne faisant dire à Bébé et à l’Élève que des choses sans importance. Il brûlait toutefois de leur poser une question : Qu’était devenu le mystérieux priso

— Bébé, interrogea le faux juge, l’acte que vous avez commis ne me paraît guère excusable. Co

— M’sieu le juge, répondit Bébé en affectant un air hypocrite, mais en clignant de l’œil du côté de Fantômas pour bien lui faire comprendre qu’il fallait faire attention à ce qu’il allait dire, monsieur le juge, je vas vous parler en toute sincérité. Voilà l’histoire. Depuis quelques jours, on attendait un copain qui devait finir de tirer son temps à la prison de Chartres et on se disait : Il va revenir dans la région parce qu’il sait que nous y sommes. Précisément, hier soir, on était aux environs de Co