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— C’est égal, il est joliment fort, M. Pradier, notre nouveau juge d’instruction, pour avoir découvert si habilement les voleurs de ce pauvre Chambérieux et du marquis de Tergall.

25 – L’INCOMPRÉHENSIBLE MANŒUVRE

— Vous m’avez fait demander, monsieur le procureur ?

— Mon cher juge d’instruction, je vous ai fait demander, en effet, et j’imagine que vous ne m’en voudrez pas de vous avoir dérangé. J’ai une bo

Le juge d’instruction Pradier sourit d’un air entendu et regarda le procureur :

— Mon Dieu, qu’allez-vous donc m’a

Pour mieux rire à son aise, déjà M. Anselme Roche s’était rejeté en arrière, dans son fauteuil :

— Hélas non, quand Saint-Calais vous tient, il vous tient bien, mon cher Pradier. Et ce n’est pas encore aujourd’hui ou demain, je le crains, que vous ou moi nous obtiendrons du Garde des Sceaux une nomination plus agréable pour ce qui est de la résidence.

À la vérité, depuis huit mois qu’il occupait avec distinction les fonctions de procureur général près le Tribunal de Saint-Calais, M. Anselme Roche, ce n’était un mystère pour perso

— Ainsi, monsieur le procureur, cette bo

— Non, sans doute, ce n’en est pas un pour vous, mon cher juge d’instruction, mais c’est tout de même un changement de résidence pour une autre perso

Charles Pradier bégaya des mots sans suite, dans une extraordinaire confusion de pensée :

— Décidément, on va extrader Fantômas ? C’est certain ? Ah monsieur le procureur, comme je suis heureux, comme je suis content.

Mais, en réalité, tandis qu’il affirmait à son chef hiérarchique qu’il était enchanté d’apprendre que l’extradition de Fantômas allait se faire, Charles Pradier, en lui-même, s’interrogeait.

On allait extrader Fantômas :

— L’ordo

Maintes fois en effet depuis qu’il était devenu, par un coup du hasard, juge d’instruction à Saint-Calais, Fantômas avait entendu parler de la fameuse ordo

— Figurez-vous, continuait M. Roche, que j’imaginais moi-même qu’il y avait un obstacle quelconque, un obstacle diplomatique par exemple, à ce que nous puissions obtenir l’extradition de Fantômas. Cette affaire en effet traînait depuis si longtemps que je n’espérais plus guère la voir réglée. Or, ce matin, ce matin même, je viens d’être avisé par la Cour que l’extradition nous était accordée. Je savais bien, monsieur Pradier, que vous seriez heureux de l’apprendre au plus vite.



— Très heureux, en effet.

— En tout cas, mon cher Pradier, quoi qu’il en soit, je tiens à être le premier à vous féliciter de la marche actuelle des événements. L’autre jour, vous avez fait preuve d’un incontestable esprit d’à-propos en saisissant les diamants, si extraordinairement tombés sur le cercueil de ce pauvre marquis de Tergall. Hier, vous usiez d’un plus grand esprit d’à-propos encore en faisant arrêter les individus qui se trouvaient à ce bal d’aspect louche, et que, grâce à votre flair de magistrat instructeur, vous deviniez immédiatement comme compromis dans les affaires de Saint-Calais. Votre conduite est d’une habileté qui confond.

— Vous me comblez, monsieur le procureur, vous me comblez. Certes, je me félicite moi-même quand je pense qu’en ce moment sont déposés au greffe, d’une part, les bijoux volés à la marquise de Tergall, d’autre part, le portefeuille contenant deux cent cinquante mille francs, saisi hier. Mais enfin, monsieur le procureur, je n’oublie pas que tout cela n’est rien au prix de ce qui reste à faire. Sans doute, j’ai pu amener l’arrestation de quelques comparses, mais ce n’est pas suffisant : c’est Fantômas lui-même qu’il me faudrait pouvoir convaincre de crime.

— Plaignez-vous donc, on vous l’amène, Fantômas.

— C’est vrai, monsieur le procureur. Quand pensez-vous qu’il arrive ?

Le procureur général eut un geste de doute et d’hésitation.

— Je ne sais pas. Vous n’ignorez pas plus que moi, mon cher Pradier, que les délais, en pareil cas, dépendent de la distance. La distance s’évalue légalement en myriamètres. Combien y a-t-il de myriamètres d’ici à Louvain ? Je vous avoue que je n’en ai aucune idée. Mais j’imagine que les choses vont aller à toute vitesse. Ne soyez pas trop impatient. D’ici quatre ou cinq jours vous aurez Fantômas dans votre bureau.

Terrible, Charles Pradier étendit la main comme pour un serment sole

— Eh bien, mon cher procureur, je vous assure que quand j’aurai Fantômas dans mon cabinet, je trouverai bien moyen de lui faire confesser ses crimes.

Pradier regagna son cabinet. Il en avait à peine fermé la porte sur lui, il était à peine seul dans la petite pièce claire que, pressant son front entre ses mains, il songea :

— Certes, à l’heure actuelle rien ne m’empêche plus d’abando

Fermant les yeux, le bandit imaginait la scène extraordinaire qui allait immanquablement se dérouler s’il laissait l’extradition suivre son cours. À la prison, c’était Juve qui avait pris sa place, qui était Fantômas. C’était donc Juve qu’on allait amener à Saint-Calais.

— Parbleu, je n’ai pas le choix des moyens.

En même temps, il appuya sur un timbre, la concierge du tribunal accourut :

— Monsieur le juge m’appelle ? s’informa la brave femme.

— En effet, madame, veuillez porter cette ordo

— Bien, monsieur.

Fantômas-Pradier d’un paraphe appuyé signa l’ordo

La concierge disparut pour aller la faire exécuter.

Quelques minutes plus tard, sous la conduite de deux gendarmes, on amenait dans le bureau du juge d’instruction deux prévenus qui faisaient piètre figure.