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— Vous avez cette dépêche ?

— Non. Je ne l’ai pas.

— Elle est au presbytère ?

— Non, monsieur le juge. Elle est dans ma poche.

— Dans votre poche, mais alors.

— Pourquoi vous ai-je dit que je ne l’avais pas ? Mon Dieu, tout simplement parce que je ne voulais pas la montrer.

— Pourquoi ?

— Elle est de nature confidentielle.

— Monsieur l’abbé je ne vous comprends pas du tout.

L’abbé Jeandron réfléchit quelques secondes, puis déclara :

— Monsieur le juge, je suis venu à Saint-Calais pour pouvoir me rendre, ainsi que je vous l’ai déjà dit, à midi et quart, à la chapelle pour y écouter, en confession, un pécheur qui m’y avait do

— Greffier, dit M. Morel, veuillez donc relire la déclaration faite tout à l’heure par M me Moutin.

Le greffier tourna et retourna des pages, âno

« Comme je fais attention à ce que ma maison soit bien tenue, je m’arrange toujours pour être à la caisse dans la matinée, j’ai remarqué que M. l’abbé Jeandron s’était levé fort tard, il est parti d’ici à onze heures dix, j’en suis absolument certaine… »

— Expliquez-nous, monsieur l’abbé, comment il se fait qu’on vous ait vu ici à onze heures dix alors que vous prétendez en être parti à sept heures et demie du matin ?

— Je ne comprends rien à la déposition de M me Moutin. On a cru me voir sortir de l’ Hôtel Européenà onze heures. J’affirme que j’en suis parti à sept heures et demie et que par conséquent…

— Parbleu, fit le bijoutier, voilà bien la preuve que nous cherchions. M me Moutin ne peut pas se tromper, quand elle dit qu’elle a vu le « Curé » sortir à onze heures dix. Donc le « Curé » ment, quand il affirme être parti à sept heures trente. C’est lui le voleur.

***

Deux heures plus tard, l’excellent M. Morel quittait la prison de Saint-Calais, soucieux. M. Morel n’avait pu se refuser à décerner un mandat de dépôt contre le vicaire de Poncé.

— Évidemment, songeait M. Morel, évidemment, il semble bien que ce prêtre soit le coupable. Et cependant, comme c’est étrange. L’abbé Jeandron. Quel dommage qu’il se retranche derrière le secret de la confession. Si seulement j’avais cette dépêche, qu’il prétend avoir reçue.

Or, de songer à la dépêche mystérieuse que le prêtre s’était refusé à communiquer, une idée lumineuse venait à l’esprit du magistrat. Le magistrat se précipita vers le bureau de poste d’où, avait affirmé le prêtre, avait été expédié le télégramme.

— Madame la receveuse, demanda M. Morel, voulez-vous me communiquer, en vertu de ma qualité de juge d’instruction, l’original de la dépêche expédiée à l’abbé Jeandron ? Vous conservez les originaux ? n’est-ce pas ?

La receveuse fouilla dans ses cartons, ne trouva rien.

— Oh, oh, pensa M. Morel, voilà qui tend à prouver que l’abbé Jeandron a menti. J’ai bien fait de l’arrêter.

Mais la receveuse brandissait une formule. M. Morel lut le télégramme suivant :

Un malheureux pécheur qui ne veut pas être reco

3 – UNE CORDE SUR LA ROUTE

— Madame la marquise, reprendra-t-elle du poulet ?

— Non merci, Rosa. Je n’ai pas d’appétit ce soir.

Soudain, prêtant l’oreille, la jeune femme crut entendre un bruit au rez-de-chaussée du château. Elle courut à la so

— Madame m’a so

— Monsieur le marquis est-il là ?

La camériste sans aucun doute allait répondre :





— Monsieur le marquis n’est pas encore rentré, madame.

Et pour ne point l’entendre, elle ordo

— Vérifiez donc la lampe, Rosa.

Docilement la femme de chambre vérifia la mèche qui ne fumait pas et le réservoir de cristal rempli de pétrole jusqu’au bord :

— La lampe va bien, madame, dit Rosa.

Tiens, mais Rosa était élégante, plus qu’il ne le convenait peut-être dans sa situation. Elle était bien faite, jeune, jolie, arrangée avec coquetterie, et l’infortunée marquise en arrivait à se demander si elle n’avait pas à considérer une rivale en la perso

— Madame n’a plus besoin de moi ?

— Non, Rosa, vous pouvez vous retirer.

Antoinette de Tergall venait de se raiso

— Non, cette femme de chambre n’était pas la maîtresse de son mari, pour cette bo

— Oh, pensait Antoinette de Tergall, ce n’est pas par amour que cette fille s’est do

Il était maintenant une heure du matin.

Soudain, un bruit de pas précipités. Était-ce lui qui revenait ? ou était-ce un porteur d’excuse, bo

La marquise courut à la porte de sa chambre, se précipita au haut de l’escalier :

— Maxime ? est-ce donc vous enfin ?

— C’est moi, je suis à vous dans un instant.

— Maxime, qu’avez-vous ? que vous est-il arrivé ? Un accident ? Vous êtes blessé ?

Et la jeune femme, tendrement, s’approchait du marquis. Mais celui-ci l’écarta d’un geste brusque, d’une voix sourde il gronda :

— Foutu, je suis foutu.

La tête entre les mains, les yeux fixés sur le sol, Maxime de Tergall ne s’expliquait pas, et, d’autre part, la marquise n’osait l’interroger. Puis, brusquement, il se leva, courut au cabinet de toilette voisin, se plongea la tête dans une cuvette remplie d’eau froide, répara en quelques instants le désordre de sa toilette, de sa coiffure, sans paraître le moins du monde se préoccuper de l’anxiété de sa femme. Le marquis s’étant enfin rapproprié quitta le cabinet de toilette, revint dans la chambre à coucher et prit les mains de sa femme :

— Antoinette, dit-il, un malheur épouvantable vient d’arriver. Je me demande encore comment il se fait que je sois encore vivant.

— Mon Dieu. Qu’avez-vous ?

— Un cataclysme s’est abattu sur nous. Les bijoux…

— Ne vous êtes-vous pas entendu avec cet homme qui devait les acheter ?

— Si, répliqua le marquis, j’en ai même obtenu deux cent cinquante mille francs.

— Il vous les a payés ?

— Il me les a payés.

— Vous aurez donc, poursuivit la marquise, la possibilité d’acheter cette forêt que vous désirez tant.

— Je n’aurai ni la forêt ni les deux cent cinquante mille francs.