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L’ignorance du perso

Suivant sa propre expression, il trouvait que l’invitation reçue était un peu « sévère », un peu « forte de café ».

— Ah ça ! murmurait-il de temps à autre, est-ce qu’on me prend pour un king charles, un épagneul ou un fox-terrier ?… On me siffle, eh ! m’sieu Fandor, par ici ! et il faut que j’accoure, zut ! il manque de tact l’individu qui veut me parler. D’abord, il aurait bien pu se nommer !

Jérôme Fandor, au reçu de la lettre, le matin même avait commencé par froncer les sourcils, se demandant s’il devait se rendre à l’invitation, ou si, au contraire, il n’était pas préférable de la négliger.

— Qui diable me convoque ? s’était demandé le journaliste, qui peut me convoquer de cette façon ?

Il avait en effet remarqué la précision de la lettre, précision qui semblait l’inviter à ne demander aucun renseignement au concierge ; on lui indiquait l’appartement : 5 e à gauche. Évidemment, cela voulait dire quelque chose… mais quoi ?

Fort hésitant, Jérôme Fandor avait d’abord imaginé qu’il pouvait fort bien s’agir d’un piège tendu à sa bo

— Hé, hé, avait-il pensé, est-ce que, par hasard. Le Bedeau ?… ou quelque individu de son espèce, désirerait m’entretenir en particulier ?… Je n’irai pas rue Tardieu.

Dix minutes plus tard, Jérôme Fandor avait changé d’avis. C’est que, brusquement, il s’était rappelé que, jadis, il n’y avait pas encore bien longtemps, alors qu’il s’occupait déjà des enquêtes relatives à Fantômas qui, à ce moment, se faisait passer pour un apache redoutable : Loupart, dit le Carré, il avait reçu une invitation analogue à celle qu’il retournait en ce moment, et cette invitation lui avait été adressée par Juve, Juve lui-même, qui, ne pouvant pas se nommer, anonymement avait écrit à son ami.

— Nom de Dieu de nom d’un chien, de cent mille Crédibisèque, jura Jérôme Fandor, si véritablement c’était Juve, qui m’écrivait aujourd’hui ? si c’était lui qui désirait me voir ? J’irai rue Tardieu.

Parti de chez lui, bien décidé à se rendre au rendez-vous qu’on lui assignait avec un certain sans-gêne, Jérôme Fandor, dans le métropolitain qui l’emportait aux environs du square d’Anvers, se demandait encore s’il avait véritablement raison de s’exposer à une visite, qui pouvait lui réserver de désagréables surprises.

— Et puis, songeait-il par moment, on n’a pas idée d’aller habiter du Tardieu ? Un quartier perdu qui n’est ni en haut de la Butte Montmartre, ni en bas. Un quartier qui sent le graillon et la pomme de terre frite, un quartier où toutes les boutiques sont occupées par des mastroquets, à moins que ce ne soit par des marchands de chapelets bénis ou d’images pieuses du Sacré-Cœur. Si c’est Juve qui a été percher là, je ne lui cacherai pas ma façon de voir, et spécialement qu’il ne peut y avoir que de vieux bourgeois à l’esprit étroit, ou de jeunes demi-mondaines à prétentions exagérées qui logent en un pareil arrondissement.

Jérôme Fandor, quoi qu’il en eût, descendit à la station d’Anvers, s’orienta aisément, prit la petite rue de Steinkerque, étroite et sale, où d’extraordinaires infirmes le harcelèrent sans répit d’importunes demandes de charité.

Questio

— C’est assez dans le genre de Juve se disait Fandor, en inspectant la façade.

Il pénétrait sous une grande voûte, déboucha dans une cour transformée en une sorte de jardin, par une microscopique plate-bande où s’étiolaient des plantes vertes, il monta un escalier tortueux, petit, et pourtant prétentieusement tapissé d’une tenture en maints endroits déchirée.

— De mieux en mieux, pensait Fandor. Ce que je vais lui en dire, des sottises à Juve.

Et Jérôme Fandor, en effet, depuis qu’il avait vu la disposition de la maison dans laquelle il s’introduisait, n’hésitait plus à se persuader qu’il allait se trouver en face de Juve. Ce ne pouvait être que le policier assurément qui l’avait convoqué et d’ailleurs, en dépit de ses allures un peu prétentieuses, l’immeuble était trop bourgeois, trop populeux aussi, pour que l’idée d’un guet-apens, d’un piège tendu par un apache, fût admissible. Au cinquième étage, Jérôme Fandor après avoir soufflé sur une petite banquette volante, mise là pour tenir le rôle des canapés que l’on trouve dans les maisons véritablement « chic », heurtait, ne voulant pas so

— Je me demande, songeait Fandor, quel peut-être le domestique de Juve ? Un imbécile probablement, un type incapable de réfléchir ou de comprendre quoi que ce soit. Juve, qui s’est laissé passer pour mort, vis-à-vis de moi, n’a certainement pas avisé son vieux domestique qu’il vivait encore. Et par acquit de conscience, il a dû choisir un larbin aussi borné que possible.





La porte s’ouvrit, c’était la figure avenante d’une jeune bo

— Mademoiselle, commença le journaliste, voulez-vous prévenir votre maître, que M. Jérôme Fandor demande à lui parler ? Il est au courant.

La jeune bo

— Entrez, Monsieur.

Fandor fut introduit dans un cabinet de travail situé tout près de la porte d’entrée, un cabinet de travail dont l’aspect, immédiatement, lui apparaissait familier. Il était meublé d’un bureau-ministre surchargé de paperasses, de dossiers, d’une bibliothèque, où des cartons-classeurs s’écroulaient les uns sur les autres, une machine à écrire était placée sur une petite table contre la cheminée surmontée d’une glace.

Plus loin, un téléphone avec son fil souple déroulé et en désordre, attestait que le maître des lieux, devait être un homme d’affaires.

— Pas d’hésitation à avoir, se déclarait Fandor, dépouillant son pardessus, c’est bien cet animal de Juve qui va m’apparaître tout à l’heure. Qu’est-ce que je vais lui chanter ?

Jérôme Fandor, complètement rassuré, – car il reco

— Le Ministère est tombé. Ah le pau’vieux. Heureusement que les hommes politiques ça ne se fait pas de mal. Ce sont des lascars en caoutchouc, décidément, il me fait attendre Juve. Encore une petite bo

Fandor qui s’était assis, se releva d’un bond, commença à arpenter le cabinet de travail.

— Ça n’est pas gentil, pensa le journaliste, de me faire poser ainsi : ça m’éto

Par la porte entrouverte, il entendit enfin, venant de l’antichambre, des bruits de pas se rapprochant. À tout hasard, Jérôme Fandor rectifia ce qu’avait de négligé sa tenue, prit même une position respectueuse, prêt à s’incliner en une profonde révérence très ironique lorsque Juve allait entrer.

La porte s’était ouverte. Une tenture qui en masquait l’entrée, était rapidement repoussée, un homme était devant Fandor, qui lui disait simplement, d’une voix étrange, à la fois railleuse et méprisante.

— Bonjour.

Le journaliste avait un peu pâli. Sans le moindre tressaillement cependant il avait répondu :

— Bonjour.

Ce n’était pas Juve, le policier Juve qui venait d’apparaître à Fandor. C’était Fantômas, c’était le Roi du Crime, le Maître de l’Effroi, c’était l’Insaisissable, c’était le terrible Tortio