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Jérôme Fandor décida alors d’aller poursuivre ailleurs son enquête. Successivement il perdit son après-midi à traîner dans tous les cabarets louches de la Chapelle où le Bedeau, apprit-il, ne venait que rarement. Vers six heures du soir il était à Vaugirard où le Bedeau était totalement inco

— Le Bedeau ? ah, oui, un gars costaud et qui crève un pante comme d’autres enfilent un quinquina, il doit loger quelque part à Grenelle. Au passage des Millio

C’était tout ce que désirait savoir le journaliste. Il paya une tournée, quitta le bouge tout souriant. Pour faire ses enquêtes, bien entendu, Jérôme Fandor s’était convenablement grimé et ses meilleurs amis l’eussent rencontré sans pouvoir le reco

— J’ai attrapé la contagion, se disait-il, maintenant il n’y a pas un agent de la Sûreté pour me faire la pige pour ce qui est des déguisements.

De fait, vêtu d’un paletot rapiécé, qui avait peut-être été marron ou bleu, mais que des averses successives avaient fait tourner au vert, coiffé d’un vieux chapeau de paille dont les bords s’effilochaient, ayant revêtu un pantalon à l’aspect crasseux dont les jambes trop longues tire-boucho

Fandor, toutefois, avait peu souci de sa mise, c’était le plus allègrement du monde qu’il quitta Montparnasse où le hasard venait de lui apprendre l’adresse du Bedeau, pour se rendre à Grenelle :

— Ma foi, songeait le journaliste, il faut convenir que, dans la vie, non seulement tout arrive, mais encore tout arrive au moment où on s’y attend le moins. Il y a bien peu de temps encore, j’étais paralytique, tout récemment, je me trouvais dans un to

C’était une visite d’un genre spécial, il est vrai, que celle que se proposait de rendre le journaliste au Bedeau.

Dans sa poche, Jérôme Fandor, d’un mouvement involontaire, tâtait de temps à autre la crosse de son fidèle revolver. À coup sûr. Le Bedeau, s’il était chez lui quand Fandor arriverait, serait peu flatté de l’apercevoir. Le mieux était donc de préparer, pour la discussion inévitable qu’il prévoyait, d’excellents arguments, de convaincants discours et cela sous la forme de cartouches à balles blindées.

Sans trop de peine Jérôme Fandor s’orienta dans Grenelle et découvrit le passage des Millio

Le passage des Millio

Jérôme Fandor, d’un coup d’œil, embrassa la disposition des lieux :

— Peste, fit-il, chacune de ces maisons-là doit bien contenir cent cinquante à deux cents individus, où diable vais-je repêcher mon Bedeau ?

Tranquillement cependant, avec une audace dont il n’ignorait pas le péril, Fandor entra dans cette nouvelle Cour des Miracles.

— Je vais toujours monter un étage, au hasard, se dit le journaliste.

Il tourna dans l’étroit corridor de l’une des deux maisons. Les murs en étaient sales, recouverts d’inscriptions obscènes et l’humidité suintait en larges taches, des enfants jouaient à la marelle ou se volaient des billes, Jérôme Fandor n’y prit pas garde. Il passa.

Au bout du corridor, au fond de l’i





— Charmant séjour, pensa Fandor.

Et il monta, bousculant une bande de marmots qui l’avaient envahi et se laissaient glisser le long de la rampe, au risque de se briser le crâne. Jérôme Fandor, d’ailleurs, en passant, n’attirait l’attention de perso

Parvenu au troisième étage, – la maison en comportait sept, – Jérôme Fandor, pourtant, commençait à hésiter sur la conduite à tenir.

Le journaliste, heureusement, avait plusieurs fois déjà visité de semblables demeures. Il co

Jérôme Fandor monta encore un étage, sourit en entendant un refrain comique, lugubrement fredo

— Le Bedeau, s’il vous plaît ? c’est-y par là qu’est sa carrée ?

Il ne reçut pas de réponse. Jérôme Fandor renouvela sa question, puis se décida :

— Ça ne doit pas être son étage. Voyons plus haut.

Au cinquième, dans un corridor qui, à midi devait être obscur et qui, en ce moment, où il était neuf heures du soir, n’était éclairé par aucune installation de gaz, Jérôme Fandor appela encore :

— Le Bedeau, s’il vous plaît, la compagnie ? c’est-y par là qu’il gîte ?

À la cantonade, de loin, une voix de femme s’informa :

— Qui c’est qu’on demande ? et pourquoi ?

— Le Bedeau. Je cherche après mon poteau. C’est-y par ici ?

Sa voix devait être rassurante, il devait avoir imité de façon satisfaisante le parler faubourien, car on lui cria à travers une porte fermée :

— Au-dessus, la porte du fond.

Cette fois, Jérôme Fandor était parfaitement documenté. En guise de remerciement il cria, lui aussi :

— Ça va, la bourgeoise, ça colle.

Et, traînant les pieds, d’un pas lourd qui imitait la démarche d’un ouvrier fatigué, Jérôme Fandor monta au sixième.

Toutefois, tandis qu’il gravissait l’étage, le journaliste, tout en affectant un laisser-aller parfait, prenait en réalité des précautions sérieuses.

— Mauvais, se disait-il, je viens d’être obligé, par trois fois, de crier le nom du perso