Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 3 из 68

— Bon ! répondait Riquet, la mort, je m’en fous, si on doit rigoler.

***

Le soir même, Riquet présentait son bon copain Lambert à son père et à sa mère. Il y avait fête dans l’humble logement de Saint-Denis.

— Écoutez donc, avait a

Et Lambert trinquait avec un naturel si parfait, que par moments, Riquet se prenait à sa comédie.

2 – SCÈNES DE FAMILLE

M me Granjeard do

— Assieds-toi là, Paul, dit-elle, en s’adressant à l’aîné de ses fils. Eh bien, oui, mets-toi là, à la place de ton père, que veux-tu puisqu’il est mort et que tu es l’aîné de la famille, c’est toi désormais qui le remplacera. Il faut se faire une raison, nous n’y pouvons plus rien.

M me Granjeard, s’adressant au second de ses fils, à Robert, poursuivait :

— Quant à toi, viens à ma droite, de la sorte tu seras à contre-jour, ce qui est meilleur pour tes yeux qui n’aiment pas la grande lumière. Et puis ça doit être comme ça.

Le troisième fils, Didier, un jeune homme de vingt-deux à vingt-trois ans à peine, s’installa sans mot dire à la place demeurée libre à gauche de sa mère et cependant que chacun s’asseyait autour de la table de famille, Didier réprimait avec peine les grosses larmes qui lui montaient aux yeux, cependant que M me Granjeard, plus rude, plus sèche, plus maîtresse d’elle-même encore qu’auparavant, jetait un coup d’œil sévère sur la bo

— Rien qu’à les regarder, grommela-t-elle, je vois, Justine, que ces œufs brouillés ne sont pas assaiso

Le déjeuner dès lors commença lentement, dans le silence.

Les Granjeard exerçaient, depuis des temps immémoriaux, le commerce des charpentes en fer à Saint-Denis. C’était le grand-père Granjeard qui, sous le second Empire, avait ouvert une petite quincaillerie dans une misérable échoppe construite en planches au bord du canal. Dans cet humble magasin, il avait vendu de tout ce qui touchait de près ou de loin à sa profession. Puis, il s’était adjoint un terrain vague dans lequel il avait entassé les vieilles ferrailles achetées aux chiffo

Une hausse sur le fer survenue après la guerre obligea les négociants à élever leurs prix. Granjeard qui, dès lors, venait de s’associer son fils, ne manqua naturellement pas de faire comme ses collègues et d’augmenter les prix de ses matériaux. Il avait avec les fournisseurs des contrats très avantageux, grâce auxquels il réalisait des bénéfices considérables.

Granjeard avait eu, en l’espace de dix a





À mesure que les enfants grandissaient, l’affaire grandissait aussi et désormais ce que l’on appelait « la maison Granjeard à Saint-Denis » occupait un vaste quadrilatère bordé d’un côté par la Seine, d’un autre par la rue de l’Estacade et des deux derniers par de hauts murs auxquels s’adossaient des charpentes sous lesquelles on amoncelait des provisions de ferrailles.

Pour être mieux à proximité de leur usine, les Granjeard avaient leur domicile privé sur le lieu même de leurs affaires. Ainsi, ils pouvaient exercer une surveillance active et continuelle. Les époux n’avaient qu’un seul objectif, qu’un seul but dans la vie : leur commerce, qu’une seule satisfaction : gagner de l’argent.

M me Granjeard était bien la femme qui convenait au marchand de fer. À proprement parler, elle n’avait jamais eu de jeunesse. C’était une perso

Les fils avaient grandi dans le voisinage immédiat du métal. On avait fait, conformément aux aptitudes qui s’esquissaient chez ces jeunes gens, de Paul, un ingénieur, de Robert un avocat. L’idée était excellente. C’était le père Granjeard qui l’avait eue. Il estimait que, de la sorte, lorsque ses fils seraient munis de diplômes, il ne serait plus nécessaire d’avoir recours à des concours étrangers dans les diverses branches de son commerce.

Paul s’occuperait de la partie technique et Robert du contentieux.

Didier, avant son service militaire, avait été vaguement chargé de visiter la clientèle. C’était un joli garçon, au regard doux, aux traits réguliers. Une longue et belle barbe très soyeuse s’épanouissait sur son visage et lui do

On était ce jour-là un lundi matin. Le samedi précédent on avait enterré Granjeard et dès lors, l’existence reprenait son cours normal pour ceux qui lui survivaient.

La veuve Granjeard, depuis la réouverture de l’usine, n’avait pas arrêté un seul instant de travailler. Ce matin-là, il avait fallu répondre au courrier volumineux qui s’était accumulé ces deux derniers jours, do

Pendant le déjeuner, M me Granjeard entretint ses fils de cette commande.

Tout à coup, la veuve, se tournant vers son fils cadet, Didier, l’interpella sèchement :

— Tu n’es guère poli, Didier. Il me semble que tu pourrais au moins faire attention à ce que je dis au lieu de rêvasser. Tes intérêts sont en jeu comme ceux de tes frères. Seulement, monsieur se croirait déshonoré s’il s’occupait de questions aussi terre-à-terre.

— Mais, ma mère, je vous écoute. Je sais que tout ce que vous faites est bien fait.

L’irascible veuve allait répondre, lorsque, soudain, la so

— C’est Bridois, le notaire, qui vient de nous téléphoner. Il va falloir nous arranger pour l’aller voir demain, tous les trois, tous les quatre du moins, Didier viendra aussi.

— Pourquoi faire, ma mère ? comment se fait-il que vous ayez besoin de moi ? demanda Didier.