Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 19 из 68

— Oui, dit le commissaire, passons dans la pièce voisine.

Les Granjeard, d’ailleurs semblaient fort heureux de fuir l’épouvantable spectacle qu’ils avaient sous les yeux. Juve avait fait signe aux agents de se retirer et, seul, le secrétaire du commissaire demeurait dans la salle attenant à la morgue, avec le commissaire lui-même, le policier, et la famille de Didier.

Juve reprit :

— Ce cadavre est celui qui fut retiré il y a quelques jours de la prise d’eau de votre usine, qu’il obstruait à l’entrée de la Seine. Il est assez curieux, puisque les uns et les autres vous avez vu ce mort au moment où on l’a retiré du fleuve, que vous ne l’ayez pas reco

— C’est très curieux, en effet, reco

Le commissaire observa :

— Il y a une raison à cela madame. C’est que votre malheureux enfant qui portait toute sa barbe, a été complètement rasé par ses assassins. D’autre part, le séjour dans l’eau l’a défiguré.

Juve interrompit le commissaire :

— Il ne s’ensuit pas moins, fit-il, que la reco

— Mais fit M me Granjeard, nous n’étions pas inquiets de lui. Précisément, au moment où son cadavre a été découvert, il venait de nous écrire qu’il ne rentrerait pas de quelque temps.

— Et cela ne vous a pas surpris, madame ? demanda Juve.

— Non, répliqua la veuve Granjeard, car nous avions eu une discussion au sujet d’intérêts, et mon fils me menaçait de se brouiller avec nous si nous n’en passions pas par ses exigences.

— S’agissait-il d’intérêts sérieux ? précisa encore le mystérieux policier.

— Oui, très sérieux.

— Histoire de femme ? d’enfant ? interrogea Juve.

— Plus grave que cela, monsieur, histoire d’argent.

— Ah vous trouvez que c’est plus grave ? fit Juve.

De sa voix sifflante, la veuve Granjeard intervint :

— C’est une affaire d’appréciation, dit-elle.

— En effet. On appréciera d’ailleurs, madame.

— Que voulez-vous dire ? fit-elle.

Juve, alors, brusquement, éclata :

— Je veux dire, madame, que depuis dix minutes, au cours desquelles monsieur le commissaire de police et moi, nous vous avons minutieusement observés, vous avez eu, vous et vos fils, une attitude véritablement extraordinaire et que l’on n’est pas en droit d’attendre d’une mère qui apprend soudain la façon affreuse dont son fils est mort, de la part de frères aînés qui appre

— Nous avons l’attitude qui nous convient, libre à nous j’imagine de dissimuler notre douleur s’il ne nous plaît pas de la montrer devant les indifférents, dit M me Granjeard.

Encouragés par l’attitude de leur mère, les fils Granjeard protestèrent à leur tour :





— Il est d’ailleurs inutile, déclaraient-ils, de poursuivre plus longtemps ces pénibles entretiens. Nous avons reco

— Et qui vous dit, hurla-t-il, que la police ne s’en occupe pas ? Ici même en ce moment présent ?

— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda M me Granjeard.

— Cela signifie, fit-il, que nous trouvons extraordinaire, inadmissible même, et fort suspect, M. le commissaire de police et moi, que vous n’ayez pas, lorsque le cadavre de Didier vous a été montré une première fois, reco

Hors d’elle-même, M me Granjeard interrompit Juve :

— Nous n’avons de comptes à rendre à perso

— Possible, madame, mais vous aurez en tout cas, à assumer la responsabilité de vos actes qu’il va falloir expliquer.

— À qui donc ? monsieur, s’écrièrent Paul et Robert.

Juve venait de faire un signe au commissaire de police, puis se tournant vers les Granjeard, il leur déclara :

— C’est au juge d’instruction que vous aurez désormais affaire, car M. le commissaire décide de vous mettre en état d’arrestation.

— Oui, reprit le magistrat, comme électrisé par l’attitude du policier, madame veuve Granjeard, monsieur Paul Granjeard, monsieur Robert Granjeard, au nom de la Loi, je vous arrête !

9 – LA VIEILLE ÉPILEPTIQUE

Les gardie

C’était, dans la prison de Saint-Lazare, dans le bâtiment A, une agitation inhabituelle, des cris, des rires, parfois des chants, le tout coupé d’injonctions brèves, d’ordres sans réplique :

— Allons, la 433, dépêchez-vous, ou je vous prive de cantine. Voulez-vous vous taire, la 73 ? On n’a jamais vu une bavarde comme vous. Pas de vin à midi si ça continue. Allons, allons, pressons.

Les escaliers qui menaient du premier étage aux préaux affectés à la promenade des détenues s’emplissaient de la foule des condamnées que l’on conduisait à la récréation. D’ailleurs, les mesures administratives qui veulent, de façon absolue, que les détenues en prévention ne soient mêlées aux détenues accomplissant une peine, n’étaient pas observées. La mauvaise disposition de Saint-Lazare, un bâtiment archaïque, nullement fait pour servir de prison, ne permettait pas de respecter la Loi.

Les gardie

— Allez, au trot, et vivement.

Parvenues dans la cour, avec une remarquable docilité, les détenues se mettaient en rang, et commençaient précisément la « queue de rat ».

De distance en distance, dans la cour, il y avait, immobiles, les gardie