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— Soit. Teddy… mais soyez prudent… Je vais aller dans le fond de la clairière, et vous m’appellerez quand il sera temps.

Fandor s’éloigna et Teddy s’avança sans crainte vers le tronc frappé de la foudre. En l’entendant venir, les serpents qui avaient été surpris par la brusque disparition de leur premier adversaire, se tournèrent menaçants vers lui, pointant leurs crochets gluants. Mais alors Teddy se mit à siffler sur un rythme bizarre et doux.

Oscillant leurs têtes, les reptiles semblèrent peu à peu engourdis par une langueur irrésistible.

Teddy sifflait toujours, sans faire de mouvement brusque, marchant en cadence. Il arriva au pied de l’arbre sans souci des serpents qui s’attachaient à ses vêtements et qui essayaient de monter jusqu’à ses lèvres, attirés par des sons mélodieux. Il commença à monter lentement, parvint au sommet et disparut dans l’intérieur du tronc, emportant accrochée à son corps, une véritable chevelure de reptiles.

Cependant Fandor était allé se poster à l’autre extrémité de la clairière.

Soudain, il y eut un bruit de pas de cheval. Un cavalier à cette heure. Hans Elders peut-être qui venait rendre une visite à sa cachette ? Fandor se trouva face à face avec le lieutenant Drag.

Celui-ci eut un sursaut, descendit rapidement de cheval et vint se placer devant lui.

— Ah ! vous voilà monsieur Fandor, vous qui insultez les gens et refusez de vous battre ?… je suis bien aise de vous rencontrez ici. Nous allons pouvoir nous battre.

— Monsieur, tant qu’on n’aura pas retrouvé le voleur de Jupiter, l’accusation qui pèse sur vous empêchera tout homme d’ho

— Alors vous persistez. Sur la foi de votre ami Teddy ? Bon. Eh bien, je vous tuerai.

— Ce sera donc par un assassinat, puisque entre nous le duel n’est pas possible. Mon Dieu après un vol, ça ne vous irait pas mal.

— Non. Puisque vous avez peur de mon revolver, je vais vous traiter comme on traite les lâches, je vais vous battre comme un chien que vous êtes.

Wilson Drag atteignait au paroxysme de la fureur. Littéralement, il écumait de rage. Il avait brandi sa cravache et s’avançant sur Fandor l’air terrible.

Le journaliste, pendant toute la discussion, était resté calme et souriant, mais devant ces dernières insultes et les menaces qui les suivaient, il perdit aussi son sang-froid et, reculant d’un pas, il tira son revolver et s’écria :

— Eh bien, soit, battons-nous.

Wilson pénétra dans la clairière en bordure de laquelle Fandor et lui venaient de s’insulter.

— Je vais me placer devant cet arbre, dit-il, et vous devant cet autre. Nous tirerons quand nous entendrons retomber une pierre que je vais lancer en l’air.

De la tête Fandor acquiesça et, sans dire un mot il alla se placer à l’endroit désigné. Wilson était déjà au sien et les deux adversaires mesuraient de l’œil la distance qui les séparait, quand un fracas s’éleva dans le silence de la forêt et arrêta leur bras demi levé :

— Arrêtez-le… arrêtez-le… à l’assassin… il a tué une vieille femme.

Une foule qu’on ne pouvait pas distinguer encore, hurlant et criant, se précipita en courant vers la clairière.

La lueur des torches éclairait des visages convulsés par la colère. On brandissait des matraques, on jetait des pierres et on criait encore et toujours :

— À l’assassin ! à l’assassin !

La foule poursuivait un gibier qui se trouvait entre les duellistes et elle.

Et cette victime, c’était :

— C’est Jupiter, le noir.

La colo

L’air ahuri, le nègre s’arrêta un instant devant les deux perso

— Voleur, hurla-t-il.

D’un coup de poing, d’un seul, il l’envoya rouler à terre, enjamba son corps et continua sa course précipitée, tandis que le lieutenant restait derrière lui, sur le sol, inerte.

La scène avait été si rapide que Fandor n’avait pas eu le temps d’intervenir.

Dès que le noir eut disparu, il voulut relever Wilson Drag et lui porter secours. Mais la foule hurlante venait de déboucher dans la clairière :

— À mort le noir… à mort l’assassin.

On entoura Fandor, et en voyant le cadavre étendu on devina que c’était là une nouvelle victime de Jupiter :

— Où est-il passé ? Par où est-il parti ? Venez avec nous… Nous allons le lyncher…





Fandor répond comme il peut à toutes ces questions. On le bouscule, on l’entraîne sans qu’il puisse opposer la moindre résistance.

***

Cependant un sifflement étrange, lent, doux, continuait de se faire entendre.

De l’arbre creux, émerge le buste de Teddy.

Le jeune homme est extraordinairement pâle, mais un éclair de joie brille dans ses yeux.

Tous les serpents qu’il a charmés sont encore enroulés autour de lui. Leur tête se penche vers sa bouche comme pour boire les sons harmonieux et leurs crochets venimeux touchent presque les lèvres du jeune homme. Mais Teddy ne semble pas s’en apercevoir, toute son attention est retenue par le crâne qu’il tient à la main et qui, dans la nuit, brille d’une lueur phosphorescente.

Avec des gestes très lents, comme il y était entré, il parvient à se glisser hors du tronc, atteint le sol et se dirige vers le milieu de la clairière.

Teddy marche de plus en plus doucement.

Il s’arrête enfin, figé dans une pose de statue.

Les sifflements alors se transforment en un murmure presque imperceptible.

Peu à peu les serpents se déroulent du corps de Teddy.

Il se tait enfin. Tous les reptiles regagnent le sol et on n’entend plus que de temps en temps le bruissement de leurs a

Le jeune homme se décide alors à parler :

— Fandor, crie-t-il, Fandor, c’est fini, j’ai réussi, j’ai la tête de mort… Fandor… Mon Dieu… Mais il n’est pas là. Qu’a-t-il bien pu lui arriver ?

Teddy, en effet, se croyait seul dans la clairière. Il n’avait pas vu dans l’ombre le corps inanimé de Wilson Drag.

16 – MORT DE JUPITER

— Place au théâtre, s’il vous plaît. Allons, monsieur Jim, place au théâtre.

— Ce n’est pas une raison pour me bousculer…

— Dame, monsieur Jim, si vous croyez que c’est facile de remuer des décors de six mètres dans votre arrière-coulisse.

— Allez toujours.

— On y va, on y va.

M. Jim, puisque tel était le nom du perso

M. Jim, gros homme apoplectique, au visage imberbe et aux yeux clignotants, n’avait pas, d’une bourrade dans le dos, salué le passage du dernier machiniste, – il était bien avec tout le monde, monsieur Jim, familier avec tous ses subordo

— Eh bien, mon cher régisseur ?

M. Jim, cette fois, se courba en une révérence qui prouvait qu’il avait interprété jadis, au temps où il était acteur, le répertoire classique.

— Diva, murmura-t-il, vous êtes ce soir encore plus capiteuse que d’habitude.

— Vous êtes galant. Jim. On ne peut jamais vous aborder sans vous trouver prêt à faire des compliments. Je suis comme tous les jours.

— Non, non, Diva, ou plutôt oui, car chaque jour vous trouvez moyen d’être plus belle que la veille.

— C’est une déclaration ?

— Oh ! je ne me permettrais pas.

L’artiste qui s’entretenait avec M. Jim, le régisseur, se faufilait le long des portants, alla coller l’œil à un trou du manteau d’arlequin…

— Belle salle.

— Très belle salle. Nous avons une presse du to