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— Hello, cria-t-il, qui être là ? qui s’avoir moqué de Jupiter ?…

Une voix avait répondu :

— Par ici, Jupiter, par le sentier creux.

— Toi, être un farceur, mais moi attraperai toi et moi te tirer les oreilles ensuite.

Et il était beaucoup plus près de rire que de se fâcher. Jupiter d’ailleurs, à un rayon de lune, apercevait le sol du sentier. Il avait plu peu avant et des traces fraîches y apparaissaient. Des traces de fers de cheval…

Jupiter en conçut une violente colère…

— Toi être à cheval et moi à pied.

Mais il n’en continua pas moins à courir. Jupiter, quelques instants après courait même à perdre haleine, coudes au corps, tête basse, comme pris d’une terreur subite. Le noir, en effet, n’était pas rassuré. L’aventure se compliquait. Voilà qu’un nouveau coup de sifflet avait retenti dans la nuit, un coup de sifflet, auquel des aboiements avaient répondu. Jupiter qui tout d’abord n’avait imaginé qu’une très anodine plaisanterie, avait été fort effrayé de voir arriver, galopant vers lui et suivant le sentier creux, les trois chiens qu’il avait laissés dans sa case, en train de massacrer son mobilier.

Or, Jupiter, sans qu’il eût besoin de réfléchir longtemps, avait immédiatement compris la situation. Il était entre les chiens et leur maître. Il était dans un sentier encaissé où il avait juste la place de passer par endroits. Si les chiens voulaient le devancer, ils allaient infailliblement le renverser, le piétiner, le mordre peut-être.

Pour éviter semblable aventure, il détalait de toute la vitesse dont il était capable. Le noir par bonheur, avait une certaine avance sur ses poursuivants. Il atteignit bientôt la sortie du sentier, il déboucha sur la plateforme constituant le promontoire entouré par la mer…

— Ouf, fit-il.

Mais sentant les chiens sur ses talons, il n’en continua pas moins d’avancer.

Or, comme le noir avait parcouru une centaine de mètres, voilà qu’une découverte ahurissante le laissait immobile, muet de stupéfaction, cloué sur le sol, eût-on dit… De l’endroit où il était arrivé, Jupiter pouvait apercevoir la totalité ou presque du petit cap…

Jupiter était persuadé que là enfin il allait rejoindre celui qui lui avait joué la sotte plaisanterie dont il était victime, mais un coup d’œil lui avait permis de se rendre compte qu’aucun être humain ne se trouvait sur le promontoire. En revanche, quelque chose s’y voyait qu’à coup sûr le noir ne s’attendait pas à trouver.

— Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?

Et c’est à pas précautio

— Et les chiens, fit-il, où li être ?

Les chiens débouchaient du sentier. Jupiter pensa fuir plus loin, mais à ce moment un nouveau coup de sifflet retentit et après avoir marqué un temps d’hésitation, les braves bêtes, d’un seul mouvement, abando

— Moi, pas comprendre. Pas comprendre du tout, murmura Jupiter qui, haletant encore, essoufflé par sa course rapide, sentait ses jambes vaciller sous lui…

Et, débarrassé des chiens, il recommença de s’avancer vers la lanterne. Le brave noir fit quelques pas, puis, soudain lança un véritable gloussement de joie…

Jupiter venait d’apercevoir, posé sur le sol, près d’elle, dans la lueur jaune de ses rayons un portefeuille, un portefeuille rouge. Que contenait-il ? Jupiter avidement ramassa la pochette, l’ouvrit et roula des yeux joyeux et effarés. De ce portefeuille il venait de tirer toute une liasse de billets de banque.

De longues minutes durant, Jupiter demeura immobile, ahuri, cherchant à rassembler ses idées. Les chiens… le cavalier… les sifflets… la lanterne… les billets de banque… tout cela lui tourbillo

Et pris d’une envie impérieuse de manifester son contentement devant ce coup du sort qui lui permettait de rentrer ainsi, à une heure où il ne s’y attendait certes pas, en possession de la petite fortune dont il avait été dépouillé, Jupiter dansa une gigue effrénée.

***

— On ne passe pas.

— Moi, pas pouvoir passer ?

— Non, je vous dis qu’on ne passe pas.

— Mais pourquoi ? Moi être Jupiter, le noir…

— Oui, oui, ça va bien. Vous êtes l’homme qui s’est sauvé du bateau.

— Moi, m’être sauvé du bateau ?





— Allons, allons, fais pas l’imbécile. Si tu avances d’un pas, mes hommes tirent sur toi, c’est compris ?… vous autres en joue…

Il était décidément écrit, sur les tables que le malheureux Jupiter n’aurait pas une minute de paix.

Comme il avait enfin serré dans sa poche le portefeuille si mystérieusement retrouvé, voilà qu’au débouché du promontoire il se heurtait à une troupe de soldats qui, commandée par un jeune officier, lui interdisait absolument de quitter la presqu’île.

Et le brave noir, sentait croître en lui, en même temps qu’une grosse envie de fondre en larmes, une colère furieuse qui lui faisait serrer ses énormes poings et les brandir dans un geste de menace.

Mais s’il ne comprenait rien aux paroles de l’officier, Jupiter en revanche, saisissait fort bien la signification du geste des soldats…

Voilà qu’on le couchait en joue ?

Tournant sur ses talons, Jupiter s’enfuit en courant. Puis une formidable explosion retentit.

Jupiter, d’effroi s’en étala de tout son long sur le sol…

Il y resta quelque temps sans oser bouger. Il se demandait à lui-même s’il était mort. Mais il avait si peur qu’il se rendit à l’évidence qu’il était vivant. Il tourna la tête, il regarda dans la direction où devaient être les soldats. Il murmura :

— Li ont fait sauter un rocher pour empêcher que pauvre noir passe. Alors ? Alors, moi être priso

Jupiter ne se trompait pas.

12 – AMOUR… AMOUR

Comme tous les mercredis, Winifred recevait ce jour-là.

La propriété de Hans Elders était réputée parmi les plus élégantes de la banlieue de Durban. On y trouvait des hôtes aimables et accueillants.

C’est pourquoi les réceptions de Winifred Elders étaient toujours très suivies. On arrivait vers trois heures, et ceux qui venaient de loin trouvaient élégamment servi un thé copieux, que l’on prenait, soit sous les ombrages du jardin, soit dans le jardin d’hiver, puis, tandis que les perso

Ce mercredi-là, en dépit d’une température exquise et d’un soleil radieux, la réception de Winifred Elders ne présentait pas le caractère de gaieté et d’entrain qui lui était habituel.

— Enfin, interrogea miss Edith, fille d’un haut fonctio

— Hélas, mademoiselle, répondit le militaire, la situation est grave.

— Colonel, vous êtes comme le sphinx, vous parlez par énigmes, un peu de lumière s’il vous plaît.

— Ma foi, madame, le British Queen, ce beau steamer arrivé hier d’Angleterre, n’a pas obtenu des autorités du port la permission d’accoster, et cela, parce qu’une épidémie s’est déclarée à bord. La quarantaine est d’ailleurs décidée.

— Une épidémie ? mais de quoi ?

Le colonel expliqua à voix basse, d’un ton ému :

— C’est la peste, dit-on, qui est à bord du British Queen, elle aurait déjà fait de terribles ravages.

Un mouvement de stupeur succéda aux déclarations de l’officier.

Un jeune fonctio