Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 15 из 77

– Quoi ? Il n’était pas au port pour accueillir sa fiancée ?

– Mon Dieu non ! Il chassait au Tyrol. Il n’a jamais jugé utile de se do

– Et le peu d’empressement de son époux ne l’a pas blessée ?

– Non. On lui a parlé d’affaires d’État et, depuis l’enfance, c’était un argument qu’elle avait appris à respecter. Vous savez, elle était sans doute la plus accomplie parmi toutes les princesses de son âge…

– Vous en parlez comme si vous l’aviez co

Sans répondre, Fuente Salida se leva, alla prendre dans un coin obscur de la pièce un paquet enveloppé de grosse toile qu’il déballa, révélant le portrait qu’il posa sur sa table, adossé au grand candélabre chargé de bougies à demi fondues qui l’éclairait :

– Regardez ce doux, ce ravissant visage, si jeune et si grave cependant ! Il était celui d’une jeune fille parée de toutes les qualités, d’une vive intelligence, douée aussi pour les arts : Jea

« Je ne vais pas vous raconter son histoire : nous y passerions la nuit. Je vous parlerai seulement de ce qui vous intéresse : le rubis. Vous devinez sans peine qu’après les premières nuits d’amour – car il l’a aimée lui aussi, avant de la traiter en quantité négligeable pour mieux retourner à ses maîtresses ! – elle lui a offert le joyau qu’il portait avec orgueil… jusqu’au jour où elle s’aperçut qu’il ne le portait plus. La pauvre enfant a osé demander ou était son présent. Philippe répondit avec légèreté qu’il pensait l’avoir égaré mais qu’on le retrouverait bien un jour ou l’autre…

– Et on l’a retrouvé ?

– Oui. Trois ans plus tard. L’Histoire avait marché à pas de géant. Le frère de Jea



« La colère de la princesse fut terrible. Le lendemain, elle faisait saisir la Flamande par ses femmes et, insensible à ses cris, non seulement elle lui arracha le bijou mais, à l’aide d’une paire de ciseaux, elle massacra sa somptueuse chevelure avant de taillader son visage. Philippe vengea sa maîtresse en traitant sa femme comme une bête malfaisante et à coups de fouet ! Elle fut si malade à la suite de ce traitement que le bellâtre eut peur de la colère de ses beaux-parents si elle venait à mourir. Craignant surtout de perdre ses droits au trône d’Espagne, il entreprit de se faire pardo

« Isabelle la Catholique mourut et les deux époux repartirent pour l’Espagne afin de s’y faire reco

« Quand il rendit le dernier soupir, Jea

– C’est à ce moment-là que sa folie a éclaté : on ne pouvait l’arracher au corps de son époux qu’elle traîna après elle à travers l’Espagne…

– Quand Philippe est mort, il s’agissait plutôt d’un désespoir poussé au paroxysme. C’est vrai que la nuit qui a suivi les funérailles provisoires, elle est allée à la Chartreuse de Miraflores où le corps était déposé pour se faire ouvrir le cercueil et couvrir son époux de caresses et de baisers. J’ajoute qu’à cet instant, elle lui a passé au cou le rubis comme elle l’avait fait au temps de l’amour. Elle ne se résignait pas à l’enterrement et décida d’emmener le corps à Grenade pour qu’il y repose en roi auprès d’Isabelle la Catholique. Et c’est là que commence le cauchemar. À Noël 1506, Jea

« Ouvrez le cercueil !

« Elle est tenaillée par la peur qu’on enlève ce corps qu’elle idolâtre. D’autant plus que, enceinte de son cinquième enfant, elle sait qu’elle va devoir s’arrêter pour le mettre au monde. Elle redoute particulièrement les femmes, même les religieuses, et elle ne tolère aucune halte dans un couvent féminin. Alors, elle s’assure qu’il est toujours là et des services funèbres sont dits trois fois par jour.

« C’est à Torquemada que va naître la petite Catalina, le 17 janvier, mais on devra prolonger cette station : une épidémie de peste dévastait la Castille et c’est seulement à la mi-avril que l’on put reprendre la route… toujours dans les mêmes conditions nocturnes et effrayantes. Si une femme osait s’approcher du cercueil, elle était mise à mort !

« À la moitié du voyage, la suite royale épuisée et horrifiée pense qu’il faut mettre un terme à ce périple et se tourne vers le père de la Reine : ce Ferdinand d’Aragon chassé de Castille par Philippe le Beau et qui est parti pour son royaume de Naples avec sa jeune épouse, la Française Germaine de Foix. Or, justement, il a

« La rencontre avec Jea

« Des femmes ! Les Clarisses sont des femmes et, cela, Jea