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— Pourquoi donc ?

— Pour s’emparer du cadavre et lui planter un pieu dans la poitrine. Ils disent qu’elle s’est détournée d’eux parce qu’elle a commercé avec le Diable et qu’elle est devenue un vampire. Des voyageurs qui seraient allés là-bas rien seraient jamais revenus…

— Vous y croyez, vous ?

— À quoi ? Aux vampires ? Tout le monde y croit plus ou moins en Transylvanie. Pour Ilona – c’est comme ça qu’elle s’appelle comme ses mères et grand-mères – j’ignore ce qu’il y a de vrai. Les tziganes ont beaucoup d’imagination, vous savez, mais là, je me demande parfois s’ils n’ont pas un peu raison. On dit, chez nous, qu’il n’y a pas de fumée sans feu…

— On le dit chez nous aussi. Et… c’est loin, cette charmante demeure ?

— Environ vingt kilomètres en remontant le cours de la Tirnava Mare… mais ne me dites pas que vous avez l’intention d’y aller voir ?

— Il faudrait bien pourtant, fit Aldo. Je vous rappelle que nous écrivons un livre et cette histoire serait passio

Schaffner alla chercher la bouteille de tsuica et remplit généreusement les « toiu », les minuscules carafes que les trois autres s’empressèrent de vider.

— Je vous en do

— C’est bien notre intention.

— Il faudra aussi… Otto hésita, toussota, la mine un peu gênée, puis se décida à achever : me régler votre dépense jusqu’ici. Quand vous reviendrez nous repartirons sur de nouveaux frais…

— Il a eu le bon goût de ne pas ajouter « si vous revenez », commenta Adalbert un peu plus tard tandis que tous deux remontaient dans leurs chambres, mais il n’a pas l’air d’y croire beaucoup, à notre retour. Tu crois qu’on devrait prendre sa mise en garde au sérieux ?

— Il faut toujours prendre une mise en garde au sérieux, quelle qu’elle soit. Ce que je me demande, moi, c’est si cette Ilona a lu ton fameux bouquin ou vu un film de vampires au cinéma ? Tout y est : les chiens féroces qui remplacent les loups, les valets à tout faire, le vieux château. Tout ça me paraît surtout destiné à écarter les âmes simples mais curieuses.

— Autrement dit, elle doit avoir toujours les émeraudes et elle les fait garder en conséquence ?…

— C’est ce que pensait Salomé et je crois Salomé. Notre hôte, lui, n’a pas l’air au courant…

— Parce qu’il n’en a pas parlé ? Ce ne sont pas des choses que l’on confie à des étrangers. La convoitise fait assez facilement oublier la peur. Alors que faisons-nous ?

— On y va, bien sûr, et dès demain ! Mais cette fois, il faut convaincre Hilary de rester ici.

C’était plus facile à dire qu’à faire. Quand on descendit le lendemain matin pour le petit déjeuner, miss Dawson, l’esprit et l’œil clairs, refusa une fois de plus de rester en arrière avec l’obstination d’une petite fille à qui l’on veut arracher son Nounours préféré :

— Je ne quitterai pas Adalbert et Adalbert ne me quittera pas, affirma-t-elle. Où il ira, j’irai !

Aldo sentit la moutarde lui monter au nez :

— Quel âge avez-vous ? demanda-t-il brutalement. Trois ans ? Quatre ans ?

— Vingt-trois ! fit-elle en rougissant mais si vous étiez un gentleman, monsieur le prince, vous devriez apprendre que ce n’est pas une question que l’on pose à une dame.

— Je voulais seulement préciser un point : si vous avez vingt-trois ans, comment avez-vous fait pour les vivre sans Adalbert ?





— Je n’affrontais pas les mêmes problèmes.

— Écoutez : nous devons rendre visite à une châtelaine des environs qui déteste les femmes et qui, en outre, est peut-être une folle dangereuse. Vous allez nous compliquer l’existence.

— Mais je ne vous empêche pas d’y aller tout seul ! fit-elle avec aigreur. Après tout, vous aussi vous pouvez sortir sans lui…

— Hilary, protesta Adalbert, je dois y aller aussi : cela fait partie de mon travail. Soyez un peu raiso

— Non. Pas en ce qui vous concerne. Vous m’êtes… très cher, ajouta-t-elle en rougissant de plus belle.

À cet instant, la porte de la salle s’ouvrit pour livrer passage à un curieux cortège : un pope vêtu d’une robe noire et d’une étole dorée, armé d’un encensoir, entra, suivi de trois petits garçons qui semblaient jouer les enfants de chœur. Sans regarder perso

— Qu’est-ce que cette comédie ridicule ? s’écria-t-elle mais ce fut Schaffner qui lui apporta la réponse un peu plus tard sur un ton rogue démontrant clairement qu’il n’appréciait pas la protestation :

— Il faut bien, de temps en temps, faire bénir les maisons… que diable ! C’est une coutume à laquelle nous tenons ici !

Mais Aldo et Adalbert échangèrent un coup d’œil : ils devinaient que leur hôte avait dû juger bon de convoquer le pope avant de voir ses clients partir pour une expédition aussi risquée… Et lorsqu’ils partirent, une heure plus tard, dans la solide charrette attelée de deux gros chevaux qu’il avait réussi à leur trouver, il resta sur le seuil de son auberge à les regarder s’éloigner. En se retournant, Aldo vit qu’il traçait dans l’air et à leur intention un grand signe de croix avant de se signer lui-même :

— En voilà un qui ne s’attend pas à nous revoir vivants ! marmotta-t-il à l’usage d’Adalbert assis auprès de lui.

Hilary, enveloppée de fourrures et de deux couvertures, s’était installée à côté du cocher sous une espèce d’auvent censé les protéger des précipitations célestes. Le temps, cependant, était moins froid. La neige qui était la première de l’a

— Je vous attendrai à l’auberge d’un petit village qui est à deux petits kilomètres du château…

— Vous ne nous emmenez pas jusqu’au bout ? protesta Adalbert en se promettant bien de dire, au retour, quelques mots bien sentis à Schaffner. Mais il y a une dame avec nous ?

— Elle peut rester avec moi si elle veut. D’ailleurs ça s’rait bien mieux pour elle…

— Mais enfin, pourquoi ?

Au même moment, un hurlement éloigné mais, très reco

— Vous entendez ? dit le cocher. Les loups ! Je ne veux risquer ni mes chevaux ni ma peau…

Rien ne put l’en faire démordre et il fallut bien se résigner à exposer la situation à Hilary : la peur de l’homme était réelle. Elle laissait supposer qu’il y avait peut-être, au bout de la route, un danger plus réel que ne le laissaient supposer les superstitions locales. Miss Dawson posa quelques questions touchant cette femme mystérieuse vers laquelle on se dirigeait. Adalbert lui en dit ce qu’il savait, c’est à dire pas grand-chose, et termina son discours en précisant :

— Une chose est certaine : elle déteste les autres femmes et la conclusion logique de ceci est que vous allez nous attendre tranquillement à l’auberge…

Il avait fait preuve de toute la fermeté dont il disposait mais la jeune fille lui rit au nez avant de lancer d’un ton offensé :