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— Je veux le voir !

— Cela ne me paraît pas indispensable. Je tiens à ménager votre sensibilité, ma chère. Je ne l’ai pas vu depuis un moment mais il ne doit pas être agréable à contempler… Alors, voilà ce que nous allons faire : le prochain train pour Venise part…

Il alla chercher un indicateur des Chemins de fer et le feuilleta jusqu’à ce qu’il ait trouvé ce qu’il cherchait :

— Voilà ! Il part demain soir de la gare de Lyon. Alors, en attendant, nous allons vous garder ici afin que vous puissiez prendre quelque repos et demain nous vous ramènerons à la gare et resterons avec vous… ou plutôt quelqu’un vous accompagnera jusqu’à Venise : une femme, soyez tranquille, et qui nous est toute dévouée. Elle pourra ainsi veiller aussi sur la princesse quand ses médecins lui permettront le voyage. Que pensez-vous de cet arrangement ?

— Que vous êtes un homme malho

Il haussa les épaules avec un petit rire méchant :

— Mais non, je suis très humain ! Ainsi, félicitez-vous d’être aussi laide, sinon je vous aurais peut-être proposé une façon plus agréable de passer le temps… Timour ! appela-t-il en élevant la voix et en frappant dans ses mains.

Ce qui fit apparaître un perso

Le Timour en question approuva de la tête et coinça aussitôt un bras de la fausse secrétaire dans une poigne qui lui do

— Dormez bien, ma chère ! dit l’homme au foulard. Nous nous reverrons demain, avant votre départ ! En attendant, soyez tranquille, on vous apportera de quoi ne pas mourir de faim… Vous m’avez apporté de trop belles choses pour que je lésine sur votre nourriture !

Resté seul, il retourna vers la table, ôta son foulard et plongea ses longues mains avides dans la masse scintillante… Son regard noir brûlait de tous les feux de l’enfer.

Il était plus de dix heures du soir quand le taxi du colonel Karloff pénétra tous feux éteints et avec une sage lenteur dans le petit jardin de La Tronchère. Adalbert, qui ne tenait plus en place, se précipita à la portière :

— Vous y avez mis le temps ! émit-il dans un souffle indigné. Qu’avez-vous bien pu fabriquer ?

— D’abord il a fallu qu’on me trouve, fit la voix de basse taille de l’ancien cosaque. Et ne rouspète pas ! On a fait aussi vite qu’on a pu !

— On a perdu beaucoup de temps en cherchant Romuald, renchérit Théobald. Et malheureusement on ne l’a pas trouvé !

— Il est parti où, celui-là ? En vacances ? Chez sa mère malade ? En reportage ?

— Ça, c’est moi que ça vise ! dit Martin Walker qui sortait du taxi par la portière opposée. Il est vrai que je vous dois un tas d’excuses.

— Ce n’est pas à moi que vous les devez ! gronda Adalbert. D’où sortez-vous ?

— De chez vous dans l’immédiat et avant de chez le commissaire Langlois. Mais est-ce que cette conférence ne pourrait pas se tenir à l’intérieur ? Il fait frisquet !

Adalbert approuva d’un signe de tête et l’on entra dans la maison au seuil de laquelle attendait La Tronchère. Chemin faisant, Théobald expliquait :

— M. Walker était chez nous quand Monsieur a téléphoné. Il a tenu absolument à m’accompagner et, comme je ne trouvais toujours pas mon frère, j’ai pensé qu’un homme jeune et sportif comme lui pouvait être utile.

— Tu as bien fait. Pouvez-vous me dire, vous, pourquoi vous avez disparu au moment où l’on avait réellement besoin de vous ? Grâce à vous Morosini est accusé d’un meurtre horrible et tous vos confrères l’ont traîné dans la boue.

— Mon excuse est que j’ignorais la mort de la comtesse. J’ai reçu tôt le matin une nouvelle qui pouvait nous do

— En Pologne ? C’était peut-être un peu loin ?

— Pour découvrir un assassin on ne va jamais trop loin. On m’a prévenu que l’on venait de découvrir à Varsovie des manuscrits de Napoléon Ier et qu’ils allaient être vendus aux enchères. J’ai pensé que notre Napoléon à nous n’y résisterait pas et que j’avais une chance de le pincer là-bas. Alors je suis parti…





— Et qu’avez-vous trouvé ?

— Rien. À la réflexion, le gouvernement polonais a interdit la vente au dernier moment. Alors je suis rentré et, comme j’avais pu me procurer un ou deux journaux français, je me suis précipité au quai des Orfèvres pour raconter notre nuit.

— On vous a cru, j’espère ?

— Oh oui ! J’ai tout de même écopé d’une engueulade : Langlois était furieux que je ne me sois pas manifesté plus tôt. Comme vous ! Enfin demain, la Presse entière rendra justice à votre ami. Et moi, je vous offre mes excuses bien sincères. Comme je les lui offrirai quand on le retrouvera…

Le jeune homme était visiblement ému et bourrelé de remords. Adalbert lui tendit une main et de l’autre, lui assena une tape sur l’épaule.

— À condition qu’on le retrouve vivant ! Je suis presque persuadé qu’il est ici…

— Racontez !

Les cinq hommes étaient à présent réunis dans le salon si étrangement orné de merveilles pharaoniques dont la vue avait soulevé jusqu’au milieu du front les sourcils broussailleux du journaliste :

— Nous sommes chez un de vos confrères ?

— En quelque sorte. J’ajoute que de la fenêtre du premier étage nous avons vu arriver une voiture qui s’est arrêtée derrière la maison avant de se rendre au garage. Tout était éteint mais il nous a semblé qu’il y avait dedans une femme…

— Ils sont nombreux là-dedans ?

— Aucune idée ! Il y a au moins les deux hommes qui vie

— Bien sûr que non. D’abord nous ne sommes pas certains d’avoir trouvé l’endroit où est détenu le prince, ensuite, s’il y est, l’apparition d’uniformes pourrait signifier sa mort… On y va ?

— Venez d’abord au premier pour reco

Dans la chambre obscure ils observèrent un moment la maison voisine, et ce qu’ils virent n’était pas réjouissant. La voiture avait été rentrée au garage mais il y avait un homme armé en sentinelle aux deux entrées, celle du perron et celle de l’arrière, et pour les atteindre il fallait avancer en terrain découvert.

— Il faudrait pourtant entrer là-dedans, fit Walker.

— Il y a une solution, dit tranquillement Adalbert. Par le toit !

— Ce hérissement de clochetons, de créneaux et de pentes ardoisées ? Vous êtes fou !

— Clochetons ou pentes ardoisées ont des petites fenêtres ou des lucarnes, do

— Jamais, non. J’ai le vertige !

— Gênant ça ! Moi si ! J’ai commencé avec les Pyramides et la Vallée des Rois.

Il n’ajouta pas que, lorsqu’il travaillait pour le Deuxième Bureau, il lui était arrivé de grimper le long de bâtiments tout aussi rébarbatifs. Et même plus ! Dire qu’il y avait des gens pour dire du mal du style « troubadour » ! Escalader cette horreur tarabiscotée ne devait pas être au-dessus de ses moyens.

— On va se partager le travail ! Moi je grimpe là-haut et vous vous postez dans les fusains que vous voyez là-bas, de façon à surveiller la sentinelle de l’arrière. Quant à Théobald il va rester sur le mur pour garder l’échelle que je vais demander, la tenir à disposition et faire le guet.

— Et moi, grogna Karloff, je ne fais rien ?

— Vous tenez compagnie à notre hôte et vous gardez votre taxi prêt à démarrer au cas où il faudrait prendre le large. Et maintenant, Messieurs au travail ! La Tronchère, trouvez-moi une échelle !