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— Moi, je sers quelqu’un ?

— Il n’y a là rien de honteux surtout quand la cause est belle, et la vôtre serait… impériale ?

La Russe rougit, ce qui lui allait bien d’ailleurs, et parut se détendre imperceptiblement :

— Comment s’appelle votre ami ? Celui qui n’a pas parlé de moi ?

— Le prince Morosini. Il est vénitien, antiquaire, collectio

— Que lui veut-il ?

— Je ne sais pas. Parler d’avenir et peut-être l’aider, si sa filiation était établie, à recouvrer une partie au moins des anciens Joyaux de la Couro

Le ton grave, chaleureux même et persuasif de Marie-Angéline changeait peu à peu l’atmosphère. Marie Solovieff parut tout à coup très e

— Ce que vous dites est très intéressant et je suis heureuse d’apprendre qu’il se trouve des gens capables de se rendre compte de ce qu’il représente. C’est un grand homme, vous savez ? Ses plans d’avenir parlent de paix, d’entente entre les hommes. Même si, pour l’instant, les événements le contraignent à employer la violence…

— Nous n’en doutons pas un seul instant, ma chère. Et c’est pourquoi le prince appelle de ses vœux une entente…

— Je voudrais bien vous aider ! soupira Marie Solovieff. Seulement je ne sais pas où il est en ce moment.

— Oh, il n’y a pas le feu et nous pouvons attendre. Une entrevue de cette importance se prépare avec soin. Do

— Je ne la co

— Vraiment ? C’est difficile à croire.

— Pour vous peut-être, mais pas pour moi. Il est normal qu’il s’entoure de quelque mystère sinon il n’aurait guère de chance de mener à bien son destin. Donc il se cache et c’est naturel…

— Croyez-vous ? Lorsque l’on a confiance dans ses fidèles…

— On peut faire confiance sans tout révéler. Ainsi, moi j’ai entendu sa parole, fit Marie d’un ton extatique, mais je ne l’ai jamais vu…

— Voilà qui est encore plus incroyable, dit Marie-Angéline en se demandant si cette femme ne se payait pas sa tête. Comment se vouer à quelqu’un sans le co

— Ceux qui servent le Christ le font depuis des siècles, s’écria la fille de Raspoutine en se signant plusieurs fois à toute vitesse. Mais quand je dis que je ne l’ai jamais vu, ce n’est pas l’exacte vérité. En fait, je me suis trouvée plusieurs fois en sa présence, mais je n’ai jamais vu son visage. Je ne co

Cette fois on nageait en plein mysticisme. Restait à savoir s’il était réel ou simulé.

— Choisie pour quoi ?

— Parce qu’il m’aime. Il me l’a dit.

— En ce cas pourquoi tout ce mystère ? Votre père aussi s’était tracé un destin, mais il le suivait à visage découvert.





— Ce n’est pas la même chose. Le chemin de mon père vénéré était celui de la lumière et de la victoire. Napoléon, lui, doit marcher dans l’ombre afin de se dérober à ses e

Et voilà ! On nageait toujours en plein délire mystique.

— Vous ne vous prendriez-vous pas un peu pour sainte Thérèse de Lisieux ? marmotta Marie-Angéline agacée. Vous êtes prête à épouser un homme que vous ne co

— Oui, parce que j’ai entendu sa voix ! Elle ensorcelle comme une incantation. Une telle voix ne peut appartenir à un monstre. En outre, il sait si bien veiller sur moi et sur mes enfants ! Il nous entoure de tant de soins ! Ainsi je suis toujours escortée lorsque je sors…

— Comment vous êtes-vous fait cela ? fit Marie-Angéline en désignant le pied bandé.

— Le plus bêtement du monde ! Je suis tombée dans l’escalier… D’ailleurs je ne sais pas si je retournerai au théâtre. « Il » ne le souhaite pas.

— C’est compréhensible, dit Marie-Angéline qui se leva en soupirant. Eh bien, je crois que vous n’avez pas besoin de notre secours et je vais vous quitter.

Une lueur s’alluma dans les yeux noirs :

— N’avez-vous pas dit que vous m’apportiez de l’argent ?

— Je l’ai dit, en effet, mais ces dames du comité vous croyaient dans la misère, et puisque votre illustre protecteur ne vous laisse manquer de rien…

— Un petit supplément n’a jamais fait de mal à perso

Les dimensions du perso

— Les secours de l’Aide aux réfugiés ne sont pas destinés à acheter des bonbons, déclara-t-elle.

— Et pourquoi pas ? Ça dépend des besoins qu’on a. Je suis sûr qu’il y en a qui transforment votre argent en pinard, ou en vodka si vous préférez…

En même temps l’homme dont l’accent faubourien n’était certainement pas né sur les bords de la Neva tendait une main large comme une assiette :

— Allons, un bon mouvement ! continua-t-il. Le patron est en voyage pour le moment et faudrait penser à acheter du charbon pour la cuisinière…

Marie-Angéline comprit qu’elle ne serait pas la plus forte. Ouvrant son sac à main elle en tira un billet de cent francs que l’autre considéra avec mépris :

— Sont pas très généreuses, vos bo

Et, s’emparant du sac, il en tira quatre autres billets que Mme de Sommières avait mis à la disposition de la fausse dame d’œuvre.

— Ben voilà ! fit-il avec satisfaction. On va se sentir mieux, nous autres, et vous, ma petite dame, vous vous sentirez plus légère. À présent je vous reconduis, dit-il en la prenant par le bras pour la ramener à l’escalier sans lui laisser le temps d’un au revoir quelconque. Bien le bonjour chez vous et ne vous gênez pas nous revenir prendre de nos nouvelles…

Après quoi, la porte du palier claqua derrière Marie-Angéline.

Lorsque la Panhard-Levassor eut mis quelque distance entre elle et le boulevard Rochechouart, Marie-Angéline perdit son maintien digne pour se laisser aller sur les coussins, ôta sa voilette et s’éventa avec son chapeau. Elle se sentait déçue car elle espérait beaucoup de cette visite. Or, elle s’était fait délester de cinq cents francs en échange de quoi ? Absolument rien, sinon que la fille de Raspoutine était entièrement à la dévotion de « Napoléon VI », qui était sans doute fort intelligent car il avait su jouer sur l’attrait du mystère en même temps que sur les rêves de gloire et de richesse d’une femme passablement malmenée par la vie. Quant à son protecteur, le portrait qu’elle en avait fait était des plus vague : grand, silhouette élégante, voix charmeuse, le tout emballé dans un manteau et un feutre noir à bord baissé. Rien de très excitant. Le gardien de Mme Solovieff avait bien dit qu’il était en voyage, mais il n’y avait aucune raison de le croire. En fait, tous ces gens formaient une assez jolie bande de malfaiteurs, à l’exception sans doute de cette Marie dont on exploitait la naïveté et le besoin d’être reco

— Je dois vieillir ! murmura-t-elle avec un nouveau soupir. Et ce n’est pas gai…