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— Et qui était cet… employeur ? fit Morosini, diplomate.

— Le prince Félix Youssoupoff, le neveu du tsar par mariage… Celui qui a tué Raspoutine !

— Oh, je vois ! Et que faisait-il chez lui ?

— C’était son valet !

Et cette fois Masha cracha pour de bon avant d’ajouter :

— C’est pourquoi nous l’avions rejeté de la tribu. Un vrai tzigane ne saurait être le valet de qui que ce soit ! Mais le prince Félix était extrêmement beau. Il était fabuleusement riche et très séduisant parce que c’était un artiste. À Saint-Pétersbourg il venait souvent chez nous. Il jouait de la guitare, il chantait, il dansait avec nous. Je reco

— Comme valet, vous êtes sûre ? demanda Morosini devant qui ce bref récit ouvrait des horizons un rien équivoques.

Masha saisit sa pensée pour s’en indigner :

— Pas comme amant, si c’est à cela que vous pensez ! Avant son mariage, je ne dis pas, mais depuis qu’il a épousé la princesse Irina, Youssoupoff lui est resté fidèle, du moins je crois, ajouta-t-elle prudente. Il faut dire aussi qu’elle est belle comme la Péri, la fée des eaux de la Volga.

— Ne les co

— Après ? Nous n’avons plus rien su de lui jusqu’à ce matin des bords de la Seine. Nous avons subi une révolution, vous savez ? ajouta-t-elle narquoise.

Elle commençait à agacer Aldo qui haussa les épaules :

— Je suis au courant, merci ! J’ai des amis russes. Revenons-en au bord de l’eau si vous le voulez bien. Vous avez donc recueilli l’enfant prodigue et lui avez pardo

— Moi seule… parce qu’il est mon petit frère et que je n’ai jamais pu m’empêcher de l’aimer… quoi qu’il ait fait. Les autres, les hommes, n’ont rien voulu entendre : pour eux ce n’était plus un « rom ». Cependant, ils m’ont laissé les mains libres en se contentant de dire qu’à condition de ne pas leur en parler je pouvais faire ce que je voulais… Alors je m’en suis occupée. Je co

— Qui sont ?

— Vendre ceci le plus cher possible afin d’avoir assez d’argent pour faire sortir de Russie la fille qu’il aime. C’est possible si l’on en a les moyens et si l’on co

— Autrement dit : ça coûte une fortune et on arrive à moitié mort ?

— Pas tout à fait. Lui n’avait rien et il a pris des risques insensés pour arriver jusqu’ici avec cette perle. Il a subi tout ça par amour pour elle… et je ne suis pas certaine qu’elle le mérite.

— Parce que ce n’est pas une « rom » ?

— S’il n’y avait que cela ! soupira Masha en haussant ses épaules dodues. Mais surtout elle ne vaut pas cher. Elle s’appelle Tania Radoff. C’est une chanteuse, pas vilaine d’ailleurs, et elle a fourré dans la tête de cet imbécile de l’emmener en Amérique où, sans aucun doute, tous deux feraient fortune. Je sais bien ce qu’elle y ferait en Amérique : elle trouverait un autre imbécile, riche celui-là, et elle laisserait tomber Piotr…

— On ne peut pas dire qu’elle vous inspire un enthousiasme délirant, ironisa Morosini, mais c’est souvent le lot des belles-sœurs. Cela dit, qu’en faisons-nous ? ajouta-t-il, élevant sur sa paume la fabuleuse perle endiamantée. On la remet à sa place ?

— Vous êtes fou ? Pour qu’elle tombe dans les mains de n’importe qui ? Elle est arrivée là où elle devait aller : chez un co





— Pour qui ? Vous oubliez qu’on vient d’enlever votre petit frère et certainement pas pour l’emmener souper aux Halles ! En ce moment même il passe peut-être de fort désagréables moments…

— Taisez-vous ! Vous croyez que je n’y pense pas ? gronda la tzigane.

— Ça n’a jamais fait de mal à perso

— Il a déjà été torturé et il n’a pas parlé…

— Je vous répète que les forces ont des limites. La suite logique veut que les ravisseurs se précipitent ici pour voir s’il leur a dit la vérité. S’ils ne trouvent rien, ils recommenceront à le questio

Masha détourna les yeux et se mit à tourner en rond en resserrant le châle bariolé autour de sa vaste perso

— S’ils ont la perle ils le tueront quand même ! murmura-t-elle.

— Vous avez peut-être raison, mais nous pouvons peut-être essayer de les faire payer. Voici ce que nous allons faire…

— Vous avez une idée ?

— Elle vaut ce qu’elle vaut ! D’abord, remettre cette boîte à sa place. Après l’avoir vidée de son contenu, se hâta-t-il d’ajouter pour couper court à toute protestation. Ensuite vous allez repartir avec le taxi qui doit commencer à s’impatienter. Prenez de quoi le payer, fit-il en sortant quelques billets de son portefeuille.

— Et vous ? Vous rentrez à pied ?

— Moi je ne rentre pas. Je vais attendre.

— Ici ? Pour vous faire enlever ?

— Aucun goût pour ça ! Je vais demander l’hospitalité à l’expéditio

— Et vous ferez quoi, tout seul ? Ils peuvent revenir plus nombreux !

— Vous voulez vous décider à prévenir la police ?

— Surtout pas ! Ces gens-là n’ont jamais compris le russe !

— Alors faites ce que je dis et d’abord disparaissez ! Tant que le taxi restera planté devant la maison, perso

Tout en parlant, il glissait la « Régente » dans la poche de son smoking, puis, après avoir choisi dans les cendres un morceau de bois non brûlé ayant à peu près la même taille et la même forme, il refit soigneusement le petit paquet d’ouate, non sans dommages pour son impeccable pantalon noir, ses mains et les manchettes de sa chemise blanche.

— Partez maintenant ! ordo

Elle obéit en silence. Seules les marches de l’escalier grincèrent sous son poids. Pendant ce temps Morosini s’époussetait de son mieux puis se lavait les mains au robinet du palier et se les essuyait avec une serviette trouvée par terre. Après quoi il alla frapper à l’autre porte.

Elle s’ouvrit instantanément. Intrigué au plus haut point par ce qui se passait chez son voisin d’en face, Théodule Mermet n’avait pas dû bouger de là et quand cet homme si élégant lui demanda la permission de rester chez lui quelques heures, il accepta avec l’enthousiasme de quelqu’un qui flaire un peu de sensatio