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— C’est exact et moi, maintenant, je viens vous voir parce que j’en ai assez de cette histoire, commissaire ! Mes affaires me réclament et je voudrais bien revoir Venise.
— Vous auriez pu le faire plus tôt. Il suffisait de me dire la vérité au lieu de jouer à cache-cache avec moi. Mais, pour la bo
— En effet. Sa sœur voulait me la confier pour que je la vende. Nous l’avons trouvée ensemble et vous co
— Je l’ai rencontré et je suis pleinement d’accord avec vous. Je sais aussi qu’il a vendu certains des joyaux emportés par lui de Russie et, si je vous suis bien, il a refusé celui-ci ? Mais pourquoi ?
— Il n’a pas voulu y toucher. Superstition ou prémonition, toujours est-il qu’il m’a dit de m’en charger et de le vendre au plus vite, l’argent récolté devant servir à alléger la misère de ses compatriotes et assurer le sort du petit Le Bret, le jeune garçon qui a osé suivre les ravisseurs du tzigane. Je suis donc reparti avec et je l’ai confiée à Maître Lair-Dubreuil. Et voilà où nous en sommes…
— Pourquoi n’achetez-vous pas vous-même on ne faites-vous pas acheter par votre beau-père ! Vous êtes tous deux collectio
— Parce que moi non plus je n’en veux pas. Traitez-moi de Vénitien superstitieux si vous voulez, mais je ne veux pas faire entrer la « Régente » dans la maison où vivent ma femme et mes enfants. Pas davantage chez Moritz Klederma
— Soyez sûr que je m’y efforce. En attendant vous souhaitez que je la garde ?
— Exactement. Au fond c’est une pièce à conviction et je ne pense pas que l’assassin oserait s’en prendre à votre forteresse. Quant au petit Le Bret, je vais dès à présent me charger de son avenir. Les réfugiés, eux, attendront qu’il soit possible de mo
— Oh, je vous comprends. Cependant je ne peux le garder.
— Mais… pourquoi ? fit Aldo affreusement déçu.
— Je pourrais vous dire que nos coffres ne sont pas assez solides mais surtout la loi ne nous autorise pas à nous charger de ce qui n’est pas vraiment une pièce à conviction puisque l’assassin ne l’a pas eue en main. Vous pourriez la confier à la Banque de France avant de partir ? Parce que, bien sûr, vous souhaitez que je vous rende votre liberté, ajouta Langlois avec un demi-sourire.
— Vous voulez dire que j’en rêve !
— Eh bien partez ! Si j’ai besoin de vous, je saurais toujours où vous trouver ! Je crains même d’avoir un peu abusé de mes pouvoirs…
Emporté par une grande vague de soulagement, Morosini aurait volontiers embrassé le commissaire qu’il remercia avec chaleur. Du coup, il récupéra l’écrin sans se faire prier davantage.
— Vous allez suivre mon conseil ? demanda Langlois.
— Pour la Banque de France ? Peut-être, si je ne parviens pas à m’en débarrasser rapidement. À ce propos, je suis invité demain à une soirée chez le maharadjah de Kapurthala et…
Brusquement, le commissaire partit d’un éclat de rire :
— Hé là ! Doucement ! Je sais bien que vous feriez n’importe quoi pour vous débarrasser de ce sacré bijou mais je vous rappelle que c’est un vieil ami de la France et même un excellent ami. Vous ne voudriez pas qu’on nous l’assassine ici ? Si vous n’avez pas pitié de lui, ayez au moins pitié de moi ajouta-t-il en retrouvant son sérieux. Alors si vous emportez votre joyau maudit à la réception, tâchez que cela ne se termine pas dans un bain de sang. Cela dit, je vous souhaite bon retour dans votre merveilleuse Venise. Si d’aventure j’avais à nouveau besoin de vous je vous téléphonerais…
Langlois raccompagna son visiteur au seuil où ils se serrèrent la main :
— Au fond je suis très content de vous avoir rencontré, dit-il. À bientôt peut-être…
— Perso
— Bien entendu. Ah, pendant que j’y pense encore une question si vous voulez bien ?
— Mais… je vous en prie !
— La femme que vous avez suivie jusqu’à Saint-Ouen, vous pourriez la reco
— Oui.
— Et… vous n’avez aucune idée de son identité ?
L’espace d’un éclair, Aldo entendit Martin Walker plaider pour la malheureuse chargée d’un nom si pesant. Il revit de même les yeux suppliant de Marie. Si sympathique soit-il, Langlois restait un policier et on ne pouvait ajouter à une liste d’épreuves déjà longue :
— Aucune, dit-il fermement. À son accent je pense qu’elle est russe mais c’est tout ce que je peux en dire.
— Il faudra bien que je m’en contente !
Le maharadjah de Kapurthala habitait au bois de Boulogne un petit château blanc, construit sous le Second Empire près du champ de courses de Longchamp afin de permettre à son propriétaire d’alors de suivre les manifestations hippiques sans bouger de chez lui. Il se nichait dans la verdure, non loin du Moulin, et do
— On va sortir de là fripés comme des vieilles pommes et le cheveu en bataille ! prophétisa-t-il en s’introduisant dans le siège de cuir voisin du conducteur.
— Tout le monde ne peut pas se promener en gondole, riposta son ami. Et nous aurons toujours meilleure allure qu’avec tes chers taxis qui font affreusement bourgeois et qu’on aurait du mal à retrouver à la sortie. Si tu ne veux pas refaire tes boucles à l’arrivée, mets ça ! ajouta-t-il en lui tendant un casque de cuir semblable au sien. Tu auras l’air d’un aviateur !
Parvenus à destination, Aldo admira en co
Si Morosini s’attendait à évoluer dans un décor oriental, il put constater qu’il n’en était rien. À l’exception des fabuleux tapis de soie ancie
— Éto
— Et il est devenu maharadjah – ça veut dire grand roi, je crois ? – par l’opération du Saint Esprit…