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— Comment voulez-vous que je le sache ? s’exclama le commissaire-priseur. Un demi-fou ou un fou complet ?

— Ou simplement un type pourvu d’une aïeule qui a eu des bontés pour l’Empereur ? avança aimablement Adalbert. Comme pour Louis XV, on ne co

— Quel qu’il soit, cela n’apporte pas la solution à mon problème. Voulez-vous me dire à présent ce que je vais faire de cette foutue perle ?

Il fallait que Maître Lair-Dubreuil soit vraiment perturbé pour employer un terme aussi grossier, lui qui perso

— Le mieux serait que je vous la rende, mon cher prince.

Aldo n’eut pas le temps de répondre. Soudain, Georges Langlois fut à ses côtés :

— C’est donc bien vous… « mon cher prince »… qui l’avez mise en vente ? C’est ce que je pensais. Et de là à imaginer qu’elle n’est autre que le trésor disparu de Vassilievich, il n’y a qu’un pas, fit-il narquois.

— Et vous l’avez naturellement franchi ? Inutile de finasser davantage, concéda Aldo. C’est bien moi qui l’ai confiée à Maître Lair-Dubreuil.

— Et elle vient de la cheminée de la rue Ravignan ?

— Elle en vient.

— Voulez-vous me dire de quel droit vous vous l’êtes appropriée ? Cela a un nom, « mon cher prince », outre qu’il s’agit aussi d’une dissimulation de pièce à conviction.

Le ton devenait menaçant mais Aldo n’en avait cure. Maîtrisant de son mieux la colère qui montait, il se fit glacial :

— Perso

— Et bien entendu le prince n’est pas là pour confirmer vos dires ?

— Il est en Corse. Ce n’est tout de même pas le bout du monde ? Demandez-le-lui !

— Je n’y manquerai pas mais ça ne me dit pas pourquoi vous avez décidé une démarche contraire à la loi : la perle devait m’être remise !

— Et qu’en auriez-vous fait ? Vous l’auriez enfermée dans un coffre d’où elle ne serait sortie qu’aux calendes grecques. Or le désir de Youssoupoff est que le produit de la vente serve à améliorer le sort des malheureux…

— Elle vient de servir à tuer un homme. Vous trouvez que c’est mieux ?

Ce fut Lair-Dubreuil qui se chargea de la réponse en tendant le message :

— Et si j’en crois ceci, elle en tuera d’autres. Alors j’en reviens à ma première question : qu’est-ce que j’en fais ? ajouta-t-il en tirant le joyau de sa poche pour l’offrir sur sa paume étendue.

Le policier prit le papier, lui jeta un coup d’œil puis l’empocha avant de cueillir la « Régente » qu’il mira un instant sous la lumière crue de la salle :

— Il manquait à cette histoire un mégalomane ! Et je n’arriverai jamais à comprendre pourquoi, depuis des siècles, on s’est entre-tué pour des objets comme celui-là…

— Admettez au moins que c’est une merveille ! protesta Maître Lair-Dubreuil atteint dans ses amours secrètes.

— Oh, je vous le concède !…

Il prolongea sa contemplation pendant un instant :

— Les coffres de cette maison sont solides, j’imagine ?

— Nous possédons ce qui se fait de mieux. Même la Banque de France n’est pas mieux équipée…

— Alors enfermez-la, cette belle meurtrière, et cela jusqu’à ce que nous réussissions à mettre la main au collet du candidat empereur ! Ensuite nous verrons ce qu’il convient d’en faire car, naturellement, la vente à M. Van Kippert est caduque.

— L’adjudication a eu lieu. Son héritière peut décider de verser la somme convenue et la prendre.





— Elle doit avoir d’autres chats à fouetter mais si le fait se produisait, montrez-lui donc le message de Sa Majesté et dites que, quoi qu’il en soit, la France a droit de préemption puisque la perle fait partie des Joyaux de la Couro

— Parfait ! conclut Morosini. Et que faites-vous de moi ? Vous m’arrêtez ou je peux rentrer chez moi ?

— Ni l’un ni l’autre, « mon cher prince », fit Langlois avec l’ombre d’un sourire. Vous êtes un témoin d’importance et j’ai encore besoin de vous. Alors prenez votre mal en patience et profitez un peu du printemps parisien !

— Mais j’ai une maison de commerce, une épouse… sans parler de deux enfants !

— Je suis désolé… mais pourquoi donc la princesse ne vous rejoindrait-elle pas ? Les collections d’été sont paraît-il très réussies. À présent, si vous voulez bien m’excuser, l’enquête commence et je dois voir la famille.

En le regardant s’éloigner vers le groupe, dans lequel se distinguait Martin Walker, qui entourait le cadavre caché sous une couverture, Aldo espéra, pour le bien de la jeune Muriel, que la famille se compose d’autres membres que du « fiancé ». En se penchant sur la jeune fille qui sanglotait assise un peu plus loin, il se do

— Si on rentrait ? proposa Adalbert. Je ne sais pas ce qui m’arrive mais j’ai faim.

— On peut toujours aller grignoter quelque chose mais, si tu es d’accord, je t’emmène souper ce soir au Schéhérazade.

— Caviar, vodka, blinis, chachliks et tout ce qui s’ensuit ? Te sentirais-tu saisi par la débauche comme ce pauvre Vauxbrun ?

— Non. Je voudrais bavarder un peu avec Masha. Elle et ses frères sont partis dans les premiers.

— Alors va pour les délices de la vieille Russie ! Mais que penses-tu de la suggestion du commissaire ?

— Faire venir Lisa ? Est-ce que tu imagines que cela signifie aussi les jumeaux et leur nounou suisse ? Si tu as le goût du martyre, Théobald ne l’a sûrement pas !

— Mme de Sommières ?

— Tante Amélie ? Aux dernières nouvelles, elle n’est pas encore rentrée. Et puis je n’ai pas envie de mêler Lisa à cette aventure sulfureuse.

— Dommage ! soupira Adalbert qui cultivait un faible pour la jeune femme.

— Je le pense aussi. Tu n’imagines pas comme elle me manque… Et je ne peux même pas lui téléphoner pour éviter de mettre en fuite l’ombre du divin Mozart !

Mais si les Colloredo étaient hostiles à la bruyante so

— Comment as-tu deviné que j’avais tellement envie de t’entendre, mon cœur ? s’écria celui-ci.

— Peut-être parce que moi aussi j’en avais envie Dis-moi, quand penses-tu rentrer à la maison ?

— Pas maintenant, hélas, soupira Aldo. Cette désagréable affaire dont je t’ai parlé a eu aujourd’hui un prolongement : un milliardaire américain a été abattu en pleine salle des ventes au moment où il achetait la « Régente ». La police veut que je reste encore…

Au lieu d’une amère protestation, Aldo eut la désagréable surprise d’entendre ce qu’il crut bien être un soupir de soulagement :

— Ce n’est pas grave en ce qui me concerne mon chéri. Cela va nous permettre de prolonger notre séjour ici. C’est ce que je voulais te dire…

— Vous restez à Salzbourg ? Vous n’en avez pas encore assez des concerts et autres oratorios ?

— Non, nous ne sommes plus chez les Colloredo Je t’appelle de Rudolfskrone, où nous nous sommes installés hier. Nous avons rencontré à Salzbourg des amis anglais charmants, dont l’un est explorateur et aussi chasseur bien entendu. Grand-mère qui les aime beaucoup veut leur faire les ho

— En cette saison ? grogna Morosini qui n’aimait pas le ton allègre de sa femme… Ne devrait-elle pas mourir d’e

— Pourquoi pas ? Le printemps est ravissant à  Ischl et la saison des eaux commence à Pâques. En outre le temps est superbe !

— Et les jumeaux là-dedans ?

— Eux ? Ils sont ravis. Tu penses : ils ont une grande maison pour eux seuls, sans compter nos gens qui sont déjà à leurs pieds. Mais, au fait, si on te libère bientôt tu pourrais venir nous rejoindre ?