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— Rue Jouffroy ? Mais ton Théobald que j’ai vu l’autre jour ne m’en a rien dit ?

— Non… Pas rue Jouffroy !

Adalbert ôta le petit casque de cuir qu’il mettait toujours pour conduire, libérant une tignasse bouclée d’un blond de paille que la quarantaine argentait légèrement. Habituée, une mèche retomba aussitôt sur l’un de ses yeux, d’un joli bleu sainte-vierge dont la fausse candeur contribuait à conférer une sorte d’angélisme à sa figure ronde au nez retroussé, au teint recuit par des a

Pour l’instant et sous l’œil intéressé d’Aldo, cet ho

— Il faut te dire que tout ce que j’ai pu récolter au cours de ma déjà longue carrière ne se trouve pas dans mon appartement. J’ai acheté il y a… disons une dizaine d’a

— Es-tu en train d’essayer de me dire que tu possèdes ce que les tire-laine et autres cambrioleurs appellent une planque ?

— Oh ! Toujours les grands mots ! Tu es bien italien, toi ! Excessif en tout !

— Un, je ne suis pas italien mais vénitien et deux, j’aime appeler les choses par leur nom.

— Eh bien, justement ce n’est pas le nom. Je dirais plutôt… un petit musée privé où j’aimais aller de temps en temps, soupira Adalbert. Or il a été soigneusement vidé !… Dis-moi qu’est-ce que nous faisons arrêtés au bord de ce trottoir sous des arbres dont les feuilles commencent seulement à pousser ? On ne pourrait pas aller à la maison ? Théobald a dû préparer à déjeuner. Au fait, que faisais-tu rue du Mont-Thabor ?

— J’allais déjeuner à la Maiso

— Je déteste la cuisine russe ! À l’exception du caviar. Tu aimes ça, toi ?

— Le caviar, oui, mais j’avais besoin d’y aller. Je t’expliquerai tout à l’heure. Finissons-en avec ton histoire ! Que faisais-tu toi-même dans cette rue ?

— J’allais acheter des cravates quand j’ai aperçu mon bonhomme. Il faut te dire qu’il a disparu sans laisser d’adresse de son logement de la rue Jacob. Quand je l’ai aperçu, mon sang n’a fait qu’un tour. Tu co

— C’est idiot ! Tu aurais mieux fait de le suivre afin de voir où il allait. Cela m’éto

— Sans doute, sans doute, fit Adalbert d’un air détaché, mais je suis persuadé que mon bazar, comme tu dis, est déjà loin et je n’ai aucune preuve que La Tronchère y soit pour quelque chose !

— Une dernière question : comment se fait-il que tu ne m’aies jamais parlé de ton « jardin secret » et que lui soit au courant ? Tu l’y as emmené ?

— Tu rêves ? Je ne suis pas fou ! Il a dû me suivre un jour ou l’autre.

— Il est vrai que vouloir passer inaperçu avec un engin comme celui-ci relève de l’inconscience pour ne pas dire plus ! ricana Morosini en remettant en marche le moteur, qui se mit à pétarader joyeusement, faisant envoler les pigeons.





— Quand l’âme est pure, on n’a pas besoin de passer inaperçu ! fit vertueusement Adalbert. Accordons-nous à présent un instant de beauté parfaite ! Comment va Lisa ?

Vingt minutes plus tard, les deux hommes s’attablaient devant un admirable pâté de Houdan que leur servit un Théobald frémissant de joie devant cette soudaine reconstitution de ce qu’il appelait le « tandem ». Depuis les fiançailles avortées de son maître avec miss Dawson, le pauvre garçon craignait comme le feu de voir l’intruse refaire surface et reprendre son ancien empire sur Adalbert. Celui-ci avait beau dire qu’il n’aurait jamais rien à faire avec une voleuse doublée d’une aventurière, Théobald n’était vraiment tranquille que lorsque Morosini s’inscrivait dans son paysage quotidien ou quand Vidal-Pellicorne allait à Venise. Naturellement, tout en faisant son travail – le pâté fut suivi de coquilles Saint-Jacques au champagne absolument sublimes ! –, il ne perdit pas un mot du récit que fit le prince-antiquaire de son aventure montmartroise. L’aide qu’il pouvait apporter dans des circonstances difficiles était si précieuse, sa fidélité si absolue, que perso

— Dans un sens, conclut Morosini, tu m’as rendu service avec la séance de sauve-qui-peut que nous venons de vivre. J’avais l’impression d’être suivi depuis ma sortie du Ritz.

— Où tu ne vas pas rester une minute de plus ! s’écria Adalbert. Si le commissaire Langlois te fait suivre, il ne viendra pas te chercher ici. Quand il aura fini la vaisselle, on va envoyer Théobald chercher tes valises à l’hôtel. Il passera par la rue Cambon, se fera aussi discret que possible, et tu sais qu’il ouvre admirablement les portes ? C’est moi qui le lui ai appris !

— Mon Dieu, la bo

— Tu lui confieras une enveloppe avec de l’argent et une lettre qu’il laissera sur la cheminée.

— C’est que… il n’y a pas que mes bagages.

— Tu as laissé la perle au coffre de l’hôtel ?

— Non. Justement elle est dans ma chambre.

— Eh bien, tu n’auras qu’à lui dire où elle est. Tu peux lui faire confiance, tu sais ?

— Voilà une phrase de trop ! Je co

— Il ne va pas, il clopine : un coup de bêche sur le pied en faisant son jardin.

Une heure plus tard, chapeau melon et pardessus noir, l’allure parfaite du serviteur de grande maison, Théobald pénétrait au Ritz par l’entrée de la rue Cambon, gagnait sans encombre le second étage et arrivait devant la porte du 207 que, grâce à un passe-partout qu’il maniait avec la dextérité d’un professio

Un instant, mais sans paraître autrement ému, Théobald contempla le désastre. Puis son regard se leva vers le lustre à cristaux taillés où, après un examen attentif il crut discerner un renflement le long de la colo