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— Jusque-là nous sommes d’accord. Où je le suis moins c’est sur la suite. Au lieu de prévenir aussitôt la police, ce qui eût été normal, Masha Vassilievich rentre chez elle et vous, vous allez vous embusquer chez le voisin d’en face. Pour quoi faire, mon Dieu ?

— Pour voir ce qui pouvait se passer.

— Drôle d’idée ! Que vouliez-vous qu’il se passe ? Ils ont tout chamboulé dans l’appartement et ensuite emmené l’homme pour le faire disparaître…

— Non. Ils l’ont emmené pour l’interroger à leur façon dans un coin tranquille. S’ils avaient trouvé ce qu’ils cherchaient, il était plus simple de le laisser sur place étranglé ou égorgé.

Langlois eut un sourire en coin mais ses yeux ne quittaient pas le visage d’Aldo.

— La suite vous a do

Morosini haussa les épaules :

— De toute façon il était condamné. La meilleure preuve est qu’ils l’ont tué et jeté à la Seine sans même attendre le retour de leur envoyée.

— Hum ! Cela ne dit pas où sont passés les bijoux ? La grosse Masha peut-être ?

— Faites-lui crédit d’un peu d’intelligence. Pourquoi serait-elle venue me chercher pour constater qu’il n’y avait plus rien ?

— Et elle ne savait pas en quoi consistait le trésor rapporté par son frère ? Il est étrange que Piotr ne le lui ait pas dit.

— Elle n’a jamais parlé d’un trésor. Son frère lui a seulement dit qu’il s’agissait de quelque chose de très précieux… mais de peu de volume. En ajoutant que le quelque chose valait beaucoup d’argent. Elle pensait le découvrir avec moi.

— Vous n’avez pas essayé d’imaginer de quoi il retournait ? Quelques-unes des célèbres émeraudes Romanoff ? Les perles noires de la Grande Catherine ?

Morosini regarda son visiteur avec une stupeur amusée :

— Seriez-vous un confrère caché sous l’apparence policière ?

— Non, je ne vous viens pas à la cheville mais j’avoue que j’ai toujours été passio

Aldo voulait bien le croire. Les princes devaient trouver reposant de se confier à cet homme élégant et courtois qui devait les changer singulièrement de la moye

Cependant Langlois se levait :

— Je vais vous rendre votre liberté… provisoirement ! Non, ne vous inquiétez pas, c’est de l’égoïsme à l’état pur. J’aurais plaisir à bavarder encore avec vous. Vous ne comptiez pas rentrer à Venise dans l’immédiat ?

— Il faudra tout de même que j’y songe ! Il arrive que mes affaires aient besoin de moi… sans parler de ma femme !

— Elle est la fille de Moritz Klederma

— En effet. Vous co





— Je n’ai pas cet ho

— Qui diable a pu vous dire une chose pareille ?

Le commissaire eut à nouveau son curieux sourire en coin, prit la main de Morosini et la serra. Une poignée de mains comme celui-ci les aimait, solide et ferme.

— Le chef-superintendant Gordon Warren, de Scotland Yard, est de mes amis… Nous avons parfois collaboré et il lui est arrivé de me parler de vous.

Après le départ du commissaire, Aldo s’accorda un instant de solitude en compagnie d’une cigarette avant de rejoindre Vauxbrun. Il n’y avait pas à se tromper sur le sens exact des paroles du policier : il lui était bel et bien enjoint de ne pas quitter Paris et s’il était une chose dont il avait horreur c’était de se voir assigné à résidence. Combien de temps cela allait-il durer ? Il n’était certes pas inquiet pour ses affaires : Guy Buteau, qui avait été son précepteur avant de devenir son fondé de pouvoir (3), était très capable de les mener sans lui pendant un certain temps et, depuis l’admirable invention de Graham Bell, converser sur longue distance était devenu possible. À condition, évidemment, de savoir se montrer patient. Mais il y avait Lisa dont il détestait être séparé plus de trois ou quatre jours et il savait qu’il en était de même pour elle. L’idée qu’elle pouvait rentrer sans qu’il soit là pour l’accueillir lui était insupportable. Conclusion : il fallait se tirer de ce mauvais pas le plus vite possible !

Mais comment ? Remettre la perle à Langlois en lui do

Sa cigarette finie, il retourna vers Gilles en se demandant s’il l’avait attendu mais il était bien là, rêvassant, les yeux mi-clos, un demi-sourire aux lèvres au-dessus de son verre de chablis. Il ouvrit un œil quand Morosini se rassit en face de lui :

— Je commençais à me demander si on t’avait mis les menottes ou pas.

— À voir ta mine béate ça m’éto

— Raconte !

Aldo fit un bref résumé de son entretien avec le commissaire en terminant son exposé par un « qu’est-ce que tu ferais à ma place ? »

— Je ne sais pas. Le plus petit bon sens voudrait que tu coures après Langlois pour lui remettre la damnée perle mais tel que je te co

— C’est ce qui s’appelle un conseil judicieux ! grogna Morosini. Si c’est tout ce que tu as trouvé, merci beaucoup ! Je suppose que tu vas là-bas ? ajouta-t-il en voyant Vauxbrun vider son verre et se lever.

— Tu supposes juste ! Et tu devrais venir avec moi… ne fût-ce que pour entendre Masha chanter « Les deux guitares ». Un moment de pur bonheur !

— Non merci ! Mieux vaut qu’on ne me voie pas trop au Schéhérazade. Ce bon commissaire est très capable de me faire surveiller. Dis à Masha ce qu’il en est et tu me do

Vauxbrun envolé vers ses amours, Aldo rejoignit le bar de la rue Cambon, celui des deux bars du Ritz qu’il préférait. Franck, le chef barman qui était la mémoire du Tout-Paris et de divers autres lieux l’accueillit avec le sourire respectueux et un rien complice qu’il réservait à ses meilleurs clients :

— Une fine à l’eau comme d’habitude, Excellence ?

— Non, Franck ! Sans eau et dans un grand verre !

Au lieu de s’asseoir à une table, Morosini s’était installé sur l’un des hauts tabourets proches du comptoir d’acajou et y plantait ses deux coudes en homme qui a l’intention de rester là un moment. Le sourcil subtilement surpris avec une nuance désapprobatrice, Franck ne se précipita pas sur ses bouteilles.