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— Une jolie femme a le droit de rêver l’impossible, fit remarquer l’antiquaire d’un ton sucré qui lui allait aussi mal que possible. De belle taille, le cheveu en voie de disparition, le nez important et le port majestueux, Gilles Vauxbrun ressemblait suivant l’éclairage à Napoléon ou à Louis XI s’ils s’étaient habillés à Londres. C’était un homme d’une extrême élégance à tous points de vue, un ami fidèle doué d’un grand sens de l’humour sauf si l’on faisait mine d’égratigner si peu que ce soit la favorite du moment. Alors il devenait féroce.

Pour l’heure présente il irradiait la joie de vivre quand il déboula dans le vestibule pour venir chercher Morosini :

— Les officiels arrivent ! Tu dois remonter ! Et peut-être faudrait-il arrêter ce flot jusqu’à ce qu’ils aient fait le tour des salons, ajouta-t-il en désignant la lente, l’inexorable procession des invités vrais ou faux qui s’étirait depuis la cour d’ho

— Tu as raison. Va dire à ces types du service d’ordre qu’ils arrêtent ce flot. Tu fais partie du Comité, pas moi !

— Ça ne va pas être facile ! Mais d’où peuvent sortir tous ces gens ?

Un concert de protestations s’éleva naturellement. Vauxbrun prit alors la parole pour faire entendre raison : tout le monde pourrait entrer mais plus tard. Il y en avait déjà trop et il fallait au moins permettre à la cérémonie d’inauguration de se dérouler dans l’harmonie. Il finit par convaincre et rejoignit les salons avec Aldo.

Grâce au génie de Gabriel, son architecte, le Petit Trianon, bâti au bout d’une terrasse, était construit de telle façon qu’en entrant par la cour d’ho





Aldo, pour sa part, adorait Trianon. S’il rendait au sublime Versailles le tribut d’admiration méritée par ce chef-d’œuvre absolu dans son extraordinaire splendeur, il s’était pris de tendresse pour ce petit joyau de sobre élégance bien propre à séduire une jeune reine ou un homme de goût. C’était une raison de plus, et non la moindre, de laisser exposer au public l’un de ses précieux trésors.

Accoudé à une balustrade, il regarda la longue voiture noire avec chauffeur et valet de pied s’arrêter au bas des marches sur lesquelles le Comité avait fait disposer des laquais en perruque poudrée et livrée aux couleurs de la reine. Deux perso

Vêtue de crêpe georgette de ce bleu tendre qu’affectio

L’exposition rassemblait d’abord de nombreuses effigies de la Reine : peintures, sculptures ou simples dessins. En marbre, en bronze, en albâtre ou sur toile, partout l’on rencontrait le beau visage altier. Des meubles aussi, appartenant au château ou prêtés par des collectio

Laissant la foule piétiner sur les pas du conservateur qui lui délivrait une conférence itinérante et Vauxbrun, complètement détaché du sujet, se consacrer à Léonora, Aldo rejoignit l’appartement de la Reine par le chemin qui lui avait permis, tout à l’heure, d’éviter la cohue. Il se composait de trois « petites » pièces entresolées où chacune des précieuses vitrines avait été disposée. Il n’y restait que peu de meubles. Encore les avait-on retirés au bénéfice de torchères dont les lumières mettaient les joyaux en valeur. Une vitrine par salon permettait une circulation réduite sans doute mais assurant une meilleure surveillance.

C’était surtout le boudoir de Marie-Antoinette qui attirait Aldo. Là étaient les bijoux les plus précieux et il voulait examiner d’aussi près que possible la « larme » de diamant que l’on y avait installée auprès de ses girandoles et des bracelets de son beau-père.