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Vidal-Pellicorne fouilla dans sa poche, en tira une clef complétée par une plaque de bronze et la mit sur la table :

— C’est fait ! Ma valise est au numéro 28… en face de toi, mon bon !

— Quelle heureuse surprise ! fit Mme de Sommières en levant sa coupe de champagne. Bienvenue au club, mon cher Adalbert

— Plus on est de fous, plus on rit, renchérit Marie-Angéline visiblement ravie. Alors ? Qu’a do

Aldo le lui dit mais se hâta d’ajouter :

— Je vous arrête tout de suite, Angelina ! Ce soir il n’y aura que des hommes.

— Mais enfin, pourquoi ? s’insurgea-t-elle.

— Parce que si ce n’est pas vraiment légal, c’est tout de même une opération de police et s’il a consenti à accepter une aide plutôt bienvenue, Lemercier n’admettra jamais votre présence.

— D’autant que cela peut être dangereux, ajouta la marquise en picorant une amande salée. Et je ne veux pas rester seule, à tourner dans ma chambre en me faisant un sang d’encre ! Vous êtes ma lectrice, que diable ! Vous me lirez Monte-Cristo ! Comme ça vous aurez l’esprit occupé !

— Oui, mais…

— Pas de mais ! Et passons au menu ! J’ai faim !

Pendant le déjeuner on parla. Le restaurant était plein et les tables plus rapprochées qu’au bar. En outre, leur groupe était suffisamment remarquable pour attirer l’attention. Nombreux étaient les regards qui se tournaient vers eux. Aldo se borna donc à a

— Il habite rue de la Paroisse, conclut-il. Inutile de prendre ta voiture. Ce n’est pas loin et on ira à pied.

Après avoir reconduit la marquise et sa « lectrice » aux ascenseurs, Aldo et Adalbert reprirent casquettes et imperméables au vestiaire et se disposaient à quitter l’hôtel quand Michel Berthier les arrêta :

— J’espère ne pas vous importuner, messieurs, mais j’aimerais vous dire un mot…

— On vous en accorde deux, grogna Adalbert qui avait pris la presse en grippe depuis l’aventure de « la Régente ». Dites « bonjour » et immédiatement après « au revoir ». Ce sera parfait !

— Allons, monsieur Vidal-Pellicorne, sourit le journaliste. Ne vous faites pas plus méchant que vous n’êtes ! Vous savez bien qu’il y a chez nous des gens de bo

— Sont rares !

— C’est justement l’exception qui confirme la règle, coupa Aldo. Que puis-je pour vous, monsieur Berthier ?

— M’aider à comprendre ce qu’il se passe… si toutefois il se passe quelque chose.

— Trois morts en quatre jours, cela ne vous suffit pas ?

— C’est même trop si l’on considère le… l’immobilisme ambiant. L’exposition se poursuit comme si de rien n’était et avec un succès qui semble grandir avec le nombre des victimes. Si c’est un genre de publicité, elle n’est pas de très bon goût ! Pourquoi ne fermez-vous pas ? Le Comité…

— … dont je ne fais pas partie ! Je ne suis qu’exposant. Quant aux décisions à prendre elles ne regardent que la police. Allez voir le commissaire Lemercier !

— Pour qu’il me jette dehors ? C’est le plus mauvais coucheur que j’aie jamais co

— Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? s’énerva Adalbert. On recherche le meurtrier !

— Les meurtriers, rectifia Morosini. Tenez, voilà au moins une information neuve : d’après le laboratoire de la police, chacun des crimes a été commis par une main différente !

— Ah !… C’est déjà ça ! Et savez-vous si la police a une piste ?

— Allez le lui demander ! Moi j’écoute ce que l’on me dit et je fais ce que l’on me demande…

— Lemercier vous a « demandé » de séjourner au Trianon Palace pour vous garder sous la main ? J’ai entendu dire qu’il vous soupço



— Pour quelqu’un qui ne sait rien vous entendez dire trop de choses, protesta Adalbert. Il est normal que le prince Morosini veuille veiller en perso

— Même quand il pleut ? fit Berthier goguenard.

— Surtout quand il pleut ! On n’est pas envahi par les touristes. Il n’y a que les journalistes pour accabler les ho

— Et vous allez de ce pas… contempler ?

— Cela pourrait se faire, fit Aldo moqueur, mais il se trouve que nous allons bêtement faire un poker chez des amis !

Le journaliste réagit comme un cheval de bataille qui entend la trompette :

— Un poker ? J’adore !… Vous ne voulez pas m’emmener ? On s’e

— Ne me dites qu’avec tous ces messieurs de la presse qui hantent ces lieux vous n’arriverez pas à réunir quelques amateurs ?

— Oh, ce n’est pas ça qui manque ! Ce sont les mises de fond qui ne montent pas très haut. Alors, évidemment…

— Vous pensez que nous autres on serait plus intéressants à plumer ? dit Adalbert en riant. Dans ce cas vous vous trompez ! En ce qui me concerne du moins : je suis fauché !

— Et vous vous imaginez que je vais vous croire ? Amusez-vous bien quand même !

En sortant de l’hôtel, ils virent le colonel Karloff qui attendait le client dans son taxi. Aldo s’apprêtait à lui faire un signe indiquant que l’on n’avait pas besoin de lui mais Adalbert le prit par le bras :

— Viens ! On va le prendre…

— Mais c’est à côté !

— Justement c’est trop près !…

— Mon cher colonel, ajouta-t-il une fois embarqué, nous allons rue de la Paroisse mais, auparavant, nous aimerions faire un tour en ville ou autour du parc. À votre idée…

— Vu ! répondit sobrement Karloff.

Vingt minutes plus tard, il les arrêtait devant l’élégant domicile du diplomate.

— Je vous attends ? proposa-t-il.

— Pourquoi pas ? proposa Aldo. Mais ça risque d’être long.

En deux mots, il traça les grandes lignes de l’expédition pour laquelle ils étaient volontaires.

— Sûr que je peux vous être utile et que le temps ne compte pas. Il y a un peu plus loin une impasse : je vais m’y garer…

Dans l’ancie

Enfin, après avoir déclaré qu’il était d’accord, Malden raccrocha le combiné, visiblement soucieux.

— Les nouvelles sont mauvaises ? demanda l’Écossais.

— Pas vraiment, cependant on ne peut dire qu’elles soient excellentes. Lemercier a reçu l’ordre de se trouver – seul bien entendu ! – vers onze heures ce soir auprès du bassin du Dragon, dans le jardin du château. Je vous avoue que j’aurais préféré un endroit quelconque dans la campagne ou dans la ville…