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— Otez-lui le bandeau, qu’il puisse admirer notre demeure !… Et aussi les menottes ! Elles sont inutiles !

Libérés, ses yeux clignèrent afin de s’accoutumer à la vive clarté qui emplissait la pièce mais en accommodant il constata qu’en effet il était seul au milieu d’une vaste salle à l’ancie

Les meubles, XVIIe et XVIIIe siècle, étaient de qualité comme le vieux banc seigneurial à haut dossier garni de coussins de velours pourpre posé devant la cheminée. La salle, de dimensions imposantes, contenait des fauteuils, des tables, des meubles d’appui… dont une paire de consoles Régence venue en droite ligne de la rue de Lille en compagnie d’une collection de porcelaines céladon chinoises… et des deux Guardi offerts en cadeau de mariage. Partout, candélabres et chandeliers disposés ici ou là prodiguaient l’éclairage harmonieux de leurs longues bougies de cire blanche… Mais au milieu de cette profusion – au fond, cela faisait un peu magasin d’antiquaire ! – pas la moindre silhouette humaine. En revanche, répartis sur la galerie, cinq ou six hommes gardaient leurs armes posées sur la balustrade, interdisant à Aldo le moindre geste suspect.

Après les avoir détaillés tour à tour, Aldo remarqua, goguenard :

— Quel accueil touchant ! Avec lequel d’entre vous, Messieurs, suis-je censé discuter ? Si toutefois discussion il y a ? Il serait si simple d’en finir rapidement…

— Simple mais fichtrement moins amusant ! Un vrai gâchis alors que j’entends savourer chacune des minutes à venir !

Lentement, marche après marche, l’homme achevait de descendre l’escalier mais ne prit plus soin de déguiser sa voix. Ni sa perso

Lorsque l’inco

— Me feriez-vous l’ho

— Disons que je suis… seulement surpris ! Vous n’avez rien d’un Mexicain.

— Devrais-je l’être ?

— Cela coulerait de source puisque durant ces semaines écoulées j’ai dû rechercher un joyau aztèque pour des indigènes du pays qui, après s’être emparés, au moyen d’une habile escroquerie au mariage, des biens de Gilles Vauxbrun, m’ont contraint à travailler à leur profit afin de récupérer des émeraudes séculaires volées chez eux depuis environ un demi-siècle. Quand nous nous sommes rencontrés au bois de Boulogne, j’ai pensé que vous étiez à leur solde mais, ne voyant aucun d’entre eux dans ce château qui cependant leur appartient, j’avoue qu’un doute m’effleure…

— Penseriez-vous que je n’ai travaillé que pour moi-même ?

— C’est un peu ça…

À ce moment, la porte de la salle s’ouvrit brusquement et un colosse typiquement yankee, depuis les santiags jusqu’au chewing-gum qu’il mâchait, propulsa aux pieds de son chef un homme recroquevillé, entre deux âges, dont les signes particuliers consistaient à n’en avoir aucun : c’était Monsieur Tout-le-Monde dans toute sa grisaille. L’inco

— Que signifie ? D’où le sors-tu ?

— De l’emplacement de la malle arrière sur la voiture. Ce type a dû s’y accrocher en profitant du brouillard quand on a chargé le priso

Les yeux trop brillants du malfrat tournèrent dans la direction d’Aldo :

— C’est à vous ? Ce… cet avorton ?

— Jamais vu ! lâcha celui-ci qui venait de noter au passage son statut de priso

— Comme c’est facile à croire !

Mais « l’avorton » était loin d’être à bout de ressources et se relevait en s’époussetant de son mieux :

— Monsieur Morosini dit la vérité : il ne m’a jamais vu. Ce qui est tout à mon ho

— Et c’est quoi, ce métier ?





— Je suis détective privé. Alcide Truchon, de l’agence « L’œil écoute », de Paris. Et aussi de Bruxelles où nous avons une succursale. Voyez plutôt !

Et, d’une poche de sa poitrine, Alcide Truchon tira deux cartes dont il tendit l’une à l’inco

— Puis-je savoir pour le compte de qui vous me suiviez depuis…

— … plus de deux mois… et il nous est interdit de révéler le nom de nos clients, précisa le détective en s’efforçant de retrouver sa dignité.

L’inco

— Ou tu parles illico ou tu te tairas pour l’éternité ! fit-il d’un ton las.

— Bon. Le baron Waldhaus, de Vie

— Encore cette histoire ! protesta Aldo. Mais je la croyais enterrée depuis ce duel ridicule auquel j’ai été contraint !

— Monsieur le baron ne la considérait pas comme une affaire enterrée. Il est plus persuadé que jamais, au contraire, qu’on lui a joué une habile comédie dont s’est mêlée sa belle-mère, Mme Timmermans. J’ai donc reçu des instructions pour m’attacher aux pas du prince et ne le perdre de vue que le moins possible. Ce que j’ai fait !

— Mais c’est de la démence ! s’emporta Aldo. Et si je rentrais chez moi, à Venise, vous seriez prêt à passer des semaines, des mois, voire des a

— Uniquement vous mais le temps qu’il faudra !

— Est-ce qu’il ne serait pas plus aisé… et surtout moins onéreux de suivre la baro

— Que croyez-vous ? Elle est surveillée, elle aussi ! Comme elle a demandé le divorce, le baron tient à rassembler le maximum de preuves pour avoir barre sur elle et, éventuellement, éviter une séparation qui lui est pénible !

— C’est une histoire de fous !

— Que ce soit ce que ça veut, coupa l’inco

— On en fait quoi ?

— Mettez-le avec les autres ! On s’occupera de lui après !

— Les autres ? Quels autres ? demanda Aldo qui pensait au jeune Faugier-Lassagne.

— Je ne pense pas que ce soit vos oignons ! Allez ! Emmenez-le ! Nous avons à traiter d’affaires plus importantes que ces sottises…

Il fallut pourtant patienter encore un moment : fort de son bon droit et de sa conscience pure, Alcide Truchon fournit une défense honorable qui réquisitio