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Aldo s’accorda un instant de réflexion. En dépit de ce qu’il venait de dire, la cause était entendue pour lui car l’éventail avait sûrement appartenu à Charlotte. D’un autre côté, la perspective d’un dîner en petit comité ne le réjouissait pas. Il devinait trop comment cela risquait de s’achever…

La chance cependant continuait à lui sourire : avant qu’il eût émis une parole, Adalbert, rayo

— Quelle merveilleuse soirée ! s’écria-t-il. Je viens de gagner une somme rondelette et je te trouve en compagnie d’une fort jolie dame… à laquelle j’aimerais être présenté.

— Avec joie ! Baro

— En effet, en effet ! approuva Adalbert qui ne se souvenait de rien de tel. Vous me voyez positivement ravi de cette rencontre, baro

— C’est un plaisir partagé, Monsieur… et j’espère que vous me ferez celui de venir un jour prochain visiter ma maison, mais je vous demande de m’excuser si je ne vous prie pas de vous joindre au prince Morosini dès demain soir. J’ai à parler avec lui d’une chose importante... et assez intime ! À moins que vous n’ayez besoin de lui ?

— Absolument pas, je vous assure, nous nous reverrons quand il vous plaira !

— Vous êtes l’amabilité même ! À bientôt donc, et vous, mon cher Aldo, à demain vers dix heures ? Vous savez qu’ici l’heure espagnole prédomine.

En s’éloignant, elle lui envoya un baiser du bout d’un doigt, les laissant aussi stupéfaits l’un que l’autre.

— Elle est peut-être un peu familière mais charmante, fit Adalbert. Comment se fait-il que tu ne m’en aies jamais parlé ?

— Parce que je préférais l’oublier. Elle est charmante mais surtout collante. C’est d’ailleurs une relation récente : je l’ai rencontrée dans le train qui me ramenait de Vie

En quelques mots, il raconta l’embarquement de Vie

— C’est simple : elle est amoureuse de toi, conclut Adalbert. Ce n’est pas la première fois que cela t’arrive mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu as accepté d’aller dîner chez elle ?

— À cause de son éventail ! La maîtresse branche porte une couro

— Mais c’est bien sûr ! s’exclama Adalbert en frappant sa paume de son poing fermé. Tu veux te faire montrer la boîte… Seulement, si c’est la bo

— Ça, mon garçon, on en parlera plus tard ! D’abord acquérir une certitude.

9

OÙ LES CHOSES SE COMPLIQUENT

La Villa Amanda dressait sa tour à créneaux et ses lucarnes médiévales à hauts pignons sculptés au-dessus de grandes fenêtres à arcades résolument antinomiques sur les hauteurs de la côte des Basques, sauvée de la laideur par la luxuriance d’un beau jardin dont les aristoloches et autres plantes fleuries montaient à l’assaut de ce délire architectural. L’intérieur, avec son patio arabe, son espèce de hall à l’anglaise, sa cheminée Tudor et son escalier de chêne à tête de lion, était tout aussi délirant. Ce hall devait servir pour les dîners à nombreux couverts, si l’on en jugeait par les dimensions de la table qui l’encombrait car, de là, on passait dans deux salons communicants meublés dans le style Pompadour, avec sièges tendus d’une attendrissante soie bleue Nattier à petits bouquets assortie aux rideaux. Le couvert pour deux était mis dans le second, sur une table nappée de dentelle et chargée de cristaux à facettes, de vermeil et de très belles assiettes en porcelaine de Sèvres. La baro



Du fond de ses coussins, elle tendit une main languissante aux lèvres de son invité :

— Comme c’est gentil d’être venu ! roucoula-t-elle. Servez le champagne, Ramon ! ordo

— À quelle heure Madame la baro

— Disons… dans une demi-heure ! Venez vous asseoir près de moi, mon cher prince !

Elle recula afin de libérer la partie du canapé qu’elle indiquait et force fut au malheureux de s’y incruster alors qu’il eût cent fois préféré l’un des inconfortables fauteuils crapauds. De là évidemment, il avait une vue imprenable sur les chevilles et les pieds de son hôtesse chaussés de sandales à hauts talons en cuir argenté : ils étaient quasiment sur ses genoux !

— Buvons à l’heureux destin qui nous remet en présence dans un lieu que j’adore ! s’écria-t-elle en levant sa coupe de cristal. Le ciel en perso

Ils trinquèrent.

— Le ciel, croyez-vous ? interrogea Aldo sans reposer son verre. Le baron Waldhaus n’a pas dû voir les choses sous cet angle.

— N’en parlez plus, voulez-vous ? Notre séparation est irrévocable et, bientôt, ce sera pour nous une vieille histoire !

— Pour nous ? J’ose espérer que vous ne m’avez pas réservé un rôle dans ce drame ?

Elle éclata d’un rire perlé tout en lui tendant sa coupe vide pour qu’il la remplisse. Ce qu’il fit avec empressement, profitant de cette occasion inespérée pour se lever.

— Un drame ? Où en voyez-vous un ?

— La séparation de deux êtres qui se sont aimés en est toujours un. Je n’ai fait qu’entrevoir le baron Waldhaus mais il ne m’est pas apparu comme susceptible d’accepter vos décisions sans broncher ! Il va à coup sûr se défendre.

— Oh, tel que je le co

Pressentant ce qu’elle allait dire, il saisit la balle au bond :

— Votre éventail de plumes blanches ! Souvenez-vous que vous avez promis de me révéler le secret du C !

— Vous y tenez vraiment ? dit-elle en faisant la moue.

— Naturellement, j’y tiens ! Comprenez-moi, baro

— Et si je ne veux pas vous le dire ?

— Alors, j’essaierai de me débrouiller seul ! Notez qu’il m’est quand même venu une idée. Si l’on tient compte de la date de fabrication de l’éventail et du nombre relativement restreint des dynasties impériales, je ne vois qu’une princesse : l’impératrice du Mexique Charlotte de Belgique, votre compatriote !