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Ils arrivèrent l’un après l’autre ce soir-là dans le bureau de Langlois où le plus jeune se pointa le premier et rendit compte de sa visite.

— Si le numéro est bien le même que celui de son taxi, ce ne peut être le chauffeur en aucun cas. C’est un Russe bon teint qui, même grimé d’un sérieux maquillage, ne réussirait jamais à se faire passer pour un Rital ! Il est d’ailleurs copain avec un certain Karloff qui est retiré des voitures mais que vous devez co

— Oh, oui ! C’est un cas celui-là, mais d’une ho

— Aucun, Monsieur !

— Il peut s’agir d’un complice qui n’a pas vu d’inconvénient à changer de plaque, ou d’un des chauffeurs, moye

Avec une grimace de regret, le jeune homme s’exécuta. Il aurait aimé en savoir davantage, mais quand le grand patron prenait un certain ton il n’était jamais sain d’insister. Il sortit aussitôt.

— Voilà, reprit Langlois en extirpant d’un de ses tiroirs un portefeuille dans lequel il choisit divers documents. Vous partez ce soir pour Brigue par l’Orient-Express…

— Mazette ! fit l’inspecteur avec l’ébauche d’un sourire. On do

— Le cas est exceptio

Le policier siffla entre ses dents.

— Bigre ! La belle femme ! Elle ne doit pas facilement passer inaperçue ! À moins que le dessinateur ne la voie…

— C’est une dessinatrice et elle la déteste ! Mais elle a fait du très bon travail puisqu’elle a pris la peine de reproduire le visage d’une part et la silhouette incroyablement vivante… Ce qui est important parce qu’on a dû la remarquer dans un bled tel que Brigue, en particulier en cette saison. Quant au train, c’est le dernier qu’a pris Morosini. Donc le perso

— Il paraît qu’il prend ce train presque aussi souvent qu’un Parisien le métro ! On doit le co

— Il se trouve que le chef de train comme le conducteur sont des nouveaux. Cela m’e

— D’où l’enquête de Sauvageol. Vous auriez pu me le dire plus tôt !

— Ne râlez pas ! Il me semblait préférable que vous embarquiez avec un œil neuf, mais j’ai changé d’avis ! Allez vous préparer, mon vieux, et bon voyage !

Demeuré seul, Langlois s’adossa à son fauteuil et ferma les yeux, pris d’une soudaine lassitude. Décidément, il n’aimait pas cette affaire, en raison de la réelle amitié qu’il éprouvait pour Aldo et les siens. Le joyeux tandem Morosini-Vidal-Pellicorne lui avait fait tourner les sangs à plusieurs reprises, mais si le premier devait ne jamais reparaître, il manquerait quelque chose dans sa vie ! Et il ne comprenait pas pourquoi l’égyptologue se désintéressait aussi complètement du sort de son ami. Les quelques venimeux papiers émis par les journaux à scandale avaient bien dû parvenir jusqu’à Londres ! Était-il à ce point épris de sa cantatrice pour les avoir gobés comme des œufs frais ? Que Morosini laisse tout tomber : épouse, enfants, affaires – ô combien importantes ! – pour partir vivre dans l’anonymat et un trou perdu le parfait amour avec une autre femme que la sie

Il caressa un instant le projet de se rendre lui-même à Venise pour un entretien à cœur ouvert avec Lisa Morosini, puis y renonça parce qu’elle n’y serait peut-être pas et qu’il se voyait mal galoper à sa suite en Suisse ou en Autriche ! D’abord retrouver l’époux envolé en priant Dieu qu’il soit intact ! Ensuite, il serait temps d’en venir aux plaidoiries ! Et, en attendant, jeter un coup d’œil sur la nouvelle passion de Vidal-Pellicorne.

Se redressant, il appela son secrétaire.

— Allez voir aux archives si vous avez quelque chose concernant Lucrezia Torelli, la cantatrice célèbre. Après vous viendrez prendre une lettre…





— Si elle est urgente, je pourrais commencer par ça ?

— Non, les archives d’abord.

L’idée lui était venue, soudain, de prendre contact avec le Chief Superintendant Gordon Warren, de Scotland Yard…

Les jours qui suivirent furent difficiles à vivre tant pour le patron de la police judiciaire que pour les amis mis en cause : alléchée par des « révélations » discrètes, peut-être aussi pour de l’argent, la presse à sensation, oubliant la mise en garde de Langlois, se lança de nouveau à l’assaut des deux absents. L’un d’entre eux publia même, en une, la photographie, assez floue d’ailleurs, d’un couple se promenant enlacé au bord du « lac des Quatre Cantons ».

— Ça peut être n’importe qui, ces gens-là ! to

— Quelles sont vos intentions, Monsieur ? demanda quelqu’un.

— Vous le verrez bien ! Et pendant que j’y pense, ajoutez-y quelques-uns des plumitifs en délire qui font monter leurs tirages aux dépens de deux vies humaines et sans se soucier des dégâts ! Je les veux ici même demain à 11 heures ! Partagez-vous le travail et dégagez ! Durtal et Sauvageol, vous restez ! clama-t-il en guise de péroraison avant de se rejeter dans son fauteuil.

— Toujours les mêmes ! osa bougo

Rares tout de même ! Sachant qu’il n’était pas concerné, il resta tranquillement assis sur sa chaise et alluma sa pipe comme si de rien n’était. Il faut dire qu’il avait le rare privilège de tutoyer le « patron » qu’il co

— As-tu au moins quelque chose à leur mettre sous la dent ?

— Tu ne devrais même pas me poser la question. Interroge ces deux-là, si tu veux ! Durtal revient de Suisse.

— Et alors ?

— J’ai acquis deux certitudes, dit celui-ci. Mrs Belmont a exécuté point par point le programme qu’elle avait dû prévoir : elle a quitté Brigue pour Lausa