Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 40 из 77

Le bel Ottavio était là, en effet, ce qui ne semblait pas lui procurer un plaisir intense. Sa colère était quasi palpable tandis qu’il contemplait la loge d’où l’on avait osé l’exclure.

— Seriez-vous fiancés ? demanda Aldo à Pauline d’un ton qu’il espérait léger.

— En aucune façon ! En ce qui me concerne, je le considère comme un compagnon agréable. Apparemment, il n’a rien d’autre à faire dans la vie que fréquenter les palaces et les endroits les plus huppés d’Europe et d’Amérique. Il peut être très amusant, vous savez ?

Adalbert se mit à rire.

— À condition de trouver Othello amusant, on peut le considérer de la sorte !

Le chef d’orchestre l’interrompit en mettant la salle debout pour entendre  La Marseillaise aussitôt suivie de l’hymne américain : le président et son invité d’ho

À peine les spectateurs assis de nouveau, les lumières s’éteignirent tandis que le rideau de scène s’éclairait. L’orchestre jouait l’ouverture de  La Traviata… Peu après, ledit rideau se levait, découvrant un salon magnifiquement éclairé. La salle éclata en applaudissements : la Torelli, très entourée, s’entretenait sur le mode badin avec ses invités.

L’enthousiasme s’adressait aussi bien à la cantatrice de renommée mondiale qu’à sa beauté réellement rayo

— Dieu qu’elle est belle ! souffla Adalbert, stupéfait.

— N’est-ce pas ? fit même jeu Cornélius avec un sourire. Vous comprenez maintenant pourquoi je suis prêt, pour elle, à toutes les folies ?

Il avait parlé un peu fort.

— Chut ! intima, dans une loge voisine, une voix indignée.

On n’eut pas besoin de répéter. Un silence quasi religieux passa sur les spectateurs. La voix de la Torelli s’élevait pure comme un cristal, souple et chaude comme un velours noir, si heureusement accordée à celle qui l’émettait que tous, y compris Aldo, si prévenu contre elle cependant depuis qu’il avait refusé de se rendre à une invitation un peu trop autoritaire pour qu’il pût l’accepter. Il le regrettait presque à présent : cette femme valait le déplacement…

Assise sur un canapé où s’étalait le flot de sa crinoline d’épais satin blanc nacré de rose dont le large décolleté laissait nues des épaules et une gorge ravissante, elle érigeait sur un cou de cygne une tête fine qu’une lourde chevelure sombre simplement piquée de deux roses pâles derrière une oreille, semblables à celle agrafée à sa ceinture, magnifiait. Aucun bijou ne détournait le regard du fascinant visage aux longs yeux noirs et veloutés, dont la bouche exquise laissait s’envoler cette voix envoûtante. Elle ressemblait à une jeune fille dont elle conservait la silhouette élancée. Si la presse n’avait révélé son âge – trente-huit ans ! –, on lui en eût do

Le to

— Admirable ! apprécia Mme de Sommières. Cette Lucrezia Torelli est exceptio

Encore priso

— Il n’y a pas de mots pour la décrire : elle est sublime…





Wishbone, lui, exultait.

— Je vais tout de suite la féliciter. Voulez-vous venir avec moi… ou préférez-vous attendre la fin du spectacle ?… Nous souperons avec elle ! J’ai retenu une table au Café de Paris.

Il trépignait presque dans sa hâte de rejoindre son étoile et, sans attendre une réponse pour lui acquise d’office, il sortit de la loge presque en courant…

— Qu’est-ce qui lui prend ? roncho

— On dirait que tu as attrapé le virus ! fit Aldo, moqueur. Essaie de prendre patience ! Tu vas souper avec elle. C’est mieux que d’aller encombrer sa loge à un moment où elle va changer de costume, de coiffure et où elle préfère sans doute se détendre avant le deuxième acte. N’oublie pas que Wishbone la considère comme sa fiancée !… à condition, bien sûr, qu’il lui apporte la Chimère baladeuse ! Et là, je crois qu’il va un peu vite et n’a que trop tendance à prendre ses désirs pour des réalités. Quant à toi, je te rappelle que tu n’as pas une fortune faramineuse à mettre à ses pieds !

— C’est aimable de me le rappeler alors que je te considère comme mon frère...

— Ah non ! intervint Mme de Sommières. Vous n’allez pas recommencer à vous disputer ! Et pour une femme dont je suis persuadée qu’elle sait parfaitement ce qu’elle veut. Et je subodore que ce n’est ni vous ni ce cow-boy milliardaire… Entrez ! cria-t-elle après avoir entendu frapper à la porte.

À la surprise générale, ce fut Ottavio Fanchetti qui apparut, tout sourires, bien que voilés de quelque mélancolie. Et ce fut au tour de Pauline de froncer les sourcils.

— Que venez vous faire ici, Ottavio ?

— J’aimerais beaucoup être présenté à ces dames puisqu’elles sont vos amies…

— Bon ! Pourquoi pas ? Chère marquise, je vous présente donc le comte Ottavio Fanchetti. Maintenant vous pouvez saluer Madame la marquise de Sommières, tante du prince Morosini que vous co

À la suite d’un échange de saluts – plutôt froid de la part d’Aldo – où le Napolitain s’inclina devant les deux femmes avec un sourire ravageur, celui-ci expliqua qu’il souhaitait ardemment obtenir une toute petite place dans une loge aussi attirante.

— Je me sens affreusement seul et j’ai l’impression de faire de la figuration au milieu de ces hommes qui ont l’air en uniforme. En outre, ma chère Pauline, vous savez que je suis malheureux loin de vous…

— Il faudra tout de même vous y habituer, répondit-elle en riant. Il n’entre pas dans mes intentions de passer ma vie à Paris. Mon atelier me manque, sans compter ma famille et quelques amis !

— Au fait, demanda Aldo, comment va votre Helen ?

— État statio

— Si vous voulez me permettre un conseil, chère Pauline, répondit Tante Amélie, vous devriez repartir et reprendre le cours normal de votre existence. Le Ritz est certes agréable mais il ne vaudra jamais la maison que l’on s’est choisie ou que nos ancêtres nous ont choisie.

— Mais abando

— Où prenez-vous qu’elle sera abando

— … la mer à boire, justement ! coupa Adalbert. Je suis là, moi aussi, et je pense que nous n’aurons aucune peine à obtenir des autorisations de visite afin de veiller à ce que Miss Adler ne manque de rien. Croyez-en notre marquise : rentrez chez vous en toute quiétude ! Elle sera sous bo