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— Difficile à préciser ! Le terrain est en pente et il a roulé sur lui-même. Naturellement je ne me suis pas soucié plus longtemps de Lisa… sa femme. Mais comme elle se dirigeait vers la ville, quelqu’un a bien dû la remarquer ? ajouta-t-il l’œil chargé d’i

— La ville ? Elle était tout entière sur les lieux de l’incendie, à l’exception des impotents ! Ça les intéressait au premier chef comme vous pensez !

— Elle avait peut-être dans l’idée de faire de l’auto-stop ?

— Mais c’est idiot ! Il y avait un monde fou là-haut ! Elle pouvait demander de l’aide à n’importe qui ? À commencer par vous ?

— Vous avez entièrement raison… vu d’ici ! Mais je vous rappelle qu’elle vivait un cauchemar depuis plusieurs jours et qu’elle n’était plus elle-même. Dans son état on pouvait redouter le pire !

— À quoi pensez-vous ?… Un plongeon dans la Vie

— Tout de même pas. Elle a trois enfants qu’elle adore au point de rendre parfois son mari jaloux. Non, avec une femme comme elle le suicide est exclu dans tous les cas ! Elle est suissesse, souvenez-vous, fille de banquier, elle a toujours eu les pieds sur terre et quand elle a épousé Aldo, elle n’ignorait rien de sa vie sentimentale passée. Elle le savait sujet à des poussées… de chaleur, dirais-je !

— Cette fois, cependant, il s’agissait d’un peu plus qu’une « poussée de chaleur », pour employer votre expression, mais bel et bien d’une maîtresse affirmée !

— Eh bien non, si étrange que cela puisse paraître ! Aldo ne nie pas que Pauline exerce sur lui un attrait puissant mais presque uniquement charnel.

— Difficile à admettre ! Elle est diablement séduisante !

— Oh, je vous l’accorde et d’ailleurs il lui voue une sorte de tendresse mais c’est sa femme qu’il aime !

— Pas très clair, tout de même !

— Ça le devient si j’ajoute que Pauline, elle, l’aime passio

— Aucun doute ! Vous avez menti effrontément à ce brave homme, décréta Mme de Sommières tandis que l’on revenait vers Tours. Et je pense que dans ce cas particulier vous avez bien fait de protéger Lisa mais vous avez couvert du même coup l’homme qui l’attendait et…

— Nous n’allons pas le lui reprocher ? coupa Marie-Angéline. Le seul à qui l’on peut dire la vérité dans cette histoire, c’est Langlois ! Et encore…

— Comment ça « Et encore » ? Il ne vous vient pas à l’idée, Plan-Crépin, que le tireur pourrait être cet homme ?…

— Lui, non ! émit l’égyptologue. Je suis formel. La voiture s’éloignait quand le coup a éclaté et je vois difficilement Lisa regardant sans broncher son « ami » tirer son mari comme un vulgaire lapin. Mais pour en revenir à Langlois et à la réflexion, je préfère éviter de lui en parler…

— Oh, je crois que je devine pourquoi ! fit Plan-Crépin avec un petit rire. Vous avez l’intention de régler ça tout seul, non ? Eh là ! Attention…

Adalbert, en effet, venait de do

— Ça soulage, hein ? reprit Plan-Crépin en remettant son chapeau à sa place. À présent vous répondrez peut-être à ma question ? Vous vous réservez l’affaire Lisa et compagnie ?

— Naturellement ! Je considère ça comme un cas familial !

— Alors part à deux !… ou je mange le morceau !

— Plan-Crépin ! s’indigna la marquise. Voilà que vous pratiquez le chantage maintenant ? Et en quels termes ! Il est vrai qu’avec vous il faut s’attendre à tout !

— Nous devrions savoir que je suis capable de tout quand il s’agit de ceux que j’aime ! Et d’ailleurs est-ce que vous-même…

— Ne soyez pas insolente ! Depuis le temps vous devriez savoir que je déteste que l’on me dise mes vérités ! Conclusion, Adalbert ?

— On garde ça pour nous jusqu’à nouvel ordre ! Et il faut d’abord savoir où est passée Lisa !



2

Une nouvelle guerre des Deux-Roses ?

Décider de ce que l’on dirait ou qu’on ne dirait pas en roulant – même trop vite ! – sur une route de campagne et s’en tenir là quand la perso

Pourtant, en le voyant venir, le visage cependant soucieux du policier s’éclaira :

— Content de vous voir, Vidal-Pellicorne ! Vous ne le savez peut-être pas, mais vous avez quelque chose de réconfortant ! Surtout pour moi qui ai toujours eu les hôpitaux en horreur.

— Vous avez dû pourtant en rencontrer quelques-uns… et ce n’est pas fini !… Mais c’est gentil d’être venu voir Morosini ! Il a dû être content ?

— Pas vraiment : il ne m’a pas reco

— Quoi ? Pas reco

— Il paraît que ça va plus mal qu’hier. J’ai vu le chirurgien et il est un peu inquiet…

Adalbert ne l’écoutait déjà plus et fonçait vers la chambre d’Aldo dont Mme Vernon lui barra le passage :

— Où allez-vous ainsi ?

— On vient de me dire qu’il va mal, qu’il n’a pas reco

— Ne dramatisez pas ! Il nous fait une montée de température et il est moins bien qu’hier mais ce sont des accidents qui se produisent. Cela ne signifie pas qu’il soit en train de mourir et nous sommes là pour le surveiller !

— Je peux le voir ?

— Pas pour le moment ! Voulez-vous une tasse de café ?

— Merci, non. Je dois rejoindre le commissaire principal !

— Et prévenir les dames ! Plus de visites aujourd’hui mais vous pouvez m’appeler ce soir. Je passe la nuit ici. Et ne vous tourmentez pas trop. Il est solide !

— Sauf des bronches ! Il a déjà eu des problèmes…

— Elles ne sont pas en cause !

Il retrouva Langlois qui faisait les cent pas dans le hall et vint vers lui aussitôt :

— Vous l’avez vu ?

— Non ! Plus de visites aujourd’hui mais je peux appeler ce soir. Venons-en à vous…

— Vous allez me demander ce que je fais là ? fit Langlois avec l’esquisse d’un sourire. D’habitude c’est plutôt moi qui pose les questions, non ?… Vous devez bien penser que l’affaire déborde largement la région de Touraine ? Je suis venu m’entretenir avec le préfet et le sous-préfet de Chinon pour leur do

— Vous savez où ils sont ?

— Là nous n’en sommes qu’aux suppositions, en Italie sans doute. Quant aux moyens de quitter la Croix-Haute, ils devaient être prévus depuis longtemps, ce genre d’organisation ne laissait rien au hasard ! Ils sont partis en bateau mais au lieu de se laisser glisser jusqu’à la Loire, ils ont remonté la Vie