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Quand les priso

C'est que la mort, quand elle se présente sous une certaine forme, est particulièrement épouvantable. Devant elle, Catherine voyait, empilée sur un cube de maço

La place était pleine de monde mais surtout de soldats anglais. Les gens de la ville devaient se contenter, pour voir, des fenêtres, des toits et des piliers de la vieille halle car il y avait bien six ou sept cents soldats sur la place triangulaire dont la flèche de Saint-Sauveur ponctuait le sommet. Dans l'espace vide, outre le haut bûcher, il y avait un petit échafaud supportant un gibet mais Catherine savait que ce gibet était là en permanence et, d'ailleurs, perso

Les soldats poussèrent leurs priso

— Ce n'est pas nous qui devons mourir là, Catherine. Ce bûcher attend quelqu'un... et je crains de deviner qui ! Regarde les tribunes...

— Silence ! grogna le sergent qui commandait l'escorte.

Sur la plus grande tribune, en effet, apparaissaient maintenant des évêques, parmi lesquels Catherine reco

Enchaînée aux ridelles de ce tombereau, il y avait une forme blanche coiffée d'une sorte de mitre :

— Jeha

Le chant du « Miserere » rugi par les gosiers solides d'une cinquantaine de moines étouffa ses paroles mais elle tourna vers Arnaud un regard qui s'affolait.

— Est-ce que... nous allons voir cette horreur ?

Il ne répondit pas, hochant simplement la tête, mais Catherine put voir deux grosses larmes rouler sur ses joues. La jeune femme baissa la tête et se mit à pleurer. Ses mains liées la faisaient souffrir et elle regrettait éperdument de ne pouvoir s'en cacher les yeux, s'en boucher les oreilles pour ne plus entendre ces cloches, ce chant sinistre et les rires grossiers des soldats. Dès lors, l'immense tragédie se déroula, pour Catherine, comme un épouvantable cauchemar, qui atteignit son point culminant lorsqu'elle vit la blanche silhouette liée, tout là-haut, au sommet de l'énorme bûcher. Ses yeux noyés de larmes brouillaient les choses mais elle reco

— Mon Dieu ! cria Arnaud en se tordant dans ses liens, Catherine !... Ne meurs pas !... Pas toi !

Sans rien dire, le sergent anglais se glissa parmi ses camarades, courut vers l'auberge de la Couro



— Merci, mon camarade..., fit près d'elle la voix grave d'Arnaud.

Le soldat secoua ses lourdes épaules, essuya rageusement ses joues humides et bougo

— Je ne fais pas la guerre aux femmes, moi. Je ne suis pas l'évêque Cauchon...

Il parlait un français hésitant, rocailleux mais le ton suppléait.

Le bûcher maintenant était complètement enflammé. Un cri sortit du milieu des flammes. C'était la suppliciée. Elle criait « Jésus ». On ne la voyait plus mais frère Isambart, au risque de prendre feu, tendait toujours vers elle la grande croix processio

Elle rouvrit les yeux sur un choc violent. Quelqu’un lui administrait des gifles, puis quelque chose de brûlant coula dans sa gorge. Elle toussa, cracha et, finalement, se retrouva assise, les yeux grands ouverts. Le sergent anglais qui lui avait fait boire du vin pendant le supplice de Jeha

— Ça va mieux ? demanda-t-il doucement.

— Oui... un peu... Merci ! Mais Arnaud... où est Arnaud ?

Elle se trouvait dans une pièce basse et nue, assise sur une jonchée de paille. Le caveau prenait jour, très haut, par un soupirail, mais n'avait pas trop l'air d'une prison.

— Votre compagnon ? Il est à côté, sous solide surveillance... Je vous ai mise ici pour que vous repreniez vos sens, tranquille.

— Où sommes-nous ?

— Au corps de garde de la porte du Grand-Pont. Les ordres sont que l'on vous y garde à vue jusqu'à la nuit tombée. Ne m'en demandez pas plus...

Tâchez de dormir...

Il s'éloignait déjà, lourdement, traînant ses semelles de fer sur les dalles raboteuses. Catherine voulut faire un geste mais ses mains étaient toujours liées. Elle se laissa retomber sur la paille, les larmes aux yeux.

— Arnaud !... Je voudrais tant le voir !

— Vous le verrez plus tard. Pour l'instant, c'est interdit.

Le sergent allait sortir. Elle le rappela :

— Un moment, je vous prie ! Vous avez été bon pour moi. Pourquoi ?

Vous êtes anglais, pourtant !

— Ça vous paraît une raison suffisante pour ne pas avoir pitié d'une pauvre fille ? fit-il avec un sourire triste. C'est que, voyez-vous, j'ai une fille moi aussi. Elle habite avec sa mère, un village du côté d'Exeter... et vous lui ressemblez un peu. Quand on vous a traînée sur la place, tout à l'heure, j'ai cru la voir. Ça m'a fait mal !