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— Voici votre chambre, dit-elle. Votre servante vous y attend déjà.

La lumière douce d'un bouquet de chandelles rouges posées dans un haut candélabre de fer coula jusqu'au milieu de la galerie. Mais, avant de franchir cette porte qu'on lui ouvrait, Catherine s'arrêta devant son hôtesse.

— Pardo

La femme de Gilles releva brusquement ses paupières transparentes, regardant bien en face la nouvelle venue.

— Mon époux ? fit-elle sourdement ; êtes-vous bien sûre que j'aie un époux, madame de Brazey ? Reposez-vous bien jusqu'à l'heure du souper. On corne l'eau dans un peu plus d'une heure.

Catherine entra dans la chambre sans plus insister, tandis que son hôtesse refermait silencieusement la porte et disparaissait. Elle s'avança de quelques pas, regardant autour d'elle. C'était une belle chambre toute vêtue de tapisseries à perso

— Est-ce que nous restons ici ? demanda-t-elle avant que Catherine ait pu ouvrir la bouche. J'ai appris que la Reine est à Amboise.

— Je le sais aussi, répondit Catherine en dénouant les cordons de son ample manteau, et je voulais repartir demain.

Mais nos hôtes ont insisté pour que nous demeurions quelques jours. Il eût été grossier de refuser.

— Quelques jours ? fit Sara d'un ton soupço

— Je ne sais pas au juste, quatre ou cinq, peut-être une semaine au plus.

Mais, loin de s'éclairer, le visage de Sara parut se rembrunir. Elle hocha la tête.

— Mieux vaudrait partir immédiatement ! Cette maison ne me dit rien qui vaille. Il s'y passe des choses bizarres.

— Tu as vraiment trop d'imagination, soupira Catherine, qui, assise sur l'un des tabourets, dénouait ses nattes, et tu ferais bien mieux de m'aider à enlever toute cette poussière.

Elle finissait à peine de parler que la porte de sa chambre s'ouvrait brusquement. Gauthier fit irruption. Il était pâle et ses vêtements en désordre dénonçaient une bagarre récente. Il ne laissa pas le temps aux deux femmes d'ouvrir la bouche.

— Il faut fuir, dame Catherine ! Il faut fuir immédiatement si vous en avez le pouvoir ! Ce château n'est pas pour vous un asile, mais une prison.

Catherine se sentit blêmir. Elle se leva, repoussant doucement Sara qui, de saisissement, laissait tomber le peigne qu'elle avait pris.

— Que veux-tu dire ? As-tu perdu la raison ?

— Je le voudrais bien, fit le géant avec amertume. Malheureusement, le doute n'est pas possible. Je ne sais si l'on vous a accueillie avec ho

J'ai empoigné l'homme à la gorge ! Des soldats sont arrivés et l'ont dégagé. J'ai pu leur fausser compagnie, mais...

Mais une véritable compagnie d'hommes d'armes envahissait à ce moment précis la chambre de Catherine. En un clin d'œil, Gauthier, malgré sa force, fut maîtrisé, d'autant plus aisément que trois arcs étaient bandés dans sa direction et qu'une plus longue résistance lui eût seulement valu quelques flèches dans le corps. Ce spectacle eut le don de déchaîner la colère de Catherine. Elle marcha droit à l'officier qui commandait le détachement et, les dents serrées, les narines pincées, les yeux fulgurants, ordo

— Lâchez cet homme et sortez d'ici ! Comment osez-vous...





— Désolé, noble dame, fit l'officier en portant gauchement la main à son casque, mais votre serviteur a frappé un sergent. Il dépend maintenant de la justice de ce château et je dois le conduire à la prison.

— S'il l'a frappé, il a bien fait ! Sang du Christ ! Il semble que vous entendiez l'hospitalité d'étrange façon, ici !

Comment ? Vous vous emparez de mes mules, vous rudoyez mon serviteur et vous eussiez voulu qu'il se laissât faire ?

Relâchez-le, vous dis-je !

— Je regrette, Madame, j'ai des ordres. Cet homme doit être incarcéré... Moi, j'obéis seulement à la consigne.

— Et vous aviez, déjà, pour consigne d'arrêter mes gens ? fit Catherine avec amertume. Pourquoi pas moi, dans ce cas? Pourquoi ne me jette-t-on pas en prison puisqu'il paraît que je n'aurai pas loisir de sortir de sitôt ?

— Demandez-le à messire de Craon, noble dame...

Très raide, l'officier salua, fit signe à ses hommes

d'emmener le priso

— Ne vous tourmentez pas pour moi, dame Catherine. Oubliez-moi et suivez mon conseil : fuyez si vous le pouvez !

Figées sur place, Catherine et Sara le regardèrent disparaître. La porte se referma. Les yeux de Catherine, que la colère faisait presque noirs, tournèrent et rencontrèrent ceux de Sara.

— Voici donc l'homme dont tu me conseillais de me méfier ! dit-elle amèrement. Puis-je encore douter de sa loyauté ?

— Je reco

Fébrilement, avec des doigts qui s'énervaient, elle essayait de refaire les nattes qu'elle avait dénouées, mais elle n'y arrivait pas. La colère la faisait trembler.

— Laisse-moi faire ! coupa Sara en s'emparant des cheveux de la jeune femme. Je vais te coiffer puis tu changeras de robe. Autant te présenter avec le maximum de dignité... et non pas faite comme une zin- gara !

Catherine n'avait pas envie de sourire. Elle s'assit, très raide, pour permettre à Sara de refaire l'édifice de sa coiffure et de lui ôter la poussière du voyage. Mais tout le temps que dura l'opération Sara put voir les doigts minces de Catherine se croiser et se décroiser nerveusement sur ses genoux.

— Il faut que j'en aie le cœur net ! répétait-elle. Il faut que j'en aie le cœur net !

Quand les trompes du château cornèrent l'eau, Catherine était prête. Sara l'avait vêtue d'une robe de velours, coiffée de deux cornes de dentelle. Elle était, ainsi, très belle et un peu imposante. Elle s'échappa des mains habiles de Sara comme on se sauve et marcha vers la porte avec tant de décision que Sara ne put retenir un sourire.

— Tu as l'air d'un petit coq de combat, lui lança-t-elle.

— Et toi, gronda la jeune femme, tu as bien de la chance de pouvoir plaisanter en ce moment.

L'entrée de Catherine dans la grande salle où l'on avait dressé la table du souper interrompit le récit, à la fois cynégétique et passio