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Il était à présent le maître du domaine et ladite place était à la droite de son fauteuil seigneurial. Dame Mathilde s'installa à sa gauche et les autres convives qui étaient Josse Rallard, Gauthier, le chapelain du château, Bérenger et Marie Rallard et les principaux officiers du domaine, s'installèrent un peu au petit bonheur. Puis, le chapelain ayant invoqué la bienveillance du Seigneur, on attaqua le souper en gens qui ont fait autre chose de leur journée que rêvasser assis sous un arbre.

Ce fut seulement après avoir fait disparaître une paire de poulets, la moitié d'un sanglier et la valeur d'un seau de soupe aux châtaignes que Renaud de Roquemaurel, se décidant à ouvrir la bouche pour autre chose que pour y engouffrer de la nourriture, apprit à Catherine les dispositions que son arrivée lui avait inspirées.

— J'ai envoyé dans tous les châteaux d'alentour aviser de votre arrivée, dame Catherine, et dire que dimanche prochain nous tiendrons ici un conseil de tous ceux à qui la bo

Nul n'ignorait en effet qu'une haine solide opposait, depuis des temps immémoriaux, les Roquemaurel à leurs cousins de Vieillevie et il fallait que l'affaire fût grave pour que Renaud ait consenti à adresser un mot d'écrit à une femme affligée d'un nom aussi exécré.

Jugeant qu'il avait assez parlé, Renaud tendit sa coupe à son écuyer pour qu'il la remplît à ras bord et la vida d'un trait. Cependant, Catherine qui n'avait pas écouté sans surprise ce bel exposé cessa de jouer avec la boulette de pain qu'elle roulait entre ses doigts et relevant son regard pensif sur son hôte :

— Est-ce donc une armée que vous souhaitez lever, ami Renaud ?

— Une armée, nous ne le pourrions pas. Mais quelques bo

— C'est ce que vous pensez, vous qui êtes mon ami, mais croyez-vous que ceux d'alentour jugeront de même ? Mon époux est maître et seigneur de son fief, le plus grand de la région. Il peut y faire ce qu'il veut... Croyez-vous donc que nos voisins vont s'émouvoir parce que le seigneur de Montsalvy refuse de recevoir sa femme légitime et préfère vivre avec une gourgandine ? Cela m'éto

Vous n'y êtes pas, Catherine, coupa dame Mathilde. Ce rassemblement nous l'aurions fait depuis longtemps si l'abbé Bernard avait été là mais au nom de qui cette levée de boucliers alors que l'autre co- seigneur gît sur son lit à des lieues de là et que vous étiez plus loin encore ? Au nom de votre fils, bien sûr. Mais dévoiler sa présence ici c'était prendre un trop grand risque...

Catherine hocha la tête.

— L'abbé Bernard prendra la tête d'une coalition contre Montsalvy

? Je n'y crois pas. Admettez qu'avec tous vos amis nous allions mettre le siège là-haut - et c'est, vous en conviendrez la seule manière d'atteindre Arnaud et la bande qu'il a ramenée avec lui - que croyez-vous qui se passera ? Mon époux mettra sa ville en défense, lancera aux murailles les hommes valides, et même les femmes, et il faudra bien qu'ils lui obéissent, même si c'est à contrecœur, s'ils ne veulent pas encourir sa colère qui me paraît devenue singulièrement redoutable. Cela fera des morts i

— Cela vous fait ho



Gauthier, qui était son voisin, regarda avec sympathie ce compatriote rencontré si extraordinairement au fond de l'Auvergne 1 et qui tenait un langage selon son cœur.

— On dirait que vous ne portez pas le seigneur Arnaud dans votre cœur ? murmura-t-il tout en versant à Josse une bo

— Pourquoi ? Vous ne l'aimez pas ?

— Je ne l'ai guère rencontré mais quand cela a été, les circonstances n'étaient pas de celles qui forcent la sympathie. Et ce que j'ai pu voir ici en arrivant me conduit même à penser que c'est non seulement une brute mais un fieffé imbécile...

Josse considéra l'écuyer de Catherine avec ce curieux sourire en demi-lune, à lèvres closes, qui conférait à son visage brun, strié de petites rides courtes malgré son jeune âge, une sorte de charme ironi-que.

— Ouais ! Je crois que je peux vous comprendre étant do

Néanmoins, je peux vous dire deux choses : Arnaud de Montsalvy est l'un des hommes les plus vaillants que je co

— Allons donc !...

— Mais si. Je dirai même qu'il l'aime trop et que cet amour empoiso

1 Voir Catherine et le temps d'aimer.

Sa Catherine, il la porte plantée en lui, au plus profond de sa chair comme un carreau d'arbalète aux barbes trop larges. Jamais il ne pourra l'arracher et il le sait. Alors tous les prétextes lui sont bons pour le lui faire payer.

— C'est effrayant ! Il est peut-être capable de la tuer en ce cas !

— Peut-être mais je n'y crois pas. Il sait bien qu'ensuite il ne co

Tandis que les deux hommes causaient en aparté, la discussion était devenue générale. Chacun do