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Pour enrayer l'exode il avait fallu fermer les portes de la ville et les faire sévèrement garder : il était interdit de sortir sans un laissez-passer signé du bourgmestre et de deux chefs de corporations.

Van de Walle avait accueilli la requête des marchands étrangers et accepté qu'une ambassade composée de quelques-uns d'entre eux et de plusieurs des plus riches marchands brugeois se rendît à Arras, auprès du duc Philippe, pour protester de leur ardente espérance de voir la paix prochainement rétablie.

— Qu'a-t-il répondu ? demanda Catherine.

— On ne sait encore. Voilà cinq jours qu'ils sont partis, dès le lendemain de la nuit où vous êtes arrivée. Bien sûr il y a de l'espoir.

On dit que Monseigneur a déjà pardo

Vous voyez bien qu'il est tout à fait impossible de quitter la ville et qu'il vaut beaucoup mieux pour vous demeurer ici. Votre évasion a fait grand bruit. On a fouillé la cité pour vous retrouver, sauf ici bien sûr. Vos anciens gardiens enragent parce qu'ils vous croient partie rejoindre le Duc. Ils craignent que vous ne souffliez sur lui le feu de la vengeance et ils vous haïssent en conséquence. Essayer de sortir serait du suicide. Il en va de même pour vos serviteurs que le père Cyprien cache aux Augustins. Croyez-moi, restez avec nous quelque temps lorsque vous serez rétablie !

— Êtes-vous si sûre de toutes vos sœurs ?... La Grande Dame réfléchit un instant. Son visage

porté sur une haute stature ne montrait pas aisément ses sentiments mais Catherine put cependant y lire une perplexité, une sorte de lutte intérieure. Finalement ce fut la vérité qui l'emporta.

— Non. Qui peut se vanter de co

de nos sœurs, les plus âgées, veuves ou sans famille, ont réellement brisé leurs liens avec le monde extérieur mais je ne saurais être absolument sûre de toutes. Je réponds entièrement, bien sûr, de dame Ursule et de dame Berthe qui se sont occupées de vous. Les autres savent seulement que cette maison abrite une grande malade.

Il suffira, une fois guérie, que vous n'en sortiez pas... sinon la nuit pour prendre l'air dans l'enclos. Je vous do

— Que ferai-je de mes journées ?...

Dame Béatrice désigna du geste la petite chambre étincelante de propreté et, tour à tour, le prie-Dieu disposé devant un crucifix et un rouet vide.

— Ce que nous faisons toutes : prier et travailler. À côté de cette chambre vous avez une petite salle. Chacune de nous entretient sa maison, prépare ses repas - dame Ursule ou dame Berthe vous do

— J'ai été élevée fort simplement, dame Béatrice, et aucun travail féminin ne m'est étranger. Il y a longtemps que je n'ai filé mais je pense que cela ne s'oublie pas...



— En effet. Malheureusement nous avons fort peu de laine en ce moment et si l'Angleterre ne reprend rapidement ses relations commerciales avec les villes flamandes nous n'en aurons bientôt plus.

Aussi nous créons-nous, à présent une nouvelle spécialité : la dentelle au fuseau.

— La dentelle ? C'est très rare. Celles que j'ai pu posséder venaient toutes d'Italie, du Puy-en-Velay ou de Malines.

— En effet mais l'une de nos sœurs est veuve d'un riche marchand vénitien et a choisi de rester parmi nous. C'est elle qui nous apprend.

Dame Berthe est l'une de ses meilleures élèves. Si vous le voulez, elle vous enseignera. Pour l'instant il faut d'abord songer à vous remettre tout à fait. Je vous tiendrai au courant de ce qui se passe en ville et vous recevrez certainement des messages en provenance des Augustins...

La Grande Dame quitta Catherine sur ces paroles, la laissant méditer ce qu'allaient être ses jours à venir. Cette fois, la jeune femme les acceptait sans révolte et même sans répugnance. Libérée du fardeau de honte et d'angoisse qu'elle traînait après elle depuis tant de mois, il n'y avait plus pour elle si grande urgence et, à condition que la claustration de Bruges ne durât pas des a

Mais Catherine savait aussi que, pour elle, seul un temps de retraite était possible et même concevable. Si elle acceptait celui-là d'une âme sereine c'était parce que son corps épuisé, son cœur dolent en éprouvaient impérieusement le besoin. Il lui fallait refaire ses forces pour retourner au combat, au combat contre Arnaud !

Depuis son entrée en Flandres, elle s'était efforcée de n'y point penser et même elle avait tenu loin d'elle, autant qu'il lui était possible, le souvenir de Michel et d'Isabelle pour ne pas laisser envahir son âme par l'impitoyable marée du désespoir. Elle avait un terrible problème à résoudre et il fallait qu'elle s'y consacrât totalement. A présent le problème avait trouvé sa solution et Catherine pouvait laisser entrer, dans la sérénité de sa petite maison béguine, l'image joyeuse et blonde de son petit garçon et l'éclat impérieux des yeux noirs du bébé Isabelle... un bébé qu'elle n'avait pas tenu dans ses bras depuis une interminable a

— Jamais plus, se jurait-elle, jamais plus je ne quitterai Montsalvy

! Quoi qu'il puisse advenir, désormais, de moi, ou même de mon époux, je n'abando

Trois jours plus tard elle était sur pied et, tout naturellement, commençait à vivre au rythme du Béguinage. Dame Ursule lui avait apporté un peu de laine à filer et dame Berthe était venue, avec un petit coussin bleu, du fil de lin, des épingles et de minuscules fuseaux lui enseigner les premiers rudiments de l'art des dentellières. Vêtue d'une robe que lui avait do

Par les billets que Saint-Rémy ou Gauthier lui faisaient tenir elle était au courant des événements extérieurs. Aux envoyés de Bruges, Philippe le Bon avait répondu avec un étrange détachement qu'il n'avait vraiment pas le temps de s'occuper de leurs problèmes et que des devoirs impérieux réclamaient, avant tout autre soin, sa présence en Hollande afin d'y étouffer les dernières traces de discorde que la dernière comtesse, Jacqueline de Bavière, la plus romanesque et la plus folle des princesses, avait, en mourant à La Haye, léguées à ses adversaires comme à ses amis.

En conséquence, ces messieurs de Bruges voudraient bien lui accorder permission de traverser leur précieuse ville avec un petit détachement et dans le seul but de gagner du temps cependant que le gros de l'armée passerait au large et se ravitaillerait au château de Maie où des approvisio