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Le jour de la Saint-Éloi, Symo

— Il serait trop triste pour vous de demeurer seule ici, ma mie, lui dit-elle. Le dépaysement vous sera salutaire et nous ferons la route à petites journées.

Vous avez laissé beaucoup d'amis, là-bas... Enfin, nous bénéficierons d'une escorte particulière.

Elle tenait en réserve, en effet, une bo

Catherine refusa. Elle préférait, dit-elle, demeurer à Dijon entre l'oncle Mathieu et dame Bertille dont les sentiments réciproques se précisaient et dont les accordailles devaient être bénies le lendemain même à Notre-Dame. Elle embrassa son amie, promit « quand elle se sentirait mieux » d'aller la visiter à Lille ou à Bruges et, deux jours plus tard, regarda partir calmement l'imposant cortège qui emmenait à la fois Symo

Et ce fut seulement quand la ville fut retombée à son silence hivernal que Catherine do

D'une même voix, Mathieu et Bertille s'indignèrent.

— Comment peux-tu nous faire cela ? s'écria l'oncle tout prêt à pleurer. Tu avais dit que du désirais demeurer avec nous jusqu'au printemps ?

Le sourire qu'elle lui offrit était plus triste que les larmes dont se gonflaient les yeux du brave homme.

— J'ai menti, dit-elle simplement. Je vous en demande bien pardon. Mais si j'avais dit où je désire me rendre, Symo

— Et tu crois que moi je te laisserai aller sans savoir où ?

— Oui, parce que vous me co

Comment, effectivement, lui expliquer l'étrange projet qui avait germé dans son cœur douloureux et son esprit malade : gagner la Lorraine, s'y mettre à la recherche de la fausse Jeha

C'était à cela qu'elle pensait encore tandis que le pas de son cheval réso

— Où allons-nous donc ? demanda Bérenger qui, en regardant l'immense et froide nature, se prenait déjà à regretter la douce chaleur de la maison Morel- Sauvegrain.



— Droit devant nous ! riposta Catherine laconiquement.

L'enfant, peu satisfait de la réponse, s'apprêtait à poser une autre question mais un coup de coude de Gauthier vigoureusement appliqué dans ses côtes le fit taire, et l'on continua à chevaucher en silence.

Depuis qu'elle lui avait do

En apparence, Catherine était exactement semblable à ce qu'elle avait toujours été dans sa beauté intacte mais, chaque fois qu'il lui adressait la parole, Gauthier avait la curieuse impression de s'adresser à quelqu'un d'autre. Il avait en face de lui la parfaite enveloppe, lisse et pure, de la dame de Montsalvy mais rien d'autre car les sentiments qui avaient toujours habité cette enveloppe semblaient à présent curieusement différents, étrangers même. En outre les occasions qu'il pouvait avoir de scruter, de face, le beau visage fermé n'avaient jamais été si rares.

Tant que dura le voyage vers la Lorraine, il ne vit guère de Catherine que son dos ou un profil bien souvent détourné. Au lieu de voyager, comme naguère encore, encadrée par les deux garçons, qu'ils marchassent devant et derrière ou de chaque côté selon la largeur du chemin, elle allait à présent en tête de leur petite troupe sans plus jamais se retourner, l'œil fixé à l'horizon blanc continuellement renouvelé et se haussant parfois sur sa selle comme si elle cherchait à découvrir enfin un but co

Par Langres et le val de Meuse on gagna Neufchâteau où Catherine, enfin, consentit à sortir de son mutisme pour se mettre à interroger les rares passants que l'on rencontrait. Avaient-ils ouï parler d'une femme qui se prétendait Jeha

Savaient-ils où cette femme se trouvait à l'heure présente ?...

Mais elle n'apprit rien. Les gens hochaient la tête, la dévisageaient avec une sorte de crainte comme si elle n'était pas tout à fait dans son bon sens, certains se signaient mais tous sans exception passaient leur chemin rapidement, parfois en haussant les épaules... Visiblement, dans cette petite enclave lorraine cernée par les terres bourguigno

Ce fut pire encore à Domrémy, le petit village qui avait vu naître Jeha

— Mais vous ne trouverez perso

— N'avez-vous pas entendu dire que Jeha

Vivement, comme les villageois de Neufchâteau, le curé se signa tandis que son regard doux s'effarait.

— On dit tant de folies ! Moi, je ne sais rien, foi de Guillaume Front... Je n'ai rien vu, rien entendu !... Perso

Lui aussi avait peur. Mais de qui ? de quoi ? De ses supérieurs hiérarchiques, de l'Eglise qui en pays normand avait condamné la Pucelle comme sorcière, hérétique et relapse ? Des soudards bourguignons qui pouvaient s'abattre sur le pays comme sauterelles si leur duc apprenait la réapparition, même invraisemblable, même impossible de celle dont il avait eu si peur? Ou bien de l'aventurière elle-même, cette coquine -qui s'entendait si bien à inciter les capitaines trop crédules à maltraiter les pauvres gens...