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l'offense peut toucher les biens ou la perso

comme tu le comprends par raison évidente,

puisqu'on peut infliger une mort violente

au prochain, le blesser, le voler, lui causer,

des pertes, la ruine ou bien quelque incendie;

et tous les assassins, agresseurs, homicides,

voleurs et destructeurs, reçoivent leurs tourments,

par ordre des méfaits, dans le premier giron.

On peut lever aussi la main contre soi-même

ou contre sa fortune; et le second giron

oblige en conséquence à de vains repentirs

celui qui met lui-même une fin à ses jours,

qui brelande et dissipe et détruit ses richesses,

pleurant quand il avait de quoi se réjouir.

Quant à la violence à la divinité,

on la fait reniant du cœur et de la bouche

ou par l'oubli du bien et des lois de nature;

et c'est pour ce motif que le petit giron

scelle du même sceau Sodome avec Cahors [101]

et ceux qu'on voit crier tout leur mépris au Ciel.

La fraude, qui s'attaque à toute conscience,

peut s'employer, ou bien contre ceux qui se fient,

ou contre ceux qui sont méfiants jusqu'au bout.

Le second de ces cas ne semble violer

que les liens d'amour formés par la nature:

c'est pour cette raison qu'au deuxième des cercles

se nichent les flatteurs avec les hypocrites,

charlatans et trompeurs, voleurs, simoniaques,

entremetteurs, escrocs, avec leur sale engeance.

Mais de l'autre manière on oublie à la fois

cet amour du prochain, et celui qui s'ajoute

et fait le fondement des accords mutuels:

c'est pour cette raison qu'au plus petit des cercles,

juste au milieu du monde, où Dite a son séjour [102],

on punit à jamais toutes les trahisons.»

Je dis: «Maître, je vois que ton discours est clair,

et grâce à lui je pense avoir très bien saisi

le sens de cet abîme et de ses occupants.

Explique-moi pourtant: ceux du marais de boue,

ceux qu'emporte le vent et que la pluie afflige

et ceux qui, se heurtant, se disent des affronts [103],

pourquoi ne sont-ils pas punis comme ceux-ci,

dans la cité de feu, puisque Dieu les abhorre?

ou, s'il ne les hait pas, pourquoi sont-ils punis?»

Il répondit alors: «Je crois que ton esprit

divague encore plus qu'il ne fait d'habitude;

ou, sinon, rêve-t-il à quelque autre sujet?

As-tu donc oublié les mots dont se servait

ton manuel d'Éthique [104], en te représentant

les trois penchants que Dieu ne veut pas dans les hommes,

qui sont incontinence et malice et coupable

brutalité? et puis, que c'est l'incontinence

qui déplaît moins au Ciel et paraît moins blâmable?

Or, si tu regardais cette affirmation,

te rappelant aussi qui sont ceux qui là-bas

pre

tu verrais la raison qui les fait séparer

des félons d'ici-bas, et pourquoi la justice

les fustige d'en haut avec moins de courroux.»



«Lumière qui secours ma vue insuffisante,

tes explications sont un si grand plaisir,

que j'en aime mon doute autant que ton savoir.

Mais revenons, lui dis-je, et reprenons plus haut,

où tu dis que l'usure offensait elle aussi

la divine bonté: dissipe-moi ce doute.»

«Le philosophe prouve à celui qui comprend,

répondit-il alors, et dans plus d'un endroit,

que le commencement premier de la nature

est dans l'intelligence et dans l'œuvre de Dieu.

D'autre part, si tu lis plus à fond ta Physique,

tu pourras y trouver, presque sur le début,

que votre art reproduit tant qu'il peut la nature,

comme un disciple imite et suit les pas du maître,

en sorte que votre art est petit-fils de Dieu.

Et si tu sais comment la Genèse commence [105],

c'est par ces deux moyens que tous les hommes doivent

chercher leur nourriture et se faire un chemin.

Cependant l'usurier, qui poursuit d'autres buts,

méprise la nature en même temps que l'art,

du fait qu'il place ailleurs tout son espoir du gain.

Et maintenant, suis-moi, nous devons repartir.

Regarde, à l'horizon frétillent les Poissons [106];

déjà l'Ourse se couche au-dessus du Ponant,

et, pour pouvoir descendre, il faut aller plus loin.»

CHANT XII

L'endroit que nous cherchions pour descendre la côte

était, grâce à celui qui surveillait l'entrée,

si hideux, qu'il vaut mieux ne jamais l'avoir vu.

Comme l'éboulement qui, du côté de Trente,

s'est jadis effondré dans le lit de l'Adige,

soit par l'effet des eaux ou de quelque secousse,

en sorte qu'en partant du haut de la montagne

les rochers disloqués s'étalent jusqu'en bas,

ménageant un passage à travers leur ruine [107],

ainsi l'on descendait vers le fond de ce gouffre;

et sur le bord pointu de la roche effondrée

on voyait affalé le désho

qui fut jadis conçu dans une fausse vache [108].

Aussitôt qu'il nous vit, il mordit dans ses mains,

comme ceux qu'au-dedans dévore la colère.

Mon sage guide alors lui cria: «Par hasard

crois-tu que c'est toujours le même duc d'Athènes

qui là-haut, dans le monde, a mis fin à tes jours? [109]

Retire-toi de là! Celui-ci ne vient pas,

comme l'autre, jadis, renseigné par ta sœur,

mais seulement pour voir et co

Comme enrage un taureau qui brise ses attaches,

à l'instant où l'atteint le coup dont il mourra

et, sans pouvoir courir, se trémousse et bondit,

je voyais faire ainsi des bonds au Minotaure;

et l'autre me cria prestement: «Passe vite!

Il faut te faufiler, profitant de sa rage!»

Je descendis alors dans le ravin rempli

de cailloux qui souvent se déplaçaient sous moi,

éto

Je marchais en silence; et il me dit: «Tu penses