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» Je cueillerai la rose fraîche et matutinale, car en tardant, je pourrais perdre l’occasion. Je sais bien qu’à une dame on ne peut faire chose qui lui soit plus douce et plus plaisante, encore qu’elle s’en montre dédaigneuse et, sur le moment, en paraisse triste et tout en pleurs. Je ne me laisserai pas arrêter par une résistance ou un dédain simulés, que je n’aie déclaré et accompli mon dessein.»
Ainsi dit-il, et pendant qu’il s’apprête au doux assaut, une grande rumeur qui réso
Voici, par le bois, venir un chevalier dont la physionomie est celle d’un homme vaillant et fier. Blanc comme neige est son vêtement; il a pour cimier un blanc panache. Le roi Sacripant, qui ne peut lui pardo
Dès que le nouveau venu est plus près, il le défie au combat, car il croit bien lui faire vider l’arçon. Celui-ci, qui ne s’estime pas inférieur à lui d’un grain, en do
Les lions et les taureaux, à se heurter de la poitrine et à s’étreindre, ne sont pas si féroces que les deux guerriers à s’assaillir; du coup, ils se transpercent mutuellement leurs écus. La rencontre fit trembler, du bas en haut, les vallées herbeuses jusqu’aux collines dénudées. Et fort heureux il fut que leurs hauberts fussent bons et parfaits, pour préserver leurs poitrines.
De leur côté, les chevaux ne se détournèrent pas de la ligne droite, mais ils se cossèrent comme des moutons. Celui du guerrier païen fut tué du coup, et il était de son vivant au nombre des bons. L’autre tomba aussi, mais il se releva dès qu’il sentit au flanc les éperons. Celui du roi Sarrasin resta étendu, pesant sur son maître de tout son poids.
Le champion inco
Comme le laboureur étourdi et stupéfié, après que l’éclair est passé, se relève de l’endroit où le feu du ciel l’avait étendu près de ses bœufs morts, et aperçoit sans feuillage et déshonoré le pin que de loin il avait coutume de voir, tel se leva le païen; remis sur pieds, Angélique étant témoin de sa rude aventure.
Il soupire et gémit, non qu’il se soucie d’avoir les pieds et les bras brisés et rompus, mais seulement par vergogne. Durant toute sa vie, ni avant, ni après, il n’eut le visage si rouge. En outre de sa chute, ce qui le fâchait, c’est que ce fut sa dame qui lui enleva ce grand poids de dessus les épaules. Il serait resté muet, je crois, si celle-ci ne lui avait rendu la voix et la langue.
«Eh! – dit-elle – seigneur, ne vous tourmentez pas; de votre chute, la faute n’est pas à vous, mais à votre cheval, auquel repos et nourriture convenaient mieux que joute nouvelle. Quant à ce guerrier, sa gloire n’en sera pas accrue, car il a do
Pendant qu’elle réconforte le Sarrasin, voici venir, le cor et le havre-sac au flanc, et galopant sur un roussin, un messager qui paraît affligé et las. Dès qu’il fut près de Sacripant, il lui demanda s’il n’avait pas vu passer par la forêt un guerrier à l’écu blanc, avec un blanc panache sur la tête.
Sacripant répondit: «Comme tu vois, il m’a ici abattu, et il vient de partir tout à l’heure; et pour que je sache qui m’a mis à pied, fais que par son nom je le co
» Elle est vaillante et plus belle de beaucoup, et je ne te cacherai pas son nom fameux: c’est Bradamante [30], celle qui t’a ravi autant d’ho
Longtemps il réfléchit en vain sur le cas advenu, et finalement, songeant qu’il avait été battu par une femme, plus il y pensait, plus il ressentait de douleur. Il monta sur l’autre destrier, silencieux et muet, et prit Angélique en croupe, la réservant à plus doux usage en un lieu plus tranquille.
Ils n’eurent pas marché deux milles, qu’ils entendirent la forêt dont ils étaient entourés, réso
«Si les rameaux entremêlés et l’air obscur – dit la dame, – à mes yeux ne font pas obstacle, c’est Bayard, ce destrier qui, au beau milieu du bois, avec une telle rumeur se fraye un chemin. C’est certainement Bayard; je le reco
Le Circassien descend de cheval et s’approche du destrier, pensant mettre la main sur le frein. De la croupe, le destrier lui fait riposte, prompt comme un éclair à se retourner, mais sans pouvoir l’atteindre avec les pieds. Malheur au chevalier si le cheval l’avait touché en plein, car il avait une telle force dans les jambes, qu’il aurait brisé une montagne de métal.
Cependant, il va, radouci, vers la donzelle, avec une humble contenance et un geste humain, comme le chien qui saute autour de son maître resté deux ou trois jours absent. Bayard se souvenait encore que c’était elle qui, dans Albracca, le servait jadis de sa main [31], au temps où elle avait tant aimé Renaud alors cruel, alors ingrat.
De la main gauche elle prend la bride, de l’autre elle touche et palpe le col et la poitrine, et ce destrier qui avait une intelligence éto
Alors, jetant les yeux autour d’elle, elle voit venir, faisant réso