Страница 3 из 158
Тютчевой Е. Ф., 11 апреля 1862
Je passe à toi, ma bo
Hier soir il y a eu un petit bal à la Cour, en l’ho
Fais mes amitiés à la tante et aux deux oncles et charge-toi de dire à Н В que je le fais remercier de son envoi littéraire. — Nous avons ici en ce moment le professeur Чичерин, avec qui j’ai dîné hier chez le Prince Горчаков. C’est un homme de bien et de convictions et il serait à désirer que l’exemple qu’il do
Перехожу к тебе, моя милая, славная Китти, и шлю тебе по случаю праздников, как и по всем другим случаям, самые сердечные пожелания счастья. Все они объединяются сейчас в одно, и мне представляется столь же нелепым, сколь и несправедливым то, что это пожелание все никак не осуществляется. Если б посреди Невского, на глазах у всех неделями лежал мешок с золотом, меня бы это меньше удивило.
Вчера вечером при дворе был дан небольшой бал, кажется, в честь великого князя Владимира. Три твои сестры там были, но Мари мне ничего еще о бале не рассказывала, так как вернулась с него, когда я уже спал.
Кланяйся от меня тетушке и обоим дядюшкам и возьми на себя труд сказать Николаю Васильевичу, что я благодарю его за литературное послание. У нас здесь сейчас профессор Чичерин, вчера я с ним обедал у князя Горчакова. Он человек благородный и с убеждениями, и хорошо было бы, если бы пример, который он подает, оказался заразительным. Это быстро бы прекратило вакханалию глупости и сумасбродства, которая, словно злое наваждение, в той или иной мере захватила всех. До скорого свиданья, милая моя дочь.
Головнину А.В., 16 мая 1862
Середа. 16 мая
Милостивый государь Александр Васильевич,
Позвольте мне обратиться к вашему превосходительству с моею покорнейшею просьбою.
В случае, если мое отправление за границу состоится еще в нынешнем месяце, я крайне был бы обязан вашему превосходительству, если бы вы благоволили разрешить выдачу мне вперед моего месячного жалования за текущий май месяц — не смею прибавить и за будущий.
С истинным почтением честь имею быть вашего превосходительства покорнейший слуга Ф. Тютчев
Тютчевой Д. Ф., июль — август 1862
Martigny. Sion. Bains de Loèche. La Gemmi. Candersteg. Interlaken. Thun.
Cette série de dates résume les derniers quinze jours de mon existence de touriste. C’est tout un monde d’enchantement. Je me suis assuré, par mes yeux, que toutes ces belles choses existent en réalité. Dans quelques semaines j’en douterai.
J’ai eu quelques très bons quarts d’heure dans le courant de ces derniers quinze jours… Des quarts d’heure où je me suis senti vivre de la vie d’autrefois, de la vie d’il y a cent ans…
Savez-vous, ma fille chérie, ce que c’est que la Gemmi, p e? C’est une montagne à pic, de 7 mille pieds de haut, qui sépare les bains de Loèche de la délicieuse vallée de Candersteg qui mène aux lacs de Thun et de Brienz… C’est un des passages les plus rudes et les plus scabreux des Alpes de l’Oberland. Une dame française y a péri l’a
Ce qui est d’une beauté inexprimable, c’est le silence absolu qui règne sur les hautes cimes. C’est un monde à part qui n’appartient plus aux vivants.
A Interlaken j’ai rencontré une foule de Russes, mais perso
Sur le lac de Brienz je suis allé voir le Giessbach, éclairé aux feux de Bengale. Ce jour-là j’ai rencontré, à quelques heures d’intervalle, le fameux Kossuth et la Reine douairière de Naples.
A Thun j’ai do
A Berne j’ai vu l’ours qui a croqué l’Anglais et qui ne paraît pas s’en souvenir — et à Fribourg l’orgue, que j’avais entendu il y a 22 ans, m’a inondé d’une tristesse qu’aucune parole humaine ne saurait exprimer.
Ah, ma fille, pourquoi vit-on jusqu’à un certain âge…
Eh bien, de tous ces endroits que je vous ai énumérés, je me proposai de vous écrire, mais la conviction m’a manqué. Et, certes, elle aurait manqué à moins. En effet, je ne sais ce qui vous arrive et comment je dois m’expliquer ce silence de néant où vous vous renfermez à mon égard… Heureusement, j’ai usé l’inquiétude, car autrement j’en serais fou à l’heure qu’il est… Les dernières nouvelles que j’aie reçues de vous, c’est ta lettre en date du 2 juillet qui est allée me chercher à Bade. Tu avais, peut-être, quelque raison de me l’adresser là. Car il y a 3 semaines que j’aurais dû y être. Mais au moment d’y aller je me suis si vivement rappelé certaines impressions de la localité, la cohue des salons de jeu, le désœuvrement affairé de tout ce monde plus qu’à moitié canaille se coudoyant toute le journée comme dans une impasse, — voire même le cercle prétentieusement exclusif de nos dames de Pétersb, que je suis si sûr de revoir longuement dans le courant de cet hiver. — Je me suis si vivement représenté tout cela, que j’ai eu honte de mon empressement à aller ressaisir toutes ces belles choses si co