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Non, c’est impossible. Des pressentiments de mille ans ne trompent point. La Russie, pays de foi, ne manquera pas de foi dans le moment suprême. Elle ne s’effraiera pas de la grandeur de ses destinées et ne reculera pas devant sa mission.
Et quand donc cette mission a-t-elle été plus claire et plus évidente? On peut dire que Dieu l’écrit en traits de feu sur ce Ciel tout noir de tempêtes. L’Occident s’en va, tout croule, tout s’abîme dans une conflagration générale, l’Europe de Charlemagne aussi bien que l’Europe des traités de 1815; la papauté de Rome et toutes les royautés de l’Occident; le Catholicisme et le Protestantisme; la foi depuis longtemps perdue et la raison réduite à l’absurde; l’ordre désormais impossible, la liberté désormais impossible, et sur toutes ces ruines amoncelées par elle, la civilisation se suicidant de ses propres mains…
Et lorsque au-dessus de cet immense naufrage nous voyons comme une Arche Sainte surnager cet Empire plus immense encore, qui donc pourrait douter de sa mission, et serait-ce à nous, ses enfants, à nous montrer sceptiques et pusillanimes?..
12 avril 1848
La question Romaine
Si, parmi les questions du jour ou plutôt du siècle, il en est une qui résume et concentre comme dans un foyer toutes les anomalies, toutes les contradictions et toutes les impossibilités contre lesquelles se débat l’Europe Occidentale, c’est assurément la question romaine.
Et il n’en pouvait être autrement, grâce à cette inexorable logique que Dieu a mise, comme une justice cachée, dans les événements de ce monde. La profonde et irréconciliable scission qui travaille depuis des siècles l’Occident, devait trouver enfin son expression suprême, elle devait pénétrer jusqu’à la racine de l’arbre. Or, c’est un titre de gloire que perso
Ce qui contribue probablement à do
Non, certes, ce n’est pas là une question comme une autre — car non seulement elle touche à tout dans l’Occident, mais on peut même dire qu’elle le déborde.
On ne serait assurément pas accusé de soutenir un paradoxe ou d’avancer une calomnie en affirmant qu’à l’heure qu’il est, tout ce qui reste encore de Christianisme positif à l’Occident, se rattache, soit explicitement, soit par des affinités plus ou moins avouées, au Catholicisme Romain dont la Papauté, telle que les siècles l’ont faite, est évidemment la clef de voûte et la condition d’existence.
Le Protestantisme avec ses nombreuses ramifications, après avoir fourni à peine une carrière de trois siècles, se meurt de décrépitude dans tous les pays où il avait regné jusqu’à présent, l’Angleterre seule exceptée; — ou s’il révèle encore quelques éléments de vie, ces éléments aspirent à rejoindre Rome. Quant aux doctrines religieuses qui se produisent en dehors de toute communauté avec l’un ou l’autre de ces deux symboles, ce ne sont évidemment que des opinions individuelles.
En un mot: la Papauté — telle est la colo
Nous co
Il y a certainement de la mauvaise foi, même de la part des plus candides, à faire semblant de croire que des réformes sérieuses et sincères, introduites dans le régime actuel de l’Etat Romain, puissent ne pas aboutir dans un temps do
Mais la question n’est même pas là: la véritable question est de savoir au profit de qui se ferait cette sécularisation, c’est-à-dire quels seront: la nature, l’esprit et les tendances du pouvoir auquel vous remettriez l’autorité temporelle après en avoir dépouillé la Papauté? — Car, vous ne sauriez vous le dissimuler, c’est sous la tutelle de ce nouveau pouvoir que la Papauté serait désormais appelée à vivre.
Et c’est ici que les illusions abondent. Nous co
Toute illusion, toute méprise à cet égard sont impossibles pour qui a bien réellement compris ce qui fait le fond du débat qui s’agite en Occident — ce qui en est devenu depuis des siècles la vie même; vie anormale mais réelle, maladie qui ne date pas d’hier et qui est toujours encore en voie de progrès. Et s’il se rencontre si peu d’hommes qui ont le sentiment de cette situation, cela prouve seulement que la maladie est déjà bien avancée.
Nul doute, quant à la question romaine, que la plupart des intérêts qui réclament des réformes et des concessions de la part du Pape sont des intérêts ho
Car encore une fois la sécularisation de l’Etat romain est au bout de toute réforme sincère et sérieuse qu’on voudrait y introduire, et d’autre part la sécularisation dans les circonstances présentes ne serait qu’un désarmement devant l’e