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— Vous vous êtes réveillée au bon moment! déclara-t-il, dès qu’elle eut pris son bain d’électricité et d’ondes. Branchez la musique et la lumière du lever. Pour tout le monde!
Niza appuya aussitôt sur plusieurs boutons qui déclenchèrent dans toutes les cabines de l’équipage des lueurs intermittentes et une harmonie d’accords graves qui allaient crescendo. Le système nerveux se dégageait graduellement de l’inhibition pour reprendre son activité normale. Cinq heures après, tous les membres de l’expédition, réconfortés par la nourriture et les toniques, se rassemblaient au poste central.
Chacun réagit à sa manière à la nouvelle du désastre de L’Algrab. Comme l’avait prévu Erg Noor, l’expédition se révéla à la hauteur. Pas un mot de désespoir, pas un regard effrayé. Pour Hiss, qui ne s’était guère montré courageux sur Zirda, fit bo
— Honorons la mémoire de nos camarades! dit le chef en branchant l’écran du projecteur, où surgit L’Algrab photographié au départ de la Tantra. Tous se levèrent. Les clichés se succédaient lentement, visages tantôt sérieux, tantôt gais, des sept membres de l’équipage disparu. Erg Noor les nommait au fur et à mesure, et les passagers leur adressaient le salut d’adieu. C’était la tradition des astronautes. Les vaisseaux stellaires qui partaient ensemble avaient toujours la collection complète des photos du perso
La majorité des astronautes admettaient l’existence, dans le Cosmos, de champs neutres ou zones zéro, qui absorbaient les radiations et les messages. Les astrophysiciens, par contre, qualifiaient les zones zéro de chimères nées d’une imagination trop fertile.
Après la cérémonie funèbre et la réunion, qui fut assez brève, Erg Noor tourna la Tantra vers la Terre et brancha les moteurs à anaméson. Ils fonctio
Il s’agissait de voler pendant six a
Deux mois plus tard, la ligne de vol était calculée et la Tantra décrivait une courbe douce d’égale intensité.
Le superbe vaisseau stellaire était en parfait état, sa vitesse se jnaintenait dans les limites voulues. Le temps seul — près de quatre a
Erg Noor et Niza, fatigués par leur service, avaient sombré dans un profond sommeil, ainsi que deux astronomes, le géologue, le biologiste, le médecin et quatre ingénieurs.
Ils étaient relevés par l’équipe suivante: Pel Lin, un astro-navigateur qui en était à sa deuxième expédition, l’astronome Ingrid Ditra et l’ingénieur électronicien Key Baer, qui s’était joint à eux volontairement. Ingrid, avec l’autorisation de Pel Lin, se retirait souvent dans la bibliothèque voisine du poste central. Elle collaborait avec son vieil ami Key Baer à une symphonie monumentale, la Mort d’une Planète, inspirée par la tragédie de Zirda. Quand il était las d’entendre le susurrement des appareils et de contempler les abîmes noirs du Cosmos, Pel Lin mettait Ingrid à sa place et s’appliquait à déchiffrer des inscriptions mystérieuses, provenant d’une planète du Centaure, abando
Il y eut deux relèves encore, le vaisseau s’était rapproché de la Terre d’environ dix trillions de kilomètres, et les moteurs à anaméson n’étaient embrayés que pour quelques heures.
L’équipe de Pel Lin achevait sa quatrième veillée depuis que la Tantra avait quitté le lieu du rendez-vous manqué avec L’Algrab.
L’astronome Ingrid Ditra, ses calculs terminés, se retourna vers Pel Lin qui suivait d’un œil mélancolique la palpitation incessante des aiguilles rouges sur les cadrans bleu clair des intensimètres des champs de gravitation. Le ralentissement habituel des réactions nerveuses, auquel étaient sujettes les natures les plus robustes, se faisait sentir dans la seconde moitié, de la veillée. L’astronef, gouverné automatiquement, suivait pendant des mois et des a
— A mon avis, nous sommes en plein dans la région inexplorée 344 + 2 U. Le chef voulait veiller lui-même, dit Ingrid à l’astronavigateur. Pel Lin consulta le compteur chronologique.
— De toute façon nous serons relevés dans deux jours. Il n’y a pour le moment rien de particulier… On y va jusqu’au bout?
Ingrid acquiesça d’un signe de tête. Key Baer, sorti des compartiments de l’arrière, occupa son fauteuil près des mécanismes d’équilibre. Pel Lin se leva en bâillant.
— Je vais dormir quelques heures, déclara-t-il à Ingrid. Elle passa docilement au tableau de bord.
La Tantra voguait dans le vide absolu, sans osciller. Pas une météorite, même lointaine, n’était détectée par les appareils de Voll Hotl. La route du vaisseau s’écartait un peu de la direction du Soleil: la différence équivalait à environ un an et demi de voyage. Les réflecteurs avant étaient d’un noir opaque; on aurait dit que l’astronef se dirigeait au cœur des ténèbres. Seuls, les télescopes latéraux continuaient à capter un semis d’i
Une angoisse étrange secoua les nerfs d’Ingrid. Revenue auprès de ses machines et de ses télescopes, elle vérifiait à nouveau leurs indications et dressait la carte de la région inco