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Mven Mas se montra encore plus franc.

— Je n’ai pas la preuve du succès. J’ignore ce qu’a vu Ren Boz…

Une tristesse manifeste assombrit le visage de Grom Orm. Simplement attentif l’instant d’avant, il était devenu austère.

— Que comptez-vous faire?

— Permettez-moi de remettre mes pouvoirs à Junius Ante. Je ne suis plus digne de diriger la station. Mon devoir est de rester auprès de Ren Boz jusqu’à la fin… L’Africain resta court et se reprit: jusqu’à la fin de l’opération. Après quoi… je me retirerai dans l’île de l’Oubli en attendant le jugement… Je-me suis déjà condamné moi-même!

— Vous avez peut-être raison. Mais beaucoup de circonstances m’échappent, et je m’abstiens de me prononcer. Votre cas sera examiné à la prochaine séance du Conseil, Qui proposez-vous comme votre remplaçant, tout d’abord pour restaurer le satellite?

— Je ne co

Le président approuva de la tête. Il dévisagea un moment l’Africain, comme s’il voulait ajouter quelque chose, puis il fit un geste d’adieu. L’écran s’éteignit à propos, car la tête de Mven Mas s’était brouillée.

— Informez Evda Nal de ma part,’ chuchota-t-il au directeur de l’observatoire qui se tenait à côté de lui. Il tomba, essaya en vain de se relever et ne remua plus.

La venue d’un homme de type mongoloïde, d’assez petite taille, au sourire gai et aux allures impératives, attira l’attention générale. Ses assistants lui obéissaient avec l’empressement joyeux des soldats de l’antiquité commandés par un grand capitaine. Mais le prestige. du maître n’a

En apprenant que la fiche d’hérédité de Ren Boz n’était pas encore arrivée, Af Nout s’emporta; mais il se calma aussitôt, quand on lui dit qu’Evda Nal en perso

Le directeur de l’observatoire demanda prudemment à quoi servirait l’hérédité de Ren Boz et quelle aide pouvaient lui fournir ses ancêtres. Af Nout plissa les paupières avec malice, comme s’il confiait un secret à un ami.

— L’ascendance de tout individu est étudiée non seulement pour comprendre sa structure psychique et établir les pronostics dans ce domaine. Non moins importantes sont les do

Comme le directeur allait poser une autre question, Af Nout l’arrêta.

— J’en ai assez dit pour vous mettre sur la voie. Le temps presse!





Le directeur balbutia des excuses que le chirurgien ne se do

Sur la plate-forme aménagée au pied de la montagne, on dressait en hâte une salle d’opération où on amenait l’eau, le courant et l’air comprimé. D’i

Pour les os fracturés et les veines rompues du physicien, on utilisait des crampons et des éclisses en tantale, qui n’irritaient par les tissus. Af Nout examina les lésions des entrailles. Les intestins crevés et l’estomac, débarrassés des parties nécrosées, furent recousus et placés dans un bain de solution cicatrisante B 314, qui correspondait aux facultés somatiques de l’organisme. Ensuite Af Nout entreprit la besogne la plus délicate. Il extraya de l’hypocondre le foie noirci, percé par les éclats des côtes, et pendant que les assistants tenaient l’organe en suspens, il tira à sa suite les fils ténus des nerfs autonomes sympathiques et parasympathiques. La moindre lésion de la plus fine ramille risquait d’entraîner des détériorations irréparables. D’un mouvement rapide, le chirurgien trancha la reine porte et adapta à ses deux extrémités des vaisseaux artificiels. Quand il eut fait de même pour les artères, Af Nout mit le foie dans un vase à part, rempli de solution B 314. Après cinq heures d’opération, tous les organes endommagés de Ren Boz se trouvaient dans des récipients. Le sang artificiel circulait dans son corps, propulsé par le cœur véritable et une pompe automatique qui le secondait. On pouvait attendre maintenant que les organes extraits fussent guéris. Af Nout n’avait pas la possibilité de remplacer carrément le foie malade par un autre, conservé dans les magasins chirurgicaux de la planète, car cela eût exigé des recherches supplémentaires dont la durée pouvait être fatale au malade. Un chirurgien resta pour veiller le corps, immobile et étalé comme un cadavre disséqué, pendant que l’équipe suivante achevait de se stériliser.

La porte de l’enceinte qui entourait la salle d’opération coulissa bruyamment et Af Nout parut, clignant des yeux et s’étirant comme un fauve à son réveil, escorté de ses aides maculés de sang. Evda Nal pâle et fatiguée, vint à sa rencontre et lui tendit la généalogie de Ren Boz. Il s’en saisit, la parcourut et poussa un soupir de soulagement.

— Je crois que tout ira bien. Allons nous reposer!

— Mais… s’il revient à lui?

— Non! Rien à craindre. Nous ne sommes pas assez bêtes pour négliger les précautions.

— Combien faut-il attendre?

— Quatre ou cinq jours. Si les analyses biologiques sont exactes et les calculs justes, on pourra opérer de nouveau, en réintégrant les organes à leur place. Puis il reprendra co

— Combien de temps pouvez-vous rester ici?

— Une dizaine de jours. La catastrophe s’est produite en pleines vacances. J’en profiterai pour visiter le Tibet où je ne suis jamais venu. Mon destin est de vivre là où il y a le plus d’hommes, c’est-à-dire dans la zone habitée!

Evda Nal lui jeta un regard admiratif. Af Nout sourit et remarqua d’un ton bourru:

— Vous me regardez comme on devait contempler autrefois l’image de Dieu. Cela messied à la plus sagace de mes élèves!

— Je vous vois, en effet, sous un jour nouveau. C’est la première fois que la vie d’un homme qui m’est cher est entre les mains d’un chirurgien, et je comprends l’émoi de ceux qui ont eu affaire à votre profession… Le savoir s’y allie à une habileté incomparable!