Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 118 из 123



– Peut-être bien qu'elle se remarie.

– Elle est donc veuve? demanda l'autre.

– Je ne sais pas… Seulement, vous devez vous rappeler, la fois qu'elle était en deuil… À moins qu'elle n'ait gagné de l'argent à la Bourse.

Un silence régna. Ensuite, il conclut:

– Ça la regarde… Si l'on tutoyait toutes les femmes qui vie

Mais Hutin se montrait songeur. Il avait eu, l'avant-veille, une explication vive avec la direction, et il se sentait condamné. Après la grande mise en vente, son renvoi était certain. Depuis longtemps, sa situation craquait; au dernier inventaire, on lui avait reproché d'être resté au-dessous du chiffre d'affaires fixé d'avance; et c'était encore, c'était surtout la lente poussée des appétits qui le mangeait à son tour, toute la guerre sourde du rayon le jetant dehors, dans le branle même de la machine. On entendait le travail obscur de Favier, un gros bruit de mâchoires, étouffé sous terre. Celui-ci avait déjà la promesse d'être nommé premier. Hutin, qui savait ces choses, au lieu de gifler son ancien camarade, le regardait maintenant comme très fort. Un garçon si froid, l'air obéissant, dont il s'était servi pour user Robineau et Bouthemont! ça le frappait d'une surprise où il entrait du respect.

– À propos, reprit Favier, vous savez qu'elle reste. On vient de voir le patron jouer de la prunelle… Je vais en être pour une bouteille de champagne, moi.

Il parlait de Denise. D'un comptoir à l'autre, les commérages soufflaient plus fort, au travers du flot sans cesse épaissi des clientes. La soie surtout était en révolution, car on y pariait des choses chères.

– Sacrédié! lâcha Hutin, s'éveillant comme d'un rêve, ai-je été bête de ne pas coucher avec!… C'est aujourd'hui que je serais chic!

Puis, il rougit de cet aveu, en voyant rire Favier. Et il feignit de rire également, il ajouta, pour rattraper sa phrase, que c'était cette créature qui l'avait perdu dans l'esprit de la direction. Cependant, un besoin de violence le prenait, il finit par s'emporter contre les vendeurs débandés sous l'assaut de la clientèle. Mais, tout d'un coup, il se remit à sourire: il venait d'apercevoir Mme Desforges et Mme Guibal traversant le rayon avec lenteur.

– Il ne vous faut rien, aujourd'hui, madame?

– Non, merci, répondit Henriette. Vous voyez, je me promène, je ne suis venue qu'en curieuse.

Quand il l'eut arrêtée, il baissa la voix. Tout un plan germait dans sa tête. Et il la flatta, il dénigra la maison: lui, en avait assez, il préférait s'en aller, que d'assister davantage à un pareil désordre. Elle l'écoutait, ravie. Ce fut elle qui, croyant l'enlever au Bonheur, lui offrit de le faire engager par Bouthemont comme premier à la soie, lorsque les magasins des Quatre Saisons seraient réinstallés. L'affaire fut conclue, tous deux chuchotaient très bas, tandis que Mme Guibal s'intéressait aux étalages.

– Puis-je vous offrir un de ces bouquets de violettes? reprit Hutin tout haut, en montrant sur une table trois ou quatre des bouquets primes, qu'il s'était procurés à une caisse, pour des cadeaux perso

– Ah! non, par exemple! s'écria Henriette, avec un mouvement de recul, je ne veux pas être de la noce.



Ils se comprirent, ils se séparèrent en riant de nouveau, avec des coups d'œil d'intelligence.

Comme Mme Desforges cherchait Mme Guibal, elle s'exclama, en l'apercevant avec Mme Marty. Cette dernière, suivie de sa fille Valentine, était depuis deux heures emportée à travers les magasins, par une de ces crises de dépense, dont elle sortait brisée et confuse. Elle avait battu le rayon des meubles qu'une exposition de mobiliers blancs laqués changeait en vaste chambre de jeune fille, les rubans et les fichus dressant des colo

– Oh! ma chère, bégayait-elle, vous ne vous doutez pas! Ils ont un assortiment de capotes extraordinaire. J'en ai choisi une pour moi et une pour ma fille… Et les chaussures, hein? Valentine.

– C'est inouï! ajoutait la jeune fille, avec sa hardiesse de femme. Il y a des bottes à vingt francs cinquante, ah! des bottes!

Un vendeur les suivait, traînant l'éternelle chaise, où s'entassait déjà tout un amoncellement d'articles.

– Comment va M. Marty? demanda Mme Desforges.

– Pas mal, je crois, répondit Mme Marty, effarée par cette brusque question, qui tombait méchamment dans sa fièvre dépensière. Il est toujours là-bas, mon oncle a dû aller le voir ce matin…

Mais elle s'interrompit, elle eut une exclamation d'extase.

– Voyez donc, est-ce adorable!

Ces dames, qui avaient fait quelques pas, se trouvaient devant le nouveau rayon des fleurs et plumes, installé dans la galerie centrale, entre la soierie et la ganterie. C'était, sous la lumière vive du vitrage, une floraison énorme, une gerbe blanche, haute et large comme un chêne. Des piquets de fleurs garnissaient le bas, des violettes, des muguets, des jacinthes, des marguerites, toutes les blancheurs délicates des plates-bandes. Puis, des bouquets montaient, des roses blanches, attendries d'une pointe de chair, de grosses pivoines blanches, à peine teintées de carmin, des chrysanthèmes blancs, en fusées légères, étoilées de jaune. Et les fleurs montaient toujours, de grands lis mystiques, des branches de pommier printanières, des bottes de lilas embaumé, un épanouissement continu que surmontaient, à la hauteur du premier étage, des panaches de plumes d'autruche, des plumes blanches qui étaient comme le souffle envolé de ce peuple de fleurs blanches. Tout un coin étalait des garnitures et des couro