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SCÈNE III
Juliette. – Oui, c'est la toilette qu'il faut… Mais, gentille nourrice, laisse-moi seule cette nuit, je t'en prie: car j'ai besoin de beaucoup prier pour décider le ciel à sourire à mon existence, qui est, tu le sais bien, pleine de trouble et de péché. (Entre lady Capulet.)
Lady Capulet. – Allons, êtes-vous encore occupées? avez-vous besoin de mon aide?
Juliette. – Non, madame; nous avons choisi tout ce qui sera nécessaire pour notre cérémonie de demain. Veuillez permettre que je reste seule à présent, et que la nourrice veille avec vous cette nuit; car j'en suis sûre, vous avez trop d'ouvrage sur les bras, dans des circonstances si pressantes.
Lady Capulet. – Bo
Juliette. – Adieu!… Dieu sait quand nous nous reverrons. Une vague frayeur répand le frisson dans mes veines et y glace presque la chaleur vitale… Je vais les rappeler pour me rassurer… Nourrice!… qu'a-t-elle à faire ici? Il faut que je joue seule mon horrible scène. (Prenant la fiole que Laurence lui a do
Elle se jette sur son lit derrière un rideau.
SCÈNE IV
Lady Capulet, do
La Nourrice. – On demande des dattes et des coings pour la pâtisserie.
Entre Capulet.
Capulet. – Allons! debout! debout! debout! le coq a chanté deux fois; le couvre-feu a so
La Nourrice, à Capulet. – Allez, allez, cogne-fétu, allez vous mettre au lit; ma parole, vous serez malade demain d'avoir veillé cette nuit.
Capulet. – Ne
Lady Capulet. – Oui, vous avez chassé les souris dans votre temps; mais je veillerai désormais à ce que vous ne veilliez plus ainsi. (lady Capulet et la nourrice sortent.)
Capulet. – Jalousie! jalousie! (Des Valets passent portant des broches, des bûches et des paniers.) (Au premier valet.) Eh bien, l'ami, qu'est-ce que tout ça?
Premier Valet. – Monsieur, c'est pour le cuisinier, mais je ne sais trop ce que c'est.
Capulet. – Hâte-toi, hâte-toi. (Sort le premier valet.) (Au deuxième valet.) Maraud, apporte des bûches plus sèches, appelle Pierre, il te montrera où il y en a.
Deuxième Valet. – J'ai assez de tête, monsieur, pour suffire aux bûches sans déranger Pierre. (Il sort.)
Capulet. – Par la messe, bien répondu. Voilà un plaisant coquin! Ah! je te proclame roi des bûches… Ma foi, il est jour Le comte va être ici tout à l'heure avec la musique, car il me l'a promis. (Bruit d'instruments qui se rapprochent.) Je l'entends qui s'avance… Nourrice! Femme! Holà! nourrice, allons donc! (Entre la nourrice.)
Capulet. – Allez éveiller Juliette, allez, et habillez-la; je vais causer avec Pâris… Vite, hâtez-vous, hâtez-vous! le fiancé est déjà arrivé; hâtez-vous, vous dis-je. (Tous sortent.)
SCÈNE V
La Nourrice, appelant. – Madame! allons, madame!… Juliette!… Elle dort profondément, je le garantis… Eh bien, agneau! eh bien, maîtresse!… Fi, paresseuse!… Allons, amour allons! Madame! mon cher cœur! Allons, la mariée! Quoi, pas un mot!… Vous en prenez pour votre argent cette fois, vous dormez pour une semaine, car, la nuit prochaine, j'en réponds, le comte a pris son parti de ne vous laisser prendre que peu de repos… Dieu me pardo
Lady Capulet. – Quel est ce bruit?
La Nourrice. – Ô jour lamentable!
Lady Capulet. – Qu'y a-t-il?
La Nourrice, montrant le lit. – Regardez, regardez! ô jour désolant!
Lady Capulet. – Ciel! ciel! Mon enfant, ma vie! Renais, rouvre les yeux, ou je vais mourir avec toi! Au secours! au secours! appelez au secours!