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– Je m’en doutais! fit sèchement Holmes.
– Les circonstances sont extrêmement délicates. Il ne faut reculer devant aucune précaution pour étouffer tout germe de ce qui pourrait devenir un immense scandale et compromettre gravement l’une des familles régnantes de l’Europe. Pour parler clair, l’affaire concerne la grande maison d’Ormstein, d’où sont issus les rois héréditaires de Bohême.
– Je le savais aussi, murmura Holmes en s’installant dans un fauteuil et en fermant les yeux.»
Notre visiteur contempla avec un visible éto
«Si Votre Majesté daignait condescendre à exposer le cas où elle se trouve, observa-t-il, je serais plus à même de la conseiller.»
L’homme bondit hors de son fauteuil pour marcher de long en large, sous l’effet d’une agitation qu’il était incapable de contrôler. Puis, avec un geste désespéré, il arracha le masque qu’il portait et le jeta à terre.
«Vous avez raison, s’écria-t-il. Je suis le roi. Pourquoi m’efforcerais-je de vous le cacher?
– Pourquoi, en effet? dit Holmes presque à voix basse. Votre Majesté n’avait pas encore prononcé une parole que je savais que j’avais en face de moi Wilhelm Gottsreich Sigismond von Ormstein, grand-duc de Cassel-Falstein, et roi héréditaire de Bohême.
– Mais vous pouvez comprendre, reprit notre visiteur étranger qui s’était rassis tout en passant sa main sur son front haut et blanc, vous pouvez comprendre que je ne suis pas habitué à régler ce genre d’affaires par moi-même. Et pourtant il s’agit d’une chose si délicate que je ne pouvais la confier à un collaborateur quelconque sans tomber sous sa coupe. Je suis venu incognito de Prague dans le but de vous consulter.
– Alors, je vous en prie, consultez! dit Holmes en refermant les yeux.
– En bref, voici les faits: il y a environ cinq a
– S’il vous plaît, docteur, voudriez-vous regarder sa fiche? murmura Holmes sans ouvrir les yeux.»
Depuis plusieurs a
«Voyons, dit Holmes. Hum! Née dans le New Jersey en 1858. Contralto… Hum! La Scala… Hum! Prima do
– Exactement. Mais comment…
– Y a-t-il eu un mariage secret?
– Non.
– Pas de papiers, ni de certificats légaux?
– Aucun.
– Dans ce cas je ne comprends plus votre Majesté. Si cette jeune perso
– Mon écriture…
– Peuh, peuh! Des faux!
– Mon papier à lettres perso
– Un vol!
– Mon propre sceau…
– Elle l’aura imité!
– Ma photographie…
– Elle l’a achetée!
– Mais nous avons été photographiés ensemble!
– Oh! la la! Voilà qui est très mauvais. Votre Majesté a manqué de distinction.
– Elle m’avait rendu fou: j’avais perdu la tête!
– Vous vous êtes sérieusement compromis.
– A l’évoque, je n’étais que prince héritier. J’étais jeune. Aujourd’hui je n’ai que trente ans.
– Il faut récupérer la photographie.
– Nous avons essayé, nous n’avons pas réussi.
– Votre Majesté paiera. Il faut racheter.
– Elle ne la vendra pas.
– La dérober, alors.
– Cinq tentatives ont été effectuées. Deux fois des cambrioleurs à ma solde ont fouillé sa maison de fond en comble. Une fois nous avons tendu une véritable embuscade. Aucun résultat.
– Pas de trace de la photographie?
– Pas la moindre.»
Holmes éclata de rire:
«Voilà un très joli petit problème! dit-il.
– Mais qui est très grave pour moi, répliqua le roi sur un ton de reproche.
– Très grave, c’est vrai. Et que se propose-t-elle de faire avec cette photographie?
– Ruiner ma vie.
– Mais comment?
– Je suis sur le point de me marier.
– Je l’ai entendu dire.
– Avec Clotilde Lothman de Saxe-Meningen, la seconde fille du roi de Scandinavie. Vous co
– Et Irène Adler?
– …Menace de leur faire parvenir la photographie. Et elle le fera. Je suis sûr qu’elle le fera! Vous ne la co
– Êtes-vous certain qu’elle ne l’a pas encore envoyée?
– Certain.
– Pourquoi?
– Parce qu’elle a déclaré qu’elle l’enverrait le jour où les fiançailles seraient publiées. Or elles seront rendues publiques lundi prochain.
– Oh! mais nous avons encore trois jours devant nous! laissa tomber Holmes en étouffant un bâillement. Heureusement, car j’ai pour l’heure une ou deux affaires importantes à régler. Votre Majesté ne quitte pas Londres?