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Марина Цветаева
ТЕТРАДЬ ЧЕТВЕРТАЯ
ПОСЛЕДНИЕ ВЫПИСКИ ИЗ ТЕТРАДЕЙ — ОСТАВЛЯЕМЫХ
Не об том сердце болит,
Который рядом сидит
А об том сердце болит
Который издали глядит.
(Частушка Переяславль-Залесского уезда)
Черновик письма к Вильдраку[1]
Cher Monsieur,
J’ai bien reçu Votre lettre et Votre livre, et si je ne Vous ai pas répondu plus tôt, c’est pour ne pas Vous faire de vacances littéraires. Mais puisque Vous voilà rentré…
Vous me demandez pourquoi je rime?
Je suis chrétien,
J’ai un petit chien
Qui mange du pain
Tous les matins
(Jacquot, fils de l’épicier d’en bas, 6 ans)
Si le dit auteur de ce quatrain avait dit: — Je suis baptisé, j’ai un petit chien auquel je do
Voici, Monsieur, pourquoi je rime.
Des vers non rimes sont (ou me font, à de rares exceptions près l’impression de) vers à écrire: l’intention y est — rien qu’elle.
Pour qu’une chose dure il faut qu’elle soit chanson, chanson étant elle-même son accompagnement musical, accomplie en elle-même, ne devant rien à perso
(Pourquoi je rime? Comme si on rimait — pourquoi! Deman-dez le peuple — pourquoi il rime. L’enfant — pourquoi il rime. Et les deux — ce que c’est que rimer.)
…Voici, peut-être, un essai de réponse à Votre léger reproche sur du son au détriment du mot et du sens dans mes vers.
Cher ami, c’est toute ma vie que je l’entends, que je l’attends.Vous avez visé juste et, ne co
Cher Monsieur, ce n’est pas mon Gars, ce n’est pas moi-même, c’est ma cause, une cause que je défends. Ne confondez donc pas!
Si Vous m’indiquez tel ou tel endroit obscur — ou non réussi — ou mal-so
(Oh, surtout ne Vous fâchez pas! Si je m’emporte ainsi — ce que j’ai confiance —)
Votre livre. Savez-Vous qu’il me rappelle beaucoup Rilke, le Rilke des Cahiers. Votre livre — un coeur mis-à-nu, sans la defence de la forme, Votre livre — dit, non écrit et par conséquent senti, ouï, non lu. Je l’ai relu trois fois. Il y a aussi beaucoup de moi dans Votre livre (le cas de croire sur parole!) je me reco
Et si tu vas un jour chez ceux qui ont de l’or —
et surtout dans:
— Sans que leur voix se trouble ordo
qu’on les serve
— surtout dans ce serve, qui, ici, a le poids du substantif, que j’aurais mis, moi, en ithaliques, que j’ai lu, moi, en ithaliques.
(«Madame et servie», celle qui le dit et celle qui l’est n’y pensent pas, mais Vous — moi — poètes — ouïe prolongée — y pensons pour elles: — servie par mes deux mains — ses deux mains dorées diamantées et oisives — par ces deux mie
L’auberge, c’est tout à fait Rilke, Histoires du Bon Dieu, son dedans des choses. Si je dis Rilke — ça veut dire fraternité. Faire du R est impossible, on naît, on est R. (On ne naît pas Rilke. 5 Août 1938 — en copiant.) Vous êtes, dans ce livre d’amour, son frère en humanité, son «frères humains…», son frère-arbre, frère-loup.
Et ce qui me touche — je ne saurais même pas dire et ne voudrais même pas savoir pourquoi, c’est ce mot gentil, gentille, qui Vous revient si souvent, ce mot si humble si peu usité en vers.
…Voici un cavalier sans cheval!
Dans cette ligne Votre choix dans la vie — ou avant la vie — est fait.
A un cheval qui veut, a un bréviaire qui veut, mais être (cavalier, prêtre, ) sans avoir — c’est l’orgueil ou le refus suprême.
Comme je le co
Au revoir, cher Monsieur, à Vous de vouloir me voir. Si je ne Vous avais pas envoyé de manuscrit je me sentirais envers Vous aussi libre que vis à vis de Votre livre: âme à âme (admirez ces trois a!) mais — Vous avoir prié de me lire — me gêne et c’est pour ça que je me tairai jusqu’à ce que Vous parliez.
MZ
(Еще отрывок — м. б. первого письма)
…Ne Vous paraît-il pas et n’est-il pas étrange que je me sois adressée, moi, rimeur passio
D’abord et en tout: mon instinct cherche, trouve et crée toujours des obstacles, c’est-à-dire je les crée d’instinct: dans la vie comme dans les vers.
Ainsi — j’ai eu raison selon moi.
Secondement: il existe entre nous des liens familiaux: Russie, Pasternak et surtout par-dessus tout — R — qui comme je le viens d’apprendre par Votre lettre — Vous avait choisi, lui aussi, entre tous — lui, que je peux nommer simplement le Poète. Non: la Poésie.
Ainsi — j’ai eu encore une fois raison — selon lui.
Tout ceci pour Vous dire que je viendrai avec grand plaisir ce mardi à 4 h, 12, Rue de la Seine.
P. S. Votre gentil petit quatrain sur la tante qui en balayant ses planches avait trouvé une orange — est plein de sens — et de soleil: dimanche: beau soleil! planches: parquet clair! orange: orange! — et la vieille tante coiffée en Marat dans sa baignoire — mais voici que je m’embarque — et que je Vous dégoûte.
P. P. S. Mon Jacquot ne co
Ces deux P. S. — un peu pour rire: pour Vous faire sourire.
P. S. 3-me: Et ce dont par quoi j’aurais dû commencer: ce chien existe réellement: Zig, dévoreur d’ordures.
Милостивый государь,
Я давно получила Ваше письмо и Вашу книгу,[2] и не ответила Вам раньше только потому, что не хотела устраивать Вам литературного отпуска. Но поскольку Вы уже вернулись…
1
Шарль Вильдрак (1882–1971) — французский поэт, драматург, теоретик стиха. В молодости был членом содружества поэтов и художников унанимистов «L’Abbaye de Créteil» (1907–1908), впоследствии входил в группу «Clarté».
2
Речь идет о сб. «Livre d’Amour» («Книга любви»), впервые вышедшем в 1910 г. и затем многократно переиздававшемся. Эта книга была в составе библиотеки Ц., привезенной в СССР: в 1940 г. Ц. упоминает ее в списке книг, предназначенных для продажи. Уцелела еще одна книга Вильдрака (для детей), «L’ile rose» («Розовый остров», 1929), подаренная им Ц. со следующей дарственной надписью: «A madame Marina Zwetaieva en souhaitant que cette histoire soit jugee par elle digne d’etre racontee a son petit gars. Charles Vildrac» («Госпоже Марине Цветаевой с надеждой на то, что эта история покажется ей достойной быть рассказанной ее маленькому молодцу. Шарль Вильдрак» — пер. А. С. Эфрон).