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– Pourquoi y a-t-il un cadenas neuf, alors?

Il répondit par une mimique désespérée qu'il ne savait vraiment pas.

– Bon. Ça n'aucune importance… Suivez-moi. Elle réussit à ouvrir le cadenas avec un de ses passes spéciaux et un des flics portugais tira l'a

La trappe découvrit un petit escalier de bois, rudimentaire, très raide, s'enfonçant dans un puits carré de deux mètres de profondeur environ, jusqu'à une porte de bois épaisse, solidement fermée par un autre cadenas. Elle alluma sa torche et un disque de lumière fit scintiller le métal. Elle promena le faisceau. Le puits était fait de pierres de taille, datant sans doute des origines de la maison.

– Vous n'avez pas de clé pour ouvrir cette porte non plus, je présume?

L'homme hocha négativement la tête, en silence.

Elle se glissa dans le trou, descendit les marches et se retrouva face à la porte.

Elle réussit à ouvrir le cadenas après quelques minutes de patiente recherche dans les dizaines de clés qui ornaient son trousseau de cambrioleur.

La porte se poussait et elle émit le couinement caractéristique de la rouille en tournant sur ses gonds.

La pièce était vide, à l'exception de quelques cartons empilés çà et là. Elle entra dans la petite salle plongée dans l'obscurité, au plafond bas. Elle entendit le bruit que faisait un des flics en descendant les marches derrière elle.

Il n'y avait aucun interrupteur dans la pièce. Rien qu'une cave voûtée munie d'un minuscule soupirail, do

Sa torche éclaira le plastique noir et scintillant d'un boîtier de cassette vidéo.

Elle tressaillit et ouvrit plus largement le carton.

Il y avait plusieurs dizaines de cassettes. Des cassettes analogues aux programmes audiovisuels de l'institut. Cela ressemblait à une collection spéciale, de prestige, avec une petite sirène rouge dans un disque doré, sur la tranche des cassettes.

New Life Pictures, écrit en délicates elzévir.

Elle sortit un gant de soie de sa poche et le mit à sa main droite. Elle extirpa une des boîtes du lot et l'observa à la lumière de sa torche.

The Power of Transformation.

Le jeune flic s'accroupissait à côté d'elle.

– Qu'est-ce que c'est?

– Je ne sais pas, justement, souffla-t-elle. Elle se releva et observa la petite dizaine de cartons entassés aux quatre coins de la pièce.

– Il faut visio

Dix minutes plus tard, les cartons s'entreposaient dans l'ancie

Elle attendit patiemment que les images apparaissent.

Elle avait trouvé cinq titres différents, et l'un d'entre eux était diffusé en double à chaque extrémité du mur d'écrans. The Power of Transformation, donc, encadra Chaud et rouge comme la vie, Sister Full Moon, La fête des ténèbres et Le culte de la tronço

Six longues séries d'atrocités filmées défilèrent, comme d'odieux vidéoclips, tournés au cœur de l'enfer.

Il fallut baisser le son des télévisions, tellement les hurlements et les plaintes s'avérèrent insoutenables. Certaines soufflées dans des langues étrangères que perso

L'étendue des supplices que peut recevoir un corps humain est sans limites. Sur chacun des films elle assista à plusieurs exécutions précédées de longues séances de tortures et de mutilations. Les images étaient nettes, avec un piqué dense, profond et régulier. Filmées de manière professio

Anita comprit quelque chose, pétrifiée, devant le spectacle intolérable.

Dans La fête des ténèbres, par exemple, les tortio

Dans Le culte de la tronço

Dans Sister Full Moon, un groupe, composé exclusivement de femmes voilées de rouge, mutilaient longuement deux jeunes adolescents aux traits orientaux, peut-être hindous, ou pakistanais, ainsi que deux femmes noires et une petite adolescente maigricho

Ce qu'elle lisait sur les visages autour d'elle, à part l'effarement et le dégoût, c'était comme une lueur de pitié et de compassion pour les victimes.

Certains regards, noirs et intenses, fixaient De Vries, qui lui contemplait ses pieds…

C'était donc ça. Non seulement Eva K et son nouvel amant s'offraient des tournàges interdits mais ils faisaient profiter de leur expérience à d'autres. Au prix d'un substantiel ticket d'entrée, très certainement. Un club privé, très sélect, où l'on pouvait s'offrir un week-end de sauvagerie pure, filmé avec un équipement luxueux et non plus un vulgaire camescope. Les bandes devaient ensuite pouvoir être vendues très cher, à d'autres adhérents du réseau, bientôt membres de l'élite, à leur tour…

Dans le monde entier… Avec une organisation très cloiso

Dans le monde entier, depuis des mois, des aimées, des hommes et des femmes s'ado



Une drogue rouge et chaude comme la vie. Le sang. La violence. La Terreur.

Le Pouvoir pur.

La plus implacable des drogues.

Ils franchirent assez vite la frontière de l'Estremadure et à Tanganheira, Hugo trouva une cabine de téléphone d'où il appela le commissariat central de Faro. Il se fit passer pour 1'«inspecteur Hugo», d'Amsterdam, selon le code convenu et tâcha de se faire comprendre en anglais. Le policier de service réussit à lui apprendre qu'Anita n'était pas présente au commissariat et qu'elle demandait qu'il la joigne à un numéro qu'il lui do

Hugo regarda l'heure sur sa montre. Plus très loin de six heures, maintenant.

Il appela le numéro et tomba d'abord sur une voix de jeune femme, une voix blanche, stressée. «Casa AzuI, bom dia», à qui il demanda l'inspecteur Anita Van Dyke, puis sur une voix bourrue qui l'interpella en portugais, en lui demandant visiblement quelle était la raison de l'appel.

Il tenta le coup, dans un anglais simpliste, en décomposant bien chaque syllabe.

– Je suis l'inspecteur Hugo, d'Amsterdam, il faut que je la joigne.

L'homme hacha péniblement quelques mots d'anglais à touristes:

– L'inspecteur Van Dyke est repartie pour Faro, vous pourrez la joindre là-bas… dans une petite heure maintenant.

Merde, pensa-t-il, il avait trop traîné.

Il prit son inspiration et demanda, en détachant bien chaque syllabe:

– Serait-il possible de la joindre dans sa voiture et de lui demander de me retrouver quelque part?

Un long silence, hachuré de parasites. L'homme décortiquait visiblement l'information.

– Si… Où voulez-vous qu'elle vous rejoigne?

– Dites-lui d'aller jusqu'à Vila Nova de Milfontès, puis de prendre la petite route côtière et de s'arrêter au premier petit village de pêcheur. Il y a un bar à l'entrée du village. Je l'y attendrai.

Un nouveau silence, encore plus long.

– Vila Nova de Milfontès…, Petite route… premier village, d'accord, senhor.

– De la part de l'inspecteur Hugo, d'accord? Dites-lui de s'y rendre dès réception du message, O.K.?

– O.K., inspecteur…

– Je vous remercie infiniment. Obrigado…

Et il raccrocha en espérant qu'Anita recevrait bien son message.

Ils avaient encore un peu de temps à tirer et Hugo décida de continuer vers le nord. Il prirent la N120 en direction de Sines. La route traversa les coteaux qui bordent les plages à cet endroit et obliqua vers l'est, à l'embouchure du promontoire qui s'avance dans l'Océan.

Une inspiration subite le fit réagir.

– Dis-moi, demanda-t-il à Alice, qui avait retrouvé sa position sur la banquette arrière, est-ce que le nom O'Co

Il entr'aperçut le visage d'Alice qui entrait dans une intense réflexion.

– Oui… C'est le nom de ma grand-mère, je crois… Mais je ne l'ai jamais co

– Ta grand-mère paternelle, la mère de ton père?

– Oui, souffla-t-elle.

Hugo et Pinto croisèrent un bref instant leurs regards, d'un air entendu.

– Bon, dis-moi maintenant… Tu as déjà vu quelque chose qui ressemblait aux toiles de l'auberge, des peintures de ton père, c'est ça?

Elle opina lentement du chef.

Il s'arrêta un peu avant le cap qui se dessinait sur l'horizon. À un moment do

Il y avàit une plage en arc de cercle ici, creusant une lande sableuse et de petites falaises à l'autre extrémité. Quelques pins de diverses souches poussaient çà et là. Des massifs broussailleux et désordo

Hugo observa le ciel qui s'orange ait autour de la boule de feu surplombant l'horizon.

Ainsi O'Co

Sa course-poursuite s'achevait. Elle l'avait emmené étrangement dans une escapade folle du nord au sud de l'Europe, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Comme un signe incompréhensible venu du futur. Pourquoi avait-il fallu que cela arrive à un type comme lui, qui tentait maladroitement de surfer sur le chaos et l'histoire? Un écrivain encore inabouti qui avait un jour décidé que sa condition humaine ne permettait pas qu'on lui ôte tout espoir, en laissant se propager le virus de la purification ethnique, sur un continent qui avait failli déjà être définitivement détruit à cause d'elle…