Страница 47 из 51
Tu es plus sage pour les autres que pour toi. J'en juge par le fait, non par les paroles. Ne tente pas de me retenir. Je me vante d'obtenir de Zeus qu'il te délivre de ton supplice.
Je te remercie, je ne cesserai jamais de te remercier. Je ne doute pas de ton active bienveillance, mais tu ne réussiras point. Tu souffriras sans me servir. Reste en repos, et à l'écart. Si je suis malheureux, je ne veux pas que le malheur en atteigne d'autres. Non! Je suis assez affligé des souffrances de mon frère Atlas qui, vers les régions de Hespéros, se tient debout, portant sur ses épaules la colo
Promètheus! ne sais-tu pas que les paroles sont les médecins de la colère, cette maladie?
Si toutefois le cœur s'apaise; si on ne heurte pas ainsi le gonflement furieux de l'esprit.
Mais quel danger peut résulter d'un effort, d'une tentative hardie? Dis-le-moi.
Peine très inutile, simplicité stupide.
Laisse-moi courir ce danger. Ne point sembler sage est d'une sagesse très avantageuse.
Ta faute me serait imputée.
Par ce discours, maintenant, tu me chasses.
Prends garde que ta pitié pour moi n'excite la haine contre toi.
Est-ce la haine de celui qui a récemment conquis le trône tout-puissant?
Crains que son cœur s'irrite jamais!
Promètheus! ta destinée sera ma leçon.
Va! hâte-toi! Pense toujours ainsi.
Je me hâte à ta voix. Voici que le quadrupède ailé traverse le large chemin de l'aithèr, plein du désir de se reposer dans l'étable accoutumée.
Strophe I.
Promètheus! Je gémis sur ta destinée déplorable. J'arrose mes joues de larmes qui coulent de mes yeux délicats, comme des sources humides. Zeus, qui a décrété ces maux lamentables, se glorifie de sa puissance dominatrice sur les dieux anciens.
Antistrophe I.
Déjà toute cette région retentit lugubrement. On pleure ton antique gloire et la grandeur de tes frères. Tous ceux qui habitent la terre de la sainte Asia, dans un long gémissement, pleurent avec toi sur tes misères:
Strophe II.
Les habitantes de la terre de Kolkhôs, les Vierges intrépides au combat, et la multitude des Skythes qui hantent, aux extrémités de la terre, le marais Maiotide;
Antistrophe II.
Et la fleur belliqueuse de l'Arabia, et tous ceux qui habitent la citadelle près du Kaukasos, foule guerrière, frémissante de lances aiguës.
Épôde.
J'ai vu un seul autre Titan, avant toi, accablé des mêmes maux et de cet éternel outrage par les dieux, Atlas qui, toujours doué d'une immense vigueur, soutient de ses épaules le lourd pôle Ouranien. Le bouillo
Ne croyez pas que je me taise par mépris ou par insolence; mais je me mords le cœur en pensée, quand je me vois aussi outrageusement torturé. Pourtant, quel autre que moi a distribué leurs ho
Au commencement, ils regardaient en vain et ne voyaient pas; ils écoutaient et n'entendaient pas. Pendant un long espace de temps, semblables aux images des songes, ils confondaient aveuglément toutes choses. Ils ne co
Tu souffres un supplice indigne. Tu erres, troublé dans ton esprit. Mauvais médecin, ta pensée est malade, et tu n'y trouves aucun remède qui puisse te guérir.
Si tu veux écouter le reste, tu admireras combien d'arts et de ressources j'ai inventés. Voici le plus grand:
Si quelqu'un, autrefois, tombait malade, il n'y avait aucun remède, aucune nourriture, aucun baume, ni rien qu'il pût boire. Ils mouraient par le manque de remèdes, avant que je leur eusse enseigné les mixtures des médicaments salutaires qui, maintenant, chassent loin d'eux toutes les maladies. J'instituai les nombreux rites de la divination. Le premier, je signalai dans les songes les choses qui devaient arriver, et j'expliquai aux hommes les révélations obscures. J'ai précisé aux voyageurs les hasards des chemins et le sens assuré du vol des oiseaux aux ongles recourbés, ceux qui sont propices, ceux qui sont contraires, le genre de nourriture de chacun, leurs haines, leurs amours et leurs réunions. J'enseignai aussi l'aspect lisse des entrailles et leur couleur qui plaît aux daimones, et la qualité favorable de la bile et du foie, et les cuisses couvertes de graisse. En brûlant les longs reins, j'ai enseigné aux hommes l'art difficile de prévoir. Je leur ai révélé les présages du feu, qui, autrefois, étaient obscurs. Telles sont les choses. Et qui peut dire avoir trouvé avant moi toutes les richesses cachées aux hommes sous la terre: l'airain, le fer, l'argent, l'or? Perso
Ne dédaigne pas ta propre douleur, puisque tu as aidé les hommes plus qu'il ne convenait. J'espère que tu échapperas alors de tes chaînes, et que tu ne seras pas moins puissant que Zeus.
L'inévitable Moire n'accomplira point les choses ainsi. La fatalité en a décidé. Je serai consumé de misères infinies et de malheurs, jusqu'à ce que je sois délivré de mes chaînes. La science est beaucoup trop faible contre la nécessité.
Qui donc gouverne la nécessité?