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Entre le petit lac et la ville s’élevait l’église, bâtie dans le goût protestant et construite en pierres calcinées dont les volcans font eux-mêmes les frais d’extraction[49].
Sur une éminence voisine, j’aperçus l’École Nationale, où, comme je l’appris plus tard de notre hôte, on professait l’hébreu, l’anglais, le français et le danois, quatre langues dont, à ma honte, je ne co
Après une bo
X
Le dîner était prêt ; il fut dévoré avec avidité par le professeur Lidenbrock, dont la diète forcée du bord avait changé l’estomac en un gouffre profond. La conversation se fit en langue indigène, que mon oncle entremêlait d’allemand et M. Fridriksson de latin. Elle roula sur des questions scientifiques, comme il convient à des savants.
Tout d’abord, M. Fridriksson s’enquit auprès de mon oncle du résultat de ses recherches à la bibliothèque.
« Votre bibliothèque ! s’écria ce dernier, elle ne se compose que de livres dépareillés sur des rayons presque déserts.
– Comment ! répondit M. Fridriksson, nous possédons huit mille volumes, dont beaucoup sont précieux et rares, des ouvrages en vieille langue Scandinave, et toutes les nouveautés dont Copenhague nous approvisio
– Où prenez-vous ces huit mille volumes ? Pour mon compte…
– Oh ! monsieur Lidenbrock, ils courent le pays. On a le goût de l’étude dans notre vieille île de glace ! Pas un fermier, pas un pêcheur qui ne sache lire et ne lise. Nous pensons que des livres, au lieu de moisir derrière une grille de fer, loin des regards curieux, sont destinés à s’user sous les yeux des lecteurs. Aussi ces volumes passent-ils de main en main, feuilletés, lus et relus, et souvent ils ne revie
– En attendant, répondit mon oncle avec un certain dépit, les étrangers…
– Que voulez-vous ! les étrangers ont chez eux leurs bibliothèques, et, avant tout, il faut que nos paysans s’instruisent. Je vous le répète, l’amour de l’étude est dans le sang islandais. Maintenant veuillez m’indiquer les livres que vous espériez trouver à notre bibliothèque, et je pourrai peut-être vous renseigner à leur égard.
Je regardai mon oncle. Il hésita à répondre. Cela touchait directement à ses projets. Cependant, après avoir réfléchi, il se décida à parler.
« Monsieur Fridriksson, dit-il, je voulais savoir si, parmi les ouvrages anciens, vous possédiez ceux d’Arne Saknussemm ?
– Arne Saknussemm ! répondit le professeur de Reykjawik. Vous voulez parler de ce savant du seizième siècle, à la fois grand naturaliste, grand alchimiste et grand voyageur ?
– Précisément.
– Une des gloires de la littérature et de la science islandaises ?
– Comme vous dites.
– Un homme illustre entre tous ?
– Je vous l’accorde.
– Et dont l’audace égalait le génie ?
– Je vois que vous le co
Mon oncle nageait dans la joie à entendre parler ainsi de son héros.
« Eh bien ! demanda-t-il, ses ouvrages ?
– Ah ! ses ouvrages, nous ne les avons pas !
– Quoi ! en Islande ?
– Ils n’existent ni en Islande ni ailleurs.
– Et pourquoi ?
– Parce que Arne Saknussemm fut persécuté pour cause d’hérésie, et qu’en 1573 ses ouvrages furent brûlés à Copenhague par la main du bourreau.
– Très bien ! Parfait ! s’écria mon oncle, au grand scandale du professeur de sciences naturelles.
– Hein ? fit ce dernier.
– Oui ! tout s’explique, tout s’enchaîne, tout est clair, et je comprends pourquoi Saknussemm, a dû enfouir dans un incompréhensible cryptogramme le secret…
– Quel secret ? demanda vivement M. Fridriksson.
– Un secret qui… dont…, répondit mon oncle en balbutiant.
– Est-ce que vous auriez quelque document particulier ? reprit notre hôte.
– Non. Je faisais une pure supposition.
– Bien, répondit M. Fridriksson, qui eut la bonté de ne pas insister en voyant le trouble de son interlocuteur. J’espère, ajouta-t-il, que vous ne quitterez pas notre île sans avoir puisé à ses richesses minéralogiques ?
– Certes, répondit mon oncle ; mais j’arrive un peu tard ; des savants ont déjà passé par ici ?
– Oui, monsieur Lidenbrock. Mais, croyez-moi, il y a encore à faire.
– Vous pensez ? demanda mon oncle d’un air bonhomme, en essayant de modérer l’éclair de ses yeux.
– Oui. Que de montagnes, de glaciers, de volcans à étudier, qui sont peu co
– Ah ! fit mon oncle, le Sneffels !
– Oui, l’un des volcans les plus curieux et dont on visite rarement le cratère.
– Éteint ?
– Oh ! éteint depuis cinq cents ans.
– Eh bien ! répondit mon oncle, qui se croisait frénétiquement les jambes pour ne pas sauter en l’air, j’ai envie de commencer mes études géologiques par ce Seffel… Fessel… comment dites-vous ?
– Sneffels, reprit l’excellent M. Fridriksson. Mais, dites-moi, comment comptez-vous gagner la presqu’île de Sneffels ?
– Par mer, en traversant la baie. C’est la route la plus rapide.
– Sans doute ; mais elle est impossible à prendre.
– Pourquoi ?
– Parce que nous n’avons pas un seul canot à Reykjawik.
– Diable !
– Il faudra aller par terre, en suivant la côte. Ce sera plus long, mais plus intéressant.
– Bon. Je verrai à me procurer un guide.
– J’en ai précisément un à vous offrir.
– Un homme sûr, intelligent ?
– Oui, un habitant de la presqu’île. C’est un chasseur d’eider, fort habile, et dont vous serez content. Il parle parfaitement le danois.
– Et quand pourrai-je le voir ?
– Demain, si cela vous plaît.
– Pourquoi pas aujourd’hui ?
– C’est qu’il n’arrive que demain.
– À demain donc, » répondit mon oncle avec un soupir.
XI
Quand je me réveillai, j’entendis mon oncle parler dans la salle voisine. Je me levai aussitôt et je me hâtai d’aller le rejoindre.
Il causait en danois avec un homme de haute taille, vigoureusement découplé[50]. Ce grand gaillard devait être d’une force peu commune. Ses yeux, percés dans une tête très grosse et assez naïve, me parurent intelligents. Ils étaient d’un bleu rêveur. Tout en lui révélait un tempérament d’un calme parfait, non pas indolent, mais tranquille. On sentait qu’il ne demandait rien à perso
Il demeurait les bras croisés, immobile au milieu des gestes multipliés de mon oncle. Certes, à voir cet homme, je n’aurais jamais deviné sa profession de chasseur ; celui-là ne devait pas effrayer le gibier, à coup sûr, mais comment pouvait-il l’atteindre ?
Tout s’expliqua quand M. Fridriksson m’apprit que ce tranquille perso
Cet homme grave, flegmatique et silencieux, se nommait Hans Bjelke ; il venait à la recommandation de M. Fridriksson. C’était notre futur guide. Ses manières contrastaient singulièrement avec celles de mon oncle.
Cependant ils s’entendirent facilement. Ni l’un ni l’autre ne regardaient au prix ; l’un prêt à accepter ce qu’on lui offrait, l’autre prêt à do
Hans s’engageait à nous conduire au village de Stapi, situé sur la côte méridionale de la presqu’île du Sneffels, au pied même du volcan.
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construite en pierres calcinées dont les volcans font eux-mêmes les frais d’extraction – выстроенная из обожжённых камней, заботы по добыванию которых берут на себя сами вулканы
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vigoureusement découplé – мощного телосложения
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il travaillait à sa convenance – он работал по своему разумению